Article traduit en français depuis le blog de Leonid Schneider
Depuis un an, les données falsifiées, les fraudes financières et les essais cliniques illégaux et truqués du gourou de la chloroquine Didier Raoult se poursuivent.
Il y a tout juste un an, je publiais un premier
article sur le microbiologiste français, Didier Raoult. Le
directeur de l’IHU Méditerranée Infection et tout-puissant professeur de l’Université
Aix-Marseille vantait l’hydroxychloroquine, un médicament contre la malaria,
comme traitement pour la Covid19.
L’étude initiale de Gautret et al. IJAA 2020 a été débunkée immédiatement après publication, et il en fut de même pour tout ce qui venait de l’IHU à propos de l’hydroxychloroquine. La chloroquine et l’hydroxychloroquine se sont montrées terriblement inefficaces dans tous les essais cliniques menés correctement. Plus personne ou presque ne parle de ce traitement aujourd’hui, le monde s'étant tourné vers d’autres charlataneries. Elisabeth Bik a identifié une grande quantité de données falsifiées dans les publications de Didier Raoult. D’anciens rapports ont refait surface, qui évoquent le harcèlement exercé par Raoult lui-même au sein de l'IHU, ainsi que des cas de harcèlements sexuels, toujours dans ce même institut, qu’il a couverts.
Tandis que Bik décèle toujours d'avantage de fraudes scientifiques, un médecin français,
Christian Lehmann a révélé une gigantesque escroquerie, criminelle, que Raoult a orchestrée pour mener ses propres essais cliniques sur l'hydroxychloroquine .
Ce sera donc le sujet de mon article anniversaire.
À lire également :
1. L’essai de Didier Raoult sur la chloroquine et son historique de harcèlement et de manipulation de données
2. L’attaque de Raoult contre ses critiques
3. L’explication sur la chloroquine par C. Lehmann
4. L’amitié sur la chloroquine entre Raoult et Christian Perronne
5. Comment l’International Society of Microbial Chemotherapy (ISAC) est devenue un membre du culte Raoultien de la chloroquine
6.
Racisme, antisémitisme, misogynie et fétichisme militaire
à l’IHU
Le mégalomaniaque Raoult se perçoit comme un croisement du général Charles De Gaulle avec Édith Piaf. Le druide
de la choloroquine, fétichiste militaire, récompense ses fantassins les plus
fidèles avec des médailles
de guerre contre la Covid19 et publie un livre, « Les carnets de
Guerre » tout en entonnant « Je ne regrette rien ».
En effet, pourquoi devrait-il regretter quoi que ce soit, puisque
les politiciens de l’extrême-droite française sont tous de son côté ?
Didou et son gang de l’hydroxychloroquine sont intouchables, car ils ne semblent pas être seulement soutenus par les fascistes en politique, en médecine et dans
le domaine académique, mais probablement aussi par les militaires français. Toutes
les tentatives de mettre Raoult face à ses responsabilités pour ses essais
cliniques ostensiblement illégaux (qui ont même impliqué des enfants) ont
échoué, car apparemment, c’est ainsi que fonctionne la France.
Mais récemment, Raoult a été piqué au vif. Non pas grâce aux autorités médicales fançaises, ni aux politiciens, ni même,
dieu les en garde, aux universitaires. Il n'y a rien à espérer
d’eux, car ils ont peur de Raoult et de son armée brune. Le héros est Christian Lehmann, un de ces irréductibles médecins français, trop peu nombreux, résistant face au druide du culte de la chloroquine, qui a
aussi honoré mon blog d’un article
d’invité.
— Christian Lehmann (@LehmannDrC) March 10, 2021
Lehmann a publié le 10 mars 2021 un
scoop sous forme d’enquête d’investigation dans le journal Libération. Le bulldog
enragé de Raoult, antisémite misogyne et officier de l’armée française, Éric
Chabrière, a rapidement déclamé sur twitter qu’il allait faire tuer Lehmann. Reste à voir si ces menaces de mort demeureront, elles aussi, impunies. Ce que Lehmann y révèle est vraiment explosif.
Pour résumer, Raoult a organisé un essai clinique illégal avec
de vrais patients pour prouver que la chloroquine était efficace, publié le 20 mars 2020 sous Gautret
et al. IJAA 2020, dans le journal de l’ISAC dont le rédacteur en chef est
un subordonné de Raoult à l’IHU. À cette occasion, le gourou marseillais a distribué de l’hydroxychloroquine
à des milliers de patients modérément malades en ambulatoire tout en les
déclarant comme hospitalisés. Il a ainsi pu encaisser de l'argent de manière frauduleuse, en piochant dans les caisses du système de sécurité sociale français comme dans les poches de ses patients. Ces derniers, qui n’ont jamais occupé de lit d’hôpital, ont été comparés à des
patients gravement malades de la covid19 hospitalisés ailleurs en France. Raoult
a déclaré qu’ils avaient guéri grâce à sa combinaison magique de
chloroquine/hydroxychloroquine associée à l’antibiotique azithromycine. Il a
publié ces résultats sous la forme d' un essai clinique « observationnel » dans
ses propres journaux scientifiques parrainés par Elsevier. En réalité, ces
études, incluant des enfants et n’ayant
pas reçu d’approbation éthique, n’étaient pas observationnelles mais plutôt interventionnelles, ce d'autant plus que Raoult est intervenu pour les mettre en scène. Voici comment il s’y est pris :
Lehmann a obtenu son scoop grâce à d’anciens patients de l’IHU
de Raoult. L’un d’entre eux a ressenti des symptômes de type covid19 en mars
2020 et s’est rendu à l’IHU, où il fut testé positif au sars-cov-2. Le jour
suivant, on lui proposa un traitement : de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine.
Le patient revint à trois reprises pour des analyses sanguines, un autre test
PCR et deux électrocardiogrammes. Quelques mois plus tard, il reçut une facture
de 1264€ pour chacune de ces visites, pour un total d’environ 3800€, soit grosso
modo 10 fois le coût habituel d’un patient reçu en ambulatoire.
Dans le système de santé européen, 80% de ces coûts sont
couverts par la sécurité sociale du pays, le reste étant soit pris en charge
par des assurances de santé complémentaires privées, soit à la charge du patient
non assuré. L’argent n’a pas été encaissé par l’IHU , mais par
l’hôpital public de la ville de Marseille. Mais pourquoi tout ce cirque me diriez-vous ?
Tout simplement parce qu’au printemps 2020, les autorités
françaises n’ont autorisé le traitement à l’hydroxychloroquine que pour des
patients hospitalisés pour la covid19. en effet, un décret
ministériel de mars 2020 stipulait que l’hydroxychloroquine n’était que « pour
les patients hospitalisés dans un état sévère, après décision collégiale des
médecins et sous surveillance médicale stricte ». Prescrire cette molécule à des
patients en ambulatoire qui la prendraient à la maison était explicitement
illégal. C’est pourquoi Raoult inventa un système d’ « hospitalisation
de jour » où les patients qui ne passaient pas plus d’une heure à l’IHU, le temps de réaliser un test rapide et de recevoir une prescription d’hydroxychloroquine,
étaient déclarés comme hospitalisés avec une forme sévère de covid19.
Le 27
mai 2020, les règles françaises ont encore changé, s'en référant aux résultats
de la recherche scientifique, il devint alors illégal de traiter les
patients avec de l’hydroxychloroquine, même au sein d’un hôpital. Comme d’habitude,
la loi ne s’est pas appliquée à Raoult ni à l’IHU. Un autre patient a effectivement dit à Lehmann qu’il avait été traité en ambulatoire à l’IHU avec de l’hydroxychloroquine
en octobre 2020, et qu’il avait reçu une facture d’environ 1200€ pour chacune
de ses visites.
Avec l’aide d’un expert médical, Lehmann a trouvé des
preuves, disponibles en ligne, que l’IHU de Raoult facturait de fausses hospitalisations à des patients reçu en ambulatoire depuis le début de la pandémie. Chaque consultation
était enregistrée comme une hospitalisation de jour. Durant l’année 2020, la
région de Marseille a été beaucoup moins affectée par la pandémie que Paris ou
le nord de la France. Pourtant, 41% des hospitalisations de jour de toute la France pour la Covid-19 ont eu lieu à Marseille.
Mais cela n'est pas passé inaperçu. En mai 2020, Dominique Martin, le directeur de l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament (ANSM) s’est rendu à Marseille pour enquêter sur les activités de Raoult. Il a écrit aux autorités médicales françaises, à la sécurité sociale et même au gouvernement en indiquant qu’il y avait des hospitalisations de jour suspectes.
« Conformément au décret du 23 mars 2020 modifié,
applicable lors de la réalisation de ces études, et qui réservait l’utilisation
de l’hydroxychloroquine à l’hôpital, le Pr Raoult nous dit avoir hospitalisé
certains patients en hôpital de jour, ce qui interroge sur les coûts d’hospitalisation
non justifiés associés aux prescriptions. »
Tout ceci figure dans l’article
de Libération. Mais il ne s’est encore rien passé, car les amis
nationalistes de Raoult sont très haut placés. Le druide de la chloroquine s'est naturellement défendu dans un tweet en arguant qu'il s'agissait là de fausses informations.
Cet article fakenews repose sur un mensonge : l'IHU n'émet aucune facture pour les actes médicaux réalisés en ses murs.
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 12, 2021
L'IHU n'a aucun intéressement financier aux activités de soin, entièrement gérées sur le plan administratif et budgétaire par l'APHM (CHU public de Marseille). pic.twitter.com/AVQerpTPCQ
Si cet essai clinique avec de l’hydroxychloroquine n’est
pas interventionnel, comment le qualifier ? Toutes les
données ont été fabriquées et obtenues illégalement, toutes les lois ont été
enfreintes alors que de l’argent était engrangé en grande quantité. Voici un
résumé des prouesses illégales commises par Raoult :
- réalisation d'un essai clinique sans approbation éthique, et ce malgré un refus du comité d’éthique
- prescription illégale de l’hydroxychloroquine à des
patients covid19 non hospitalisés
- falsification des données hospitalières
- détournement de l’argent de la sécurité sociale et des
patients
- falsification des recherches cliniques
Bien entendu, l’hydroxychloroquine n’est pas le seul
traitement vanté par l’IHU. Le bulldog enragé de Raoult, Chabrière, a passé du
temps à faire la promotion
de l’ivermectine (et de tout autre forme de charlatanisme possible, y compris l’homéopathie)
pendant des mois, peut-être histoire de rigoler un peu ? Hélas non,
ils étaient vraiment sérieux.
Dans ce groupe, il y avait aussi Xavier Azalbert de France-soir ainsi que des membres de l'IHU-M
— Aclés (@Acles__) March 6, 2021
Eric Chabrière et Yaniss Roussel (chargé de communication de Didier Raoult)
...et m'a fait une ordonnance d'ivermectine totalement illégale, alors oui, j'ai pas dit non...sur le coup, je me rendais pas compte de la gravité. il a terminé par "Je soigne sans laisser de trace"
— Aclés (@Acles__) March 6, 2021
Sachez que je n'ai jamais utilisée cette ordonnance par peur.
Ci-dessous, une prescription illégale et probablement
criminelle d’un médecin qui a été membre d’un groupe twitter secret (appelé « CIA »)
géré par Chabrière et le communiquant de Raoult, Yanis Roussel (qui gère
également le
compte twitter de Raoult). Le prescripteur, m’a-t-on dit, est un associé de Christian Perronne, le nouvel ami pro-hydroxychloroquine de Raoult.
L’information a été révélée sur Twitter par un ancien membre du groupe CIA, @Acles__, qui a également reçu une prescription illégale. Chabrière l'a immédiatement menacé, et sur Twitter également. Soyons clairs, si Chabrière et Roussel ne sont pas médecins, ils sont toutefois totalement dévoués à Raoult, qui lui-même contrôle absolument tout. Il est probable que Raoult était au courant des prescriptions illégales d’ivermectine et ne s’en était pas inquiété.
J'ai même pas besoin de poster des preuves
— Aclés (@Acles__) March 7, 2021
ils avouent tout.. pic.twitter.com/2OkQY4cgDO
Raoult ne craint ni les
comités d’éthique ni la loi, mais il a peur des vaccins. Une source fiable m’a
indiqué qu’en janvier 2021, le gourou avait annoncé devant les équipes de l’IHU
qu’il ne se ferait pas vacciner contre le coronavirus. Dans son livre traitant des vaccins d’avant la pandémie, Raoult a décrété
que les vaccins DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) étaient inutiles et que
ceux contre la variole ne servaient à rien.
La même source a entendu que Raoult avait récemment prétendu que la chloroquine pouvait même guérir certaines formes de lymphomes. Raoult serait-il devenu fou ?
Il y a évidemment cette histoire de fraude scientifique. Un an après le premier scoop et malgré les menaces constantes de la part de Chabrière voire de Raoult en personne, Elisabeth Bik a revérifié les publications de Didou. Elle y a trouvé davantage de fraudes.
Histoire de se mettre en appétit ; Raoult et ses subordonnées (Éric
Chabrière, Philippe Parola, l’évangéliste de l’hydroxychloroquine à la
télévision française, Philippe Gautret, le premier auteur des études sur l’hydroxychloroquine,
Jean-Marc Rolain, l’éditeur en chef du journal de l’ISAC qui les a publiées,
Bernard Davoust, le professeur vétérinaire général dans l’armée) avaient réalisé
diverses études sur des sans-abris de la régions marseillaise. Des swabs microbiologiques
fûrent prélevés de tous les orifices corporels possibles. Mais y avait-il une
approbation éthique ? Bik a remarqué :
« Étonnamment, le numéro d’approbation éthique IRB recensé
dans le papier (2010-A01406-33) a été utilisé pour au moins 17 études, dont
celle-ci. Bien que toutes aient impliqué des sans-abris recrutés à Marseille,
les études variaient en termes de protocoles, de traitements et d’échantillonnage.
Elles vont de la récolte de poux, au traitement de sujets avec des
sous-vêtements imprégnés d’un traitement, en passant par la réponse à des
questionnaires, des examens médicaux, de récolte d’échantillons nasaux ou
pharyngés, de peau, des prises de sang, des prélèvements rectaux, salivaires,
et des radiographies thoraciques aux rayons X. Les études ont été réalisées de
2011 à 2020, pendant au moins 10 ans. […]
Il y a aussi une confusion à propos de l’institution ou
du comité d’éthique ayant approuvé l’étude. Certains papiers indiquent que l’étude
a été approuvée par « notre comité institutionnel », suggérant qu’il
y avait un nombre faisant référence à l’approbation IRB par l’université d’Aix-Marseille
ou par l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, tous deux
listés comme affiliations des auteurs.
Mais dans d’autres papiers, le numéro d’approbation IRB
apparaît comme étant un identifiant d’autorisation de l’ANSM, « le
consentement éclairé des sujets a été obtenu et l’étude a été approuvée par le
Comité de Protection des Personnes Sud Méditerranée le 12 Janvier 2011 (ID RCB :
2010-A01406-33). »
Raoult : "Moi ce qui m'intéresse c'est d'avoir l'estime de moi-même" 😬 pic.twitter.com/Sk1ODR59CE
— Tipunch (@Tipuncho) February 15, 2021
Comme on m’en a informé, une raison simple mais sinistre
peut expliquer cette confusion. Jusqu’en 2010, Raoult avait l’habitude d’obtenir
un accord éthique du Comité de Protection des Personnes Sud Méditerrannée
local, qui lui léchait littéralement l’orifice rectal. Mais en 2010, une
nouvelle loi française a stipulé que l’approbation éthique pour un essai
clinique devait être obtenue de façon externe, d’un comité désigné au hasard en
France. Qu’a fait Raoult ? À partir de 2010, il a tout simplement utilisé la
même vieille approbation éthique 2010-A01406-33 pour tous ses nouveaux essais
cliniques. Cet escroc n’a donc jamais reçu la moindre approbation éthique pour
toutes ces études sur les sans-abris pendant une décennie !
Est-ce illégal ? Oui. Peut-on finir en prison pour
de tels faits ? Oui. Cela s’applique-t-il à Didier Raoult ? Non, bien
sûr que non, car après tout, ainsi va la France !
Au bout d'un moment, Raoult a carrément arrêté de s'embêter à faire semblant de rechercher une approbation éthique. Il est
devenu sa propre autorité éthique.
Bon d'après les faits : prélèvements vaginaux, rectaux, naso-pharyngés tout à fait classiques quand on part en vacances j'aurai mis en RPIH3 mais cela ne change rien. Pas de déclaration donc illégal... pic.twitter.com/BjpfuOV3uo
— Monox 🍒🛴 #⏳💉 (@Monox5) March 19, 2021
Ce papier a été publié dans un autre journal d’Elsevier
contrôlé par Raoult, dont le dernier auteur, Gautret, est un éditeur associé :
Thi Loi Dao, Van Thuan Hoang, Tran Duc
Anh Ly, Amal Magmoun, Naomie Canard, Tassadit Drali, Florence Fenollar,
Laetitia Ninove, Didier Raoult, Philippe Parola, Johan Courjon, Philippe
Gautret Infectious disease symptoms and microbial
carriage among French medical students travelling abroad: A prospective study Travel Medicine and Infectious Disease (2020)
doi: 10.1016/j.tmaid.2019.101548
Voici la description de l’étude :
« Une étude prospective unicentrique a été menée entre juin et août 2018 sur une cohorte d’étudiants de la faculté de médecine de l’Université d’Aix Marseille, qui prévoyaient de réaliser leur internat à l’étranger pendant l'été. Le recrutement a été réalisé sur la base du volontariat, durant la vaccination et la consultation avant le voyage à l’IHU Méditerranée Infection, qui se trouve sur le campus médical de l’université de Marseille. Les participants ont été priés de signer un formulaire de consentement éclairé. »
Les étudiants devaient fournir des swabs microbiologiques
de tous leurs orifices, vagin et rectum inclus. La déclaration éthique était la
suivante :
« Le protocole a été approuvé par notre comité
institutionnel (2019-006). Il a été réalisé en accord avec les bonnes pratiques
médicales recommandées par la déclaration d’Helsinki et ses amendements. Tous
les participants ont donné leur consentement éclairé ».
Traduction : il n’y a jamais eu d’approbation éthique
de quelque sorte que ce soit, l’essai était tout simplement illégal. Et même si Raoult désigne ces
étudiants ayant participé à l’étude comme des « volontaires », cela ressemble
fortement à de l’abus de pouvoir voire même à de la coercition. Pas étonnant que
les étudiants de Marseille détestent le professeur Raoult.
Peut-être qu’il y a une raison pour que La Conférence Nationale des Comités de Protection des Personnes ait publié en février 2021 une prise de position dénonçant l’illégalité d’essais cliniques avec de l’hydroxychloroquine sur des enfants sans approbation éthique.
Here is a summary of some image problems found in papers by the current @IHU_Marseille director affiliated with @univAMU_Europe - the same person who claimed Hydroxychloroquine was a potent #COVID19 cure.
— Elisabeth Bik (@MicrobiomDigest) March 22, 2021
(thread).
Après tout, les photomontages de Raoult semblent avoir beaucoup moins d’importance… Et pourtant, Elisabeth Bik a
persévéré.
Dans un de leurs anciens articles, Raoult et ses collègues de l’IHU ont repris
une image de Wikipedia et l’ont réarrangée jusqu'à lui faire présenter tout autre chose, à deux reprises. Ceci a été publié dans Frontiers, en toute
logique…
Kalliopi Georgiades, Didier Raoult Defining pathogenic bacterial species in the genomic era Frontiers in Microbiology (2011) doi: 10.3389/fmicb.2010.00151
Un des followers de Bik (@Sgrol) a
remarqué que l’image originale provenait de Wikipédia,
chargée en 2007. La voici, en test API sur E. coli utilisé par Raoult en
tant que Figure 5A(i)
Même en supposant que l’utilisateur de Wikipédia Philippinjl était l’un des auteurs des deux papiers ou même un technicien de l’IHU, ce qui pourrait justifier le recyclage de la ligne du haut sans citer la source, la seconde ligne de la figure (5A(ii)) est la même que 5A(i), mais ré-arrangée, falsifiée par ordinateur et présentée comme un test de bactéries de dysenterie. C’est tout simplement de la fraude scientifique, et possiblement du plagiat.
Well, the picture has been created in 2007. The article has been published in 2011. It’s pretty clear... https://t.co/tDo0VdrWXM
— Sgrol (@Sgrol) March 19, 2021
Regardons maintenant ce chapitre auquel a contribué
Raoult l’an dernier.
Pierre-Edouard Fournier, Didier Raoult Tick-Borne Spotted Fever Rickettsioses Hunter’s Tropical Medicine and Emerging Infectious Diseases (2020)
doi: 10.1016/b978-0-323-55512-8.00069-7
C’est
encore une fois une fraude. Ce qui s'apparente à des images de membranes
réutilisées est en fait un montage Photoshop. Dans un nouveau cahier de notes
pour les étudiants en maladies infectieuses,
Une
autre trouvaille de Bik :
E. Botelho-Nevers, F. Gouriet, H. Lepidi,
A. Couvret, B. Amphoux, P. Dessi, D. Raoult Chronic nasal infection caused by Klebsiella rhinoscleromatis or
Klebsiella ozaenae: two forgotten infectious diseases International journal of infectious diseases (2007)
doi: 10.1016/j.ijid.2006.10.005
Raoult n’a jamais vraiment prêté attention à ce qu’il
publie, les déchets fabriqués devaient juste être suffisamment esthétique pour avoir l’air publiables dans un journal scientifique. Grâce à son système
de réseaux éditoriaux et de ses boucles de pairs revoyant ses papiers, que l'on pourrait désigner comme l’équivalent
académique d’une masturbation mutuelle, tout ce que le druide de la fraude a soumis
à certains journaux « revus par les pairs » a été publié non seulement
sans vérification, mais, semble-t-il, sans même avoir été lu. C'est par exemple le cas pour le plus ancien papier de Raoult analysé par Bik pour l’instant :
Didier Raoult, J. C. Laurent, M. Mutillod Monoclonal antibodies to Coxiella burnetii for antigenic detection
in cell cultures and in paraffin-embedded tissues American Journal of Clinical Pathology (1994)
doi: 10.1093/ajcp/101.3.318
Un autre vieux papier montre comment la falsification des
données a eu lieu à l’IHU avant l'avènement de Photoshop. Dans ce papier, les figures ont été
falsifiées par la bonne vieille méthode de découpe au ciseau/colle.
W Xu , D Raoult Production of monoclonal antibodies against Rickettsia massiliae
and their use in antigenic and epidemiological studies Journal of Clinical Microbiology (1997)
doi: 10.1128/jcm.35.7.1715-1721.1997
On remarque le découpage des bords, apparemment, les images de gel ont été imprimées, assemblées avec des ciseaux et de la colle
et reprises en photo comme de « nouveaux » résultats avec pour
légende finale de la figure des marquages avec des anticorps différents.
Peut-être qu’à cette époque, Raoult réalisait lui-même ce travail créatif ?
Même Bik ne pourra pas tout retrouver. Dans sa longue
carrière de fraude scientifique, Raoult a publié 3000 papiers grâce à son système
de journaux privés. Certaines de ses études pourraient même être plutôt bonnes,
car l’IHU est un grand centre de recherche où de bonnes personnes pourraient
avoir travaillé avant d’être harcelées, moquées, abusées sexuellement ou
racialement et finalement chassées alors que le directeur de l’IHU Raoult
mettait son nom sur tout ce qui sortait de son institut. Les fraudeurs
scientifiques aussi sont de très bons voleurs, ce qui rend leur travail
reproductible. Mais il semble que le gros des études de Raoult est soit bon
pour la poubelle, soit de la fraude, soit du recyclage d’anciens résultats probablement tout aussi frauduleux. Comme illustré ici, la réutilisation d’une figure strictement
identique à celle d’un ancien papier Angelakis et al Plos One 2012 :
Carole Eldin, Emmanouil Angelakis,
Aurélie Renvoisé, Didier Raoult Coxiella burnetii DNA, but not viable bacteria, in dairy products
in France American Journal of Tropical
Medicine and Hygiene (2013) doi: 10.4269/ajtmh.12-0212
Les images ci-dessus ont été repérées par un utilisateur
de twitter et postées sur pubpeer par François-Xavier Coudert. Les figures
identiques font référence à des bactéries infectieuses très différentes, Coxiella
en 2013 et Rickettsia en 2012 (l’une d’entre elles, Rickettsia raoultii, a pris
le nom de vous-savez-qui…). Le papier de 2012 est co-signé par 5 auteurs, seuls
Raoult et Emmanouil Angelakis sont les auteurs communs entre ces deux
publications. Ceci constitue à la fois de la fraude scientifique et du plagiat.
Voici d’autres magouilles de Raoult trouvées par Bik que
j’avais déjà présentées dans une mise à jour d’un ancien
article.
Patricia Renesto, Pierre Dehoux, Edith
Gouin, Lhousseine Touqui, Pascale Cossart, Didier Raoult Identification and Characterization of a Phospholipase
D–Superfamily Gene in Rickettsiae The Journal of Infectious
Diseases (2003) doi: 10.1086/379080
Voyez-vous
ces bandes de gel recyclées et les fragments de pistes de gel copié/collées
pour masquer des signaux d’anticorps indésirables ? C’est encore de la fraude
scientifique, par les mêmes premier et dernier auteurs :
P
Renesto, J Gouvernet, M Drancourt, V Roux, D Raoult Use of rpoB gene analysis for detection and identification of
Bartonella species Journal of Clinical
Microbiology (2001) doi: 10.1128/jcm.39.2.430-437.2001
Et finalement celui-ci :
Jérôme Dellacasagrande, Eric Ghigo, Sarah
Machergui-El, Hammami, Rudolf Toman, Didier Raoult, Christian Capo, Jean-Louis
Mege alpha(v)beta(3) integrin and bacterial lipopolysaccharide are
involved in Coxiella burnetii-stimulated production of tumor necrosis factor by
human monocytes Infection and Immunity (2000)
doi: 10.1128/iai.68.10.5673-5678.2000
Le premier auteur, Jérôme Dellacasagrande, a expliqué sur Pubpeer
que toutes ces inquiétudes n’avaient pas lieu d’être. Même lorsque l'on distingue clairement des coins découpés où des impressions de gels ont été collées
ensemble.
Et maintenant un cas très intéressant de manipulation de données :
Yuefei Yu, Malgorzata Kowalczewska, Philippe Decloquement, Claude Nappez, Bernard La Scola Production of monoclonal antibodies to Tropheryma whipplei and identification of recognized epitopes by two-dimensional electrophoresis and mass spectrometry Journal of Clinical Microbiology (2006) doi: 10.1128/jcm.01714-06
Comment se fait-il que le nom de Raoult ait disparu entre l'acceptation du papier et sa publication ? Je pense que j'ai une explication.
Dans cette même année en 2006, l'éditeur du journal, l'American Society of Microbiology (ASM) a pris Raoult et 4 de ses co-auteurs de l'IHU en flagrant délit de falsification de données et les a interdits de publication pour un an dans tous ses journaux (voir ici et ici pour plus de détails), ce qui signifie qu'un papier déjà accepté contenant le nom de Raoult serait rejeté, ce qui fut évité en le retirant de la liste des auteurs. C'est idiot pour l'ASM que ce papier contienne également des données manipulées...
Wow - this professor at @IHU_Marseille (who blocked me) is now telling his followers that I have blackmailed his institute. That is a serious accusation, tweeps.https://t.co/Cv9APDGXwd pic.twitter.com/zT8QiIlHiD
— Elisabeth Bik (@MicrobiomDigest) March 22, 2021
Chabrière a réagi en déclarant que Bik extorquait de l’argent à l’IHU. Il ment bien sûr, puisque soulever une mobilisation néo-nazie violente pour attaquer ses détracteurs fait partie de son jeu habituel et de celui de Raoult.
Quand en aurons-nous assez ?
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