mercredi 22 avril 2020

Covid19 et traitements naturels


En introduction, il me paraît utile de préciser un peu de contexte : je suis très peu porté sur les parasciences/pseudosciences/médecines alternatives. Je considère que ce type de traitements relève plutôt de l'effet placébo que d'une réelle efficacité. Mais je ne le combats pas si âprement, sauf quand Boiron tue des canards pour vendre du sucre. Je trouve qu'il vaut mieux parfois un traitement homéopathique (c'est-à-dire "rien" ou "du sucre" dans mes termes) que de prendre un médicament qui pourrait éventuellement apporter une toxicité ou aggraver une pathologie (dédicace au professeur Raoult). Je ne suis pas compétent pour vous donner une recette d'huiles essentielles non plus (et ça peut être dangereux car c'est parfois très concentré).

Je ne vais donc pas vous présenter ici un remède ésotérique, et si vous êtes venus pour ça, merci de m'en pardonner mais je ne pourrai pas vous aider. Je viens ici vous faire l'inventaire de ce qui a été publié dans le domaine des produits naturels pouvant prévenir ou aider à guérir du Covid19. Je doute de leur efficacité, mais j'estime que s'il faut prendre quelque chose préventivement ou s'il faut prendre un traitement quelconque alors qu'on a peu de symptômes et que la maladie semble prendre une évolution favorable sans rien prendre aussi, si on est mécontent d'avoir été renvoyé à la maison et qu'on ne peut pas rester "sans rien faire", il vaut mieux passer par des produits alimentaires courants qu'on aurait pu manger tout à fait par hasard aussi.

C'est pour cela que je recommande de ne pas prendre des compléments alimentaires contenant ces éléments, mais plutôt de s'orienter vers une alimentation saine et riche en certains produits que je vais dérouler ici.

1) Les produits identifiés par bioinformatique

Une approche très simple consiste à utiliser l'informatique. On peut modéliser la structure 3D du spicule ou de la polymérase virale, et regarder si des molécules peuvent s'emboîter, se fixer sur ces structures sans que cela ne demande trop d'énergie. En effet, plus les formes sont adaptables et emboîtables, moins il faut "forcer" et donc moins il faut d'énergie pour qu'ils se lient. Et apporter des éléments qui vont se lier au virus permettent de le gêner dans son fonctionnement. Voici un schéma du processus appliqué aux flavonoïdes par exemple :

(1) On part d'une bibliothèque virtuelle de candidats, ici 80 flavonoïdes
(2) On utilise une modélisation des protéines du sars-cov-2
(3) On vérifie leur potentielle liaison aux protéines du sars-cov-2
(4) On calcule les scores de liaison

Les meilleurs candidats flavonoïdes retenus sont :
Hesperidine : citron, orange, clémentine
Diosmine : peau de citron
Rutine : sarrasin, persil, rhubarbe, myrtille, asperge, oignon, coing
Apiine : persil, céleri

La rutine a une structure proche de la quercétine (3,3 ′, 4 ′, 5,7-pentahydroxyflavone), également étudiée dans le cadre d'autres pathologies virales et qui semble intéresser certaines équipes de recherche. On la trouve dans les câpres, livèches, piments forts jaunes et crus, sureau noir (attention, le sureau yèble, plante annuelle, est toxique, et le buisson est comestible), chocolat noir, oignon cru rouge, myrtille sauvage, cassis, brocoli cru, thé vert, cerise, vin rouge (mais l'alcool risque d'éliminer les flavonoïdes), pomme crue avec peau et thé noir.
La quercétine est un flavonoïde qui possède une activité antioxydante (désactivation des radicaux libres pour former des radicaux phénoxy moins réactifs). Elle a été identifiée à de multiples reprises comme bon candidat en bioinformatique. La quercétine favorise également la production d'oxyde nitrique synthase et donc la production de monoxyde d'azote (1, 2, 3, 4, 5). La quercétine ou ses dérivés réduisent l'infectiosité ou la réplication du virus de l'herpès simplex de type 1, du poliovirus de type 1, de l’hépatite C, du virus de la parainfluenza de type 3, de l'adénovirus, du virus respiratoire syncytial et du virus de la grippe in vitro, ainsi que le virus sars-cov murin et la dengue murine. Il a également été démontré que la supplémentation en quercétine réduit la sensibilité à l'infection par le virus de la grippe A et la gravité de la maladie chez la souris et les symptômes des infections des voies respiratoires supérieures chez les athlètes. La supplémentation en quercétine augmente modestement la biogenèse mitochondriale des muscles squelettiques chez les athlètes non entraînés, ce qui est associé à une amélioration des performances physiques. Étant donné que les mitochondries orchestrent la signalisation antivirale après la reconnaissance des composants viraux cytosoliques, il peut exister une relation entre la biogenèse mitochondriale induite par la quercétine et une sensibilité réduite à l'infection grippale. Récemment, une équipe a montré que  l’ Epigallocatechin Gallate et la quecétine inhibent la principale protéase du SRAS, 3CLpro avec une IC50 de 73 μM in vitro. De plus, la quercétine inhibe à la fois les protéases du sars-cov de 2002/2003, 3CLpro et PLpro, et la protéase 3CLpro du virus mers-cov in vitro. La quécertine module également la réponse aux protéines dépliée (UPR). Comme les coronavirus utilisent l'UPR pour achever différents stades du cycle de vie viral pendant l'infection, Nabirotchkin et son équipe ont suggéré que la quercétine pourrait avoir des effets anti-coronavirus par sa modulation de cette voie.
Une combinaison de quercétine, thé vert, cannelle, réglisse, sélénium a été proposée comme traitement potentiel.
Elle a également été proposée en combinaison avec de la vitamine D par une approche génomique.


Celle-ci a été identifiée dans une autre analyse bioinformatique, avec :
Kaempferol : épinard, chou, aneth, chou chinois, katuk
Luteolin-7-glucoside ; olive, carambole, piment, oignon, poireau,
Demethoxycurcumine : curcuma
Naringenin : citron
Apigenine-7-glucoside : carambole, baie de goji, céleri, olive
Oleuropein : olive
Catechine : thé vert
Curcumine : curcuma
Epicatchine gallate : thé vert
Zingerol : gingembre
Gingerol : gingembre
Allicine : ail

Une autre étude a ajouté à cette liste :
Pterostilbene : amandes, raisins, myrtilles
Resveratrol : raisins, mûres, cacahuètes (semblable au pterostilbene)
Fisetin : fraises, pommes, kakis, oignons et concombres
Isorhamnetin : oignon (semblable à la quercétine)
Genisteine : lupin, fèves, soja, kudzu et psoralea

Une autre étude a ajouté :
Sulforaphane : brocoli, chou de bruxelles, chou-fleur
Phycocyanobilin : algue rouge
Piperine : poivre
Alpha-Lipoic acid : levure, épinard, brocoli, pomme de terre
Myricetin : raisin, baie, noix, Fibres de caroube, fenouil, persil, baies de goji, oranges
Glucosamine : blé fermenté, maïs fermenté
Ferulic acid : graines de blé, orge, graines de lin
Diadzein : fèves de soja, kudzu, fèves
Beta-glucan : fibres d'avoine
Apigenin : camomille, persil, céleri
Alliin : ail

Une autre étude a vérifié l'activité de la baicaléine in vitro (issue de la médecine traditionnelle chinoise) et a identifié des analogues :
baicalein : racine de Scutellaria, thym
Scutellarein : Scutellaria
Dihydromyricetin : Ampelopsis (vigne vierge), attention aux baies toxiques !
Quercetagetin : eriocaulon (toxicité peu connue)
Chrysin : miel, propolis, passiflore
Herbacetin : lin
5,6-Dihydroxyflavone et 6,7-Dihydroxyflavone
Cette étude a également retrouvé la Myricétine.

Remarque : attention à la surconsommation, il ne faut rien exagérer (exemple : graines et fruits secs entraînant des irritations de la vessie et des reins et favorisant les lithiases)

Certaines études bioninformatiques sont dédiées à une molécule unique comme l'eucalyptol.

2) La médecine traditionnelle chinoise

Le sars-cov-2 étant apparu en chine, la médecine traditionnelle chinoise a rapidement été testée. Un premier rapport a indiqué un effet bénéfique de certains éléments :
- Glycyrrhizine (réglisse) qui semble libérer du monoxyde d'azote, candidat testé à la fois pour son action pouvant bloquer la réplication virale et contrer la vasoconstriction
- feuille de Ginseng : qui stimulerait les défenses immunitaires
- Baicaline (Radix Scutellaria) : qui a montré une efficacité in vitro

3) L'alimentation

Une revue du premier mois de covid19 en Chine a proposé quelques pistes alimentaires générales :
Vitamine A : aide le système immunitaire et a montré son utilité contre différents virus qui se sont montrés plus virulents dans les cas de déficience en vitamine A, notamment un coronavirus aviaire.
Vitamine B : Dans le plasma, la présence de vitamine B2 a réduit le titre de virus mers-cov. Les vitamines B sont utiles pour stimuler le système immunitaire
Vitamine C : elle est utile à la fois pour stimuler le système immunitaire, mais également pour prévenir les infections du tractus respiratoire bas. Elle a montré son efficacité contre le coronavirus aviaire.
Vitamine D : qui a eu un effet sur le coronavirus bovin, et pourrait empêcher la réplication virale, surtout pour la vitamine D3
Vitamine E : qui a eu un effet sur le coronavirus bovin
Acide gras Omega-3 : ayant eu un effet sur le coronavirus aviaire
Sélénium : induisant des mutations virales, utile au système immunitaire
Zinc : ayant eu un effet sur le premier sars-cov. Le zinc est très intéressant car il peut intervenir dans la réplication virale, nécessaire notamment à plusieurs enzymes. Malheureusement, le zinc semble utile à la polymérase qui réplique le virus.
Fer : induisant des mutations virales

4) L'artemisia

Malheureusement, du fait des études truquées du professeur Raoult, la chloroquine est devenu un candidat privilégié en n'ayant montré aucune efficacité. L'artemisia est une plante qui produit de l'artémisinine, aux propriétés et à la structure proches de celles de la chloroquine, et ainsi des rumeurs ont été propagées sur son efficacité, allant jusqu'à la production de "covid organics" à Madagascar...
Cependant, ceci ne semble pas être une bonne piste.


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