Fraude avérée dans les papiers de l'ancienne présidente du CNRS Anne Peyroche
article original de Leonid Schneider traduit en français :
Le journal l'Express rapporte
que l'Académie de Sciences a commandé un rapport d'enquête sur les papiers de
l'ancienne présidente par intérim du CNRS Anne Peyroche, et que le CNRS et le
ministère français de la Recherche ont tenté de le faire disparaître. Peyroche
elle-même n'a pas pu être entendue, car elle est hospitalisée depuis le début
de l'affaire. Ses co-auteurs en ont donc profité pour accuser Peyroche pour
chaque fausse figure. Pendant ce temps, des données dupliquées ont même été
trouvées dans l'article de la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal.
Le scandale des fraudes dans la
recherche en France prend un nouveau tournant. Le magazine l’Express
rapporte (grâce à l’excellent travail de la journaliste Anne Jouan) que
l’Académie des sciences française a commandé un rapport d’enquête sur les articles
de l’ancienne présidente par intérim du CNRS Anne Peyroche et que
le CNRS et le ministère français de la Recherche et de l’Education ont tenté de
le supprimer. Le rapport, que le journal a rendu public,
est très méticuleux et accablant pour déterminer qu'il y a eu fraude dans la
recherche et appelle à la rétractation des articles de Peyroche. Sa seule
limitation étant que Peyroche elle-même ne peut pas être entendue, car elle est
hospitalisée depuis le début de l'affaire, qui a commencé avec mes messages sur
PubPeer et ceux de certains experts en manipulation de l'image avec lesquels je
travaille. Ses co-auteurs en ont donc profité pour nier toute connaissance et
responsabilité et accuser Peyroche pour chaque fausse figure pour laquelle ils
étaient appelés à répondre.
Le comité d'enquête de Peyroche a
examiné toutes les preuves de PubPeer, demandé les données originales et trouvé
encore plus de figures truquées. Il recommande 3 rétractations où les données
ont été excessivement manipulées et va jusqu'à déclarer le découpage de gel non
déclaré comme une forme de méconduite scientifique, bien que ce soit seulement le
stade I ou II sur une échelle à 5 étapes, la plus élevée étant une invention
pure et simple de données de recherche. Les enquêteurs indépendants ont
cependant trouvé plusieurs exemples de niveau IV, de manipulation de données
avec l'intention de tromper et de cacher et de déformer les vrais résultats
scientifiques. Le plus gros scandale ici est que si les mêmes règles d'une
enquête pour faute professionnelle étaient appliquées à l'autre haut
fonctionnaire français de la bureaucratie du CNRS, la biologiste en chef Catherine Jessus,
un retrait massif de ses papiers et un licenciement pour Jessus du service
public serait la seule conséquence raisonnable.
Alors que Peyroche rencontrait (à
juste titre) toute la force de l'intégrité de la recherche française, Jessus a
reçu un traitement différent : un faux rapport de blanchiment rédigé par
elle-même avec son ami et subordonné Francis-Andre Wollman, Poulet de la Légion
de la Disgrâce et accessoirement également membre de l'Académie de Sciences
(lire ici).
Cet étron
non signé qu’est ce rapport de l'Université de la Sorbonne a déclaré que
les duplications de bandes de gel et d'autres fragments d'image étaient de
bonnes pratiques de recherche, tout en acceptant l'absence de toutes les
données de recherche originales pertinentes comme quelque chose de trivial et n’ayant
aucune importance. Après que certains scientifiques français aient osé
protester, plus de 500 de leurs pairs seniors, pour la plupart du CNRS
(dont l'ancien président Alain Fuchs) et plusieurs membres de l'Académie de
Sciences ont signé une lettre stalinienne
en faveur de Jessus et de ses manipulations de données, tout en exigeant le
limogeage de tous les traîtres et lanceurs d'alerte, en particulier le
journaliste du Monde qui a osé rendre compte du scandale. Et alors que Peyroche
fait (à juste titre) face à quelques rétractations, Jessus s'en est sortie avec
quelques
corrections très embarrassantes, car le Comité d'éthique de la publication
(COPE) interdit de retirer des articles frauduleux sans autorisation des instituts
de recherche, ici l’Université de la Sorbonne.
Peu de temps après, Jessus se
baladait avec les grands politiciens, les hauts dirigeants du CNRS et des
universités et le Prix Nobel Jules Hoffman.
Jessus fait la fête
le 1er
octobre 2018. De gauche à droite : Michel Deneken, président de
l'Université de Strasbourg; François Werner, vice-président de la Région Grand
Est; Catherine Jessus, Martyre et Ange de l’Innocence, Robert Herrmann,
Président de l’Eurométropole de Strasbourg, Frédéric Bierry, Président du
Conseil Départemental du Bas-Rhin; Jean-Luc Marx, préfet de la région alsace;
Jules Hofmann, lauréat du prix Nobel 2011; Jean-Luc Imler, directeur de
l'IBMC-CNRS Strasbourg
Si vous pensez que c'est grave et
malsain, la situation est en réalité encore pire que cela. Le copier-coller de
bandes de gel dont Jessus est responsable n'a jamais été retrouvé dans les
papiers de Peyroche, et Peyroche était déjà accusé de fraude au deuxième degré
en matière de recherche. Pourtant, c'est quelque chose dans quoi l'autre
tristement célèbre tricheur français, le phytologue Olivier Voinnet,
s'engage régulièrement. Incidemment, Jessus et ses collègues de l'institut CNRS
de Strasbourg ont récemment absous Voinnet de tout soupçon de manipulation de
données et blâmé son ancien bras droit, Patrice Dunoyer,
qu'ils ont envoyé faire sa valise pour sa lointaine île natale de
Nouvelle-Calédonie. L’employeur actuel de Voinnet, l’ETH suisse, s’est félicité
de voir Voinnet largement innocenté et m’a
annoncé qu’il n’y aurait plus d’enquête sur ses publications et qu’aucune
preuve de méconduite ne pourra jamais être présentée contre lui à l’avenir.
Maintenant, Peyroche est à l'hôpital
pendant que les élites scientifiques françaises préparent un procès-spectacle,
avec elle étant désignée comme la plus grande fraudeuse de l'histoire française
récente et sur le point d'être limogée par son employeur, le Commissariat à
l'énergie atomique (CEA), qui a demandé le rapport d'enquête. Ce qui nous
ramène à l’article
de l’Express. Apparemment, Peyroche était sur le point d'être limogé, mais la
ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal
est intervenue. Comme mes sources l'ont indiqué avoir entendu, la même Vidal
serait auparavant intervenue au nom de Jessus, ordonnant au CNRS de taire cette
affaire. En outre, mes sources m'ont alerté sur cette duplication de gel
intéressante dans un article de Vidal et al, J Cell
Science 2011, l'auteur Vidal étant l'actuel ministre du gouvernement pour l’Enseignement
Supérieur et la Recherche.
D'après l'article de l'Express
d'hier:
« Malgré la gravité de
ces conclusions, les directions du CNRS et du CEA ont décidé d'enterrer le
rapport de l'Académie des Sciences. Cette attitude suscite colère et
incompréhension de certaines huiles des deux organismes mais aussi à l'Académie
des Sciences, d'ordinaire très feutrée, sidérée que l'on ait pu s'asseoir sur
un rapport portant des accusations de fraude aussi lourdes. Selon nos
informations, Daniel Verwaerde, l'ancien administrateur général du CEA,
commanditaire du rapport, avait décidé de mettre Anne Peyroche à la porte.
Mais son successeur, François
Jacq, récipiendaire du travail des académiciens, n'a pas donné suite. Il faut
ajouter que Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche a tout fait pour
protéger la chercheuse fautive. Ainsi lors d'une réunion au ministère tenue au
printemps dernier, la ministre a expressément demandé à Daniel Verwaerde et
Vincent Berger de suspendre les sanctions en cours, dont le licenciement prévu. »
Quelqu'un d’indigné a maintenant
divulgué ce rapport de mai 2018 aux journalistes. La première question que je
me pose est : pourquoi à l’Express, un journal qui n’a jamais beaucoup parlé de
Voinnet, Jessus ou en fait l’affaire Peyroche ? Est-ce parce que les fuyards
détestent autant Le Monde, pour leurs reportages sur tous ces sujets, et en
particulier sur l'affaire Jessus ? Si cela est vrai, le fuyard pourrait être
avec le CNRS ou plutôt même un membre de l'Académie des Sciences, peut-être
même l'un des instigateurs de la lettre Stalinienne ? N'oublions pas que les
enquêteurs eux-mêmes disent que le rapport n'est pas définitif, Peyroche
n'étant pas encore en mesure de se défendre contre les accusations de ses
coauteurs.
Le comité d'enquête était présidé
par l'immunologiste clinique et membre de l'Académie des sciences Jean-François
Bach, d'autres membres nommés étaient la chercheuse en neurosciences et épigénétique
Valérie Lallemand,
les neuroscientifiques et chercheur en signalisation moléculaire Joël
Bockaert et le chercheur en génomique et cancer Jean-Marc
Egly. Ils analysaient les articles de Peyroche sur le thème de la biochimie
des levures, en particulier le repliement des protéines et le trafic
intracellulaire.
L'affaire Peyroche a commencé
avec un article sur PubPeer, et a explosé lorsque certains experts en intégrité
de la recherche que j'ai invités ont trouvé d'autres irrégularités (voir cet
article). Mes propres messages ont été modérés par PubPeer (dont les deux
principaux fondateurs sont des employés du CNRS), et ont été déclarés être des
accusations calomnieuses fondées sur des « artefacts de compression » mal
compris. Finalement, une campagne
de représailles a commencé sur PubPeer m'accusant de méconduite dans la
recherche et le vol de données, tandis qu'un message de PubPeer affirmait que
j'avais harcelé Peyroche personnellement par téléphone et provoqué son
hospitalisation.
Il semble que les chercheurs de
l'Académie des Sciences ne soient pas d'accord avec l'évaluation du lanceur d’alertes
PubPeer selon laquelle il n'y avait rien d'autre que des « artefacts de
compression ». Les experts ont trouvé beaucoup plus de manipulations de données
que rapporté sur PubPeer, et ont déterminé une « faute scientifique » jusqu'au
niveau IV, après avoir appliqué cette échelle pour leur analyse.
« Niveau I.
L'embellissement est un terme souvent utilisé. Il regroupe en fait des fautes
diverses et de gravité variable. Il inclut l’adjonction ou l’omission de
parties de figures ou le choix excessif de figures dites représentatives alors
qu'elles ne le sont pas.
Niveau II. La manipulation
consiste à utiliser des données existantes mais en les présentant de façon à
leur donner une visibilité qu'elles n'avaient pas originellement. Un exemple
typique est de rassembler dans une figure des éléments issus d'expériences
différentes en laissant croire qu'il s'agit de la même expérience.
Niveaux III et IV. La
falsification consiste à modifier certains résultats, par exemple en retirant
une bande dans un gel ou plus généralement en apportant des modifications
significatives aux données brutes. Le masquage de résultats en positif ou
négatif pour montrer la présence ou absence de certaines biomolécules dans des
fractions protéiques est également une forme de falsification. Nous proposons
de différencier la falsification de niveau III qui ne change pas l'interprétation
d’une figure ou d’une phrase de texte et la falsification de niveau IV qui
correspond à des falsifications qui modifient l'interprétation de la figure ou
du texte, indépendamment du message scientifique global. L’OECD (Consensus Report on
Scientific Integrity Falsification), caractérise la falsification de manière
similaire: “Falsification is manipulating research, materials, equipment, or
processes, or changing or omitting data or results such that the research is
not accurately represented in the research record”. Même si le risque
pris en faisant une reconstitution complexe de figures est d’introduire des «
erreurs » involontaires, dès lors qu’un type de modification significative de
donnée est répété ou que son positionnement n’est pas le fruit du hasard, il ne
pourra être considéré comme simple erreur.
Niveau V. La fabrication est
le stade ultime. Elle consiste à créer de novo des résultats qui n'ont pas été
obtenus en laboratoire, qu'il s'agisse d'expériences entières ou de parties d'expérience.
En outre, il convient de rappeler que le comité a décidé de ne pas se demander
si la faute constatée modifiait le message scientifique général fourni par les
articles en question. Ce n'est pas la question qu'on nous a posée. Ce serait
une expertise de nature différente.
En outre, il convient de
rappeler que le comité a décidé de ne pas se questionner si la faute constatée
a modifié le message scientifique général fourni par les articles en question.
Ce n'est pas la question qui nous a été posée. Ce serait une expertise de
nature différente. »
Le rapport traite de chacun des
articles de Peyroche signalés sur PubPeer, j'en présenterai des extraits
ci-dessous.
Article : J. Cell Science, 2001 ;
Peyroche A., Corbeyrette R., Rambourg A. Jackson C.
Titre : The ARF exchange
factors Geatp and Gea2p regulates the Golgi structure and function in yeast
Premier auteur : A. Peyroche. Auteur
correspondant : C. Jackson. Auteurs auditionnés : Catherine Jackson.
« C. Jackson assume le montage des figures pour dit-elle « montrer des images représentatives des résultats ». Les figures ont été faites par elle. »
Tout ce que PubPeer a à montrer sur ce
papier est le découpage non divulgué de la figure 4D. Le rapport explique
pourquoi on ne peut pas comparer de manière convaincante les pistes de
différents western blots les unes avec les autres, et conclut :
« On peut s’étonner de ce
montage complexe de profils protéiques provenant de 8 découpages (encore appelé
réarrangement, et qui peut soulever des doutes), et donc relativement lourd. Il
n’en reste pas moins clair que refaire l’expérience de migration sur gel aurait
été préférable. » [Surtout que le matériel protéique de départ semble
toujours être disponible].
Le même découpage a été trouvé et
critiqué dans les figures 2C-D et la figure 3A, dans tous ces cas une faute
scientifique de niveau I / II a été trouvée.
Également sur les figures 6A-B et
5A-C, une méconduite de niveau II a été trouvée. Là, les auteurs ont réalisé un
montage de diverses images de microscopie cellulaire de cellules individuelles
pour les organiser en une seule image d'un petit champ. Le rapport note :
« Les documents en notre
possession ainsi que les diverses auditions que nous avons pu entreprendre, ne
nous ont pas permis de savoir si le montage a été réalisé à partir de prises de
vues provenant d’une seule et même expérience ou d’expériences indépendantes.
C. Jackson nous a affirmé que cette façon de procéder était une pratique courante
à l’époque où a été écrit le papier. Enquête faite, et à la connaissance des
membres de notre comité, ce genre de pratique ne se faisait pas. »
Catherine
Jackson, qui en a pris la responsabilité, travaillait aux États-Unis
lorsque ce document de 2001 a été rédigé. Elle est aujourd'hui directrice d’une
équipe de recherche CNRS à l'Institut Jacques Monod de l'Université Paris
Diderot. C'est peut-être pour cela que l'affaire devait être étouffée, donc classée
seulement au niveau II.
Article : Molecular Biology of
the Cell, 2003 : Chantalat, Sophie, Régis Courbeyrette, Francesca
Senic-Matuglia, Catherine L. Jackson, Bruno Goud et Anne Peyroche.
Titre : A
Novel Golgi Membrane Protein is a Partner of the ARF Factors Exchange Geap and
Gea2p.
Premier auteur : Sophie Chantalat
Auteur correspondant : Anne
Peyroche
Auteurs auditionnés : Catherine
Jackson et Sophie Chantalat
Ici aussi, les chercheurs ont
trouvé plus que disponible sur PubPeer, cet article a été recommandé pour la
rétraction.
Tout d'abord, la figure 4A a été
critiquée :
Le comité a déterminé qu'il
s'agissait d'une méconduite en recherche de niveau IV, la deuxième plus élevée
de leur classification :
« Il a été détecté qu’un
cache (entouré de rouge sur l’illustration5) a été ajouté pour masquer la
présence de l’ATPase 60kDa dans les fractions P100 et S100 bien visible sur
l’original. Ce cache est donc un copier-coller comme le montre la figure de Pub
Peer (en haut à droite).
On a donc ici un masquage
volontaire de bandes d’un Western qui modifie les données brutes, à savoir que
l’ATPase ne se trouve pas exclusivement dans la fraction P13 et ne cosédimente
pas avec Arf2. »
Sophie
Gérard-Chantalat travaille aujourd'hui en tant que responsable de la
génomique fonctionnelle à l'Institut de biologie François Jacob, qui fait
partie du CEA, l'institution sur le point de licencier Peyroche. Elle et
Jackson font désormais partie de l'élite de la recherche française, et ce sont
leurs thèses de doctorat qui sont désormais probablement entachées de
manipulations de données. C'est probablement pourquoi Jackson et Chantalat ont
nié toute responsabilité pour de fausses données dans leurs propres papiers et
ont qualifié Peyroche de coupable :
«Catherine Jackson auditionnée
le 21 février 2018 indique que c’est Anne Peyroche qui a commencé ce travail,
sous sa direction lors de la fin de sa thèse. Le travail consistait à chercher
des suppressions multicopies de mutations dans gea1 et gea2. C. Jackson étant
partie aux USA (NIH) pour 5 ans, c’est Sophie Chantalat qui a terminé ce
travail sous la direction d’A. Peyroche. Il faisait partie de son travail de
thèse. D’après C. Jackson, ce serait A. Peyroche qui aurait préparé les figures
et aurait entrepris la rédaction. L’audition de S. Chantalat le 16 avril 2018
confirme que ce travail a été commencé par A. Peyroche et qu’elle l’a terminé
sous la direction d’A. Peyroche. Elle atteste que les figures ci-dessous, qui
posent problème, n’ont pas été préparées par elle.».
Il y a eu d'autres cas de méconduite.
Un Western blot découpé sur la figure 8B (sur-contrasté, pour éliminer les
traces du découpage) contient 4 pistes, mais est constitué de 3 fragments, où
nous devons faire confiance aux auteurs que les pistes de gel initialement
disposées de manière chaotique montrent ce que les auteurs ont étiqueté. C'est
une faute de niveau II.
La photographie finale de cette
figure 1A a été assemblée à partir d'images de 5 plaques de dilution de levure
différentes, comme le note le rapport, ce n'est pas quelque chose qui se fait :
« Question du Jury à S.
Chantalat : « Pensez-vous que cette façon de faire est courante ? »
S. Chantalat.- « Évidemment
que non. J'ai fait beaucoup de dilutions de ce genre pendant ma thèse et cela
ne me viendrait pas à l'idée de le faire. C'est tellement simple, c’est la
base. On ne fait cela que sur une seule boîte pour comparer. On ne casse pas
une dilution. » »
Ici aussi, les enquêteurs n'ont
trouvé qu'une méconduite en recherche de niveau II.
Article : 2007 MOLECULAR
CELL, Volume 27, 660-674, Le Tallec Benoit, Barrault Marie-Benedicte,
Courbeyrette Regis, Guerois Raphael, Marsolier-Kergoat Marie-Claude, and
Peyroche Anne
Titre : 20S proteasome assembly
is orchestrated by two distinct pairs of chaperones in yeast and in mammals
Auteur : Benoit Le Tallec
Auteur correspondant : Anne
Peyroche
Auteurs auditionnés : Benoit Le
Tallec et Marie-Bénédicte Barrault
Benoit Le
Tallec est chercheur titulaire à l'IBENS-CNRS, même institut à Paris où
travaille l'un des deux fondateurs de PubPeer. Cet article et un autre de Le
Tallec du laboratoire Peyroche ont fait l'objet d'une modération féroce de la
part de PubPeer, qui a ensuite utilisé des commentaires signés et anonymes pour
déclarer que ces preuves étaient des « artefacts de compressions d’images ».
Maintenant, ce papier
horriblement faux a été recommandé pour une rétractation.
Le Tallec et le technicien
Barrault ont tous deux déclaré :
« A. Peyroche aurait assuré
seule la construction des figures et la rédaction du texte. »
C'est un peu incohérent, puisque
auparavant Le Tallec n'a pas nié dans
le journal Le Monde sa responsabilité pour ces mêmes figures faussées, et a
parlé de leur avoir appliqué des améliorations « cosmétiques », quoi qu'il
entendait par là. La nouvelle position de Le Tallec est cependant
compréhensible, car ses deux articles dans Molecular Cell sont un désastre, et
les publications dans
PubPeer par mes lecteurs en fournissent de nombreuses preuves. Les
enquêteurs en ont même trouvé davantage.
Le tableau de dilution de deux levures
montrant deux mutants différents est en fait la même photographie en miroir et
copié-collée. Les enquêteurs ont attribué une note de méconduite de niveau II :
" A l’examen des
photographies originales des boîtes de levures, il a été constaté une inversion
: les tétrades notées POC3∆ sont en fait POC∆4 "
Dans la figure 3 cependant, qui a
été beaucoup discutée sur PubPeer et déclarée par les modérateurs de PubPeer
comme des « artefacts de compression d’image », les enquêteurs ont trouvé de
nombreuses versions et degrés de fraude différents.
L'épissage dans cette figure a été classé comme niveau de méconduite I/II, mais la présentation frauduleuse d'une bande de gel a3-HA à partir d'un IP anti-myc comme si elle appartenait à l'IP a3-HA a été classé comme niveau de méconduite IV.
« Plusieurs figures dans
cet article montrent des protéines analysées par Western blot à partir
d’extraits cellulaires totaux, d’immuno-précipitations ou de fractions obtenues
après séparation sur gel filtration. Beaucoup font l’objet de « copier-coller
». »
La même figure 3C contient un
Western blot qui a été utilisé pour deux protéines différentes, Ump1 et POC3.
Cela a été classé au niveau IV.
« Le Tallec indique : «
Je n'ai pas remarqué cela au moment où j'ai corrigé les figures », « Au moment
où les choses sont sorties sur Pub Peer, j'ai vérifié l'article, et quand j’ai
vu cela, je me suis demandé comment c’était possible de ne pas l'avoir vu. » «
Quand j’ai vu cela, j’ai été plutôt saisi. » »
Sur la figure 3D, une mauvaise
conduite de niveau II/III a été trouvée : un western blot d'élution sur gel a
été montré et quelqu'un a collé des bandes de gel qui n'en faisaient pas partie
: ces échantillons n'ont « manifestement pas été collectés correctement
lors de l'expérience de filtration sur gel ». Sur la figure 5D, il
s'agissait déjà d'une méconduite de niveau IV, car ce même quelqu'un a ajouté 3
bandes de gel d'une expérience différente pour remplacer les bandes originales
qui auraient pu miner le message scientifique souhaité :
« Cette manipulation
voudrait montrer plus fortement le défaut de maturation du protéasome dans ces
souches poc4∆. Non seulement il s'agit d'un mélange de 2 expériences
différentes, mais en plus les bandes collées ne correspondent pas aux mêmes
souches de levures. En effet, ces 3 bandes proviennent de l’analyse par gel
filtration des souches Poc3∆ (d’après les données originales). Il y a donc un
mélange des échantillons Poc3∆ et Poc4∆. »
Tout cela aurait été fait par
Peyroche elle-même, car, comme Le Tallec l'a indiqué, sa contribution à son
propre doctorat ne consistait certainement pas à faire beaucoup d'expériences
en laboratoire ou à rédiger des articles et peut-être même pas sa thèse de
doctorat. Il a déclaré qu'il avait cette humble assistante, Madame Peyroche,
qui faisait toutes ces expériences pour lui, alors qu'il était probablement occupé
sur sa Playstation, buvant une bière ou parcourant le monde. Quel mâle alpha que
ce Le Tallec, ouaf ouaf de nous tous !
En fait, dans un cas, Le Tallec
admet avoir fait au moins une expérience pour son article Molecular Cell,
seulement pour accuser directement Peyroche d'avoir truqué ses données intactes
:
« B. Le Tallec indique
que cette expérience (Illustration 14) a été réalisée par lui, mais la figure
présentée dans le papier proviendrait d’un Western blot réalisé par A. Peyroche
; les résultats de cette expérience auraient été assemblés sous forme de figure
par elle. On note une modification selon les puits des intensités des protéines
6 et GAPDH ; ce dernier ayant été utilisé comme contrôle. En effet, il semble
que les copier-coller du puits contrôle proviennent de temps d’exposition différents. »
Cela a été évalué au niveau II/III.
Article Molecular Cell, 2009, Benoit
Le Tallec, Barrault Marie-Benedicte, Raphael Guerois, Carré Thibault et
Peyroche Anne.
Titre : Hsm3/S5b participate in
the assembly pathway of the 19S regulatory particle of the proteasome
Premier auteur : Le Tallec B.
Auteur correspondant : Peyroche
A.
Auteurs auditionnés : Benoit Le
Tallec et Marie-Bénédicte Barrault
« Cet article comme le
précèdent comporte de nombreuses manipulations/collages /assemblages. M.B.
Barrault qui fut le maître d’œuvre de la partie purement biochimie, nous
dit-elle, transmettait à AP les données brutes (Western blots identifiant les
diverses protéines éluées par gel filtration). Cette dernière s’occupait de
faire les figures, étape au cours de laquelle M.B. Barrault n’était pas
impliquée. »
Ce papier a également été
recommandé pour une rétractation.
Ici, les figures 2A et 2B ont été
décrites comme de « multiples collages ». La figure 2E a réutilisé les données
de la figure 3C de Le Tallec et al Molecular Cell 2007, tandis que les chiffres
et les positions des marqueurs de poids moléculaire ont été modifiés entre ces
deux figures. La manipulation des profils d'élution a rendu les résultats
présentés de la co-élution de deux protéines différentes dans les mêmes
fractions de gel comme n'étant plus crédibles. Cela a valu aux auteurs le
niveau IV de méconduite en recherche.
Ce gel au bleu de Coomassie découpé
ci-dessus a déjà été signalé par mes lecteurs sur PubPeer.
Les enquêteurs ont trouvé d’autres problèmes.
Comme cette figure 5D ici, qui a été certifiée de niveau IV de méconduite. Les images de dilutions d'un génotype de levure sont dupliquées, voire triplées dans un contexte différent pour remplacer un génotype de levure différent.
Et la deuxième partie de cette figure est encore pire :
« Aucun des cinq autres
panneaux de la figure publiée (figure 5D) ne reflète les résultats observés sur
la plaque originelle montrée sur le panneau du bas. On pourrait ne serait-ce
que sur cette figure, donner d’autres exemples où il ressort qu’aucun des
panneaux représentés dans la figure publiée ne se rapporte à l’expérience
originale. Au vu de ces figures, B. Le Tallec s’est dit « consterné ». Selon
ses dires, il n’aurait pas du tout été tenu au courant de ces arrangements de
figure, lui qui était à l’origine de ces expériences. [...] la partie
biochimique étant selon lui, réalisée par M.B. Barrault, celle concernant la
présentation des figures pour la publication étant réservée exclusivement à Anne
Peyroche. »
Pour la figure 6C, les images des
colonies de levures se sont avérées un « assemblage », avec des données d'images
d'origine manquantes. Le Western blot dans la même figure était un assemblage
de pistes également, avec la conclusion que « aucune d'elles ne reflète les
résultats originaux », une méconduite de niveau III.
Inutile de dire que ces deux
papiers de Molecular Cell, avec lesquels il prétend maintenant n'avoir presque
rien à voir, parce que d'autres faisaient les expériences, assemblaient des
figures et rédigeaient ses papiers, ces deux articles dans une revue d'élite
ont certainement assuré à Le Tallec son mandat actuel. Un poste de chercheur
que de nombreux scientifiques qualifiés convoitent en vain. Et il est même peu
probable qu'ils se rétractent ou envoient même des Errata. Le vaisseau mère
Cell est connu
pour accueillir des auteurs douteux, y
compris Voinnet.
Article PNAS, 2011, Barrault
Marie-Benedicte., Nicolas Richet, Chloé Godard, Brice Murciano, Benoit Le
Tallec, Erwann Rousseau, Pierre Legrand, Jean Baptiste Charbonnier, Marie
Hélène Le Du, Raphael Guerois, Françoise Ochsenbein et Peyroche Anne.
Premier auteur : Barrault
Marie-Benedicte
Auteur correspondant : Anne
Peyroche et Françoise Ochsenbein
Auteurs auditionnés : Françoise
Ochsenbein
Françoise
Ochsenbein est chef d’équipe à l'Institut de Biologie Intégrative de la
Cellule, qui fait également partie du CEA. Elle a déclaré que « sa
responsabilité en tant qu’auteur correspondant ne concernait que la partie
structurale ».
Dans cet article, Anne Peyroche
elle-même a répondu en
novembre 2017 à certaines des préoccupations que mes lecteurs ont publiées
sur PubPeer et a fourni des scans de gel originaux. Le comité a soupçonné ces
événements de découpage d'indiquer « l'origine différente des expériences » et
a classé ces problèmes comme étant de niveau I/II. Nous apprenons également :
« F. Ochsenbein aurait,
dit-elle, procédé différemment en ce qui concerne les assemblages de la figure
6 mentionnés ci-dessus : « refaire un seul gel de migration de protéines et
refaire l’expérience de croissance des souches de levure sur un seul support » »
Il y avait d'autres problèmes,
déjà signalés par mes lecteurs sur PubPeer. Le rapport les a également abordés.
Sur le gel au bleu de coomassie découpé
de la figure 6B, les experts ont attribué le niveau I/II de méconduite et
soupçonné que « Au vu des profils de migration, il semblerait que cela
provienne de plusieurs gels et/ou peut-être d’expériences différentes ». Le
test de colonie de levure a également été découpé, avec des images de colonies
collées, « suggérant que ces expériences n’ont pas été réalisées dans les mêmes
conditions expérimentales ». C'est le niveau II de méconduite en recherche.
Voici les conclusions que les
experts ont tirées à la fin de leur rapport :
« De nombreuses marques
de méconduite ont été retrouvées dans les cinq articles incriminés. Les
anomalies constatées se sont révélées de gravité variable selon les figures et
selon les articles, allant de l'embellissement à la falsification modifiant
l'interprétation des données représentées sur certaines figures.
Ces constatations réalisées
par le comité d’audition sont complètement en accord avec celles formulées par
les quatre premiers experts sollicités par le CEA, à la nuance près que le
comité d'audition a examiné un nombre plus important de figures ainsi que des
copies de données originales et a travaillé de façon collégiale.
Un point essentiel était
d'entendre les auteurs des articles pour leur laisser l'opportunité d'expliquer
les faits observés et d'écouter leurs réponses, particulièrement pour ce qui
concernait leur responsabilité personnelle. Les cinq co-auteurs auditionnés qui
étaient tous, rappelons-le, soit des premiers auteurs, soit des auteurs
correspondants ont affirmé, de façon vérifiable sur les enregistrements, que AP
a eu la responsabilité exclusive de la préparation et la composition des
figures, sauf peut-être en ce qui concerne l'article de 2001. Ils ont tous dit
ne pas avoir suivi la préparation des figures tout au long du processus de la
publication et avoir seulement constaté avec surprise les anomalies observées à
l'occasion de la publication des allégations du site Pub Peer.
Il faut mentionner que nous
n'avons pas pu écouter la version de A. Peyroche, ce qui pourrait laisser des
doutes sur la véracité des déclarations des coauteurs.
Le problème est de savoir si
certains de ces éléments doivent faire l'objet d'un erratum ou d'une
rétractation. C'est, de l'avis de la formation d'instruction, le cas des
articles de 2003, 2007 et 2009.
Au total, après audition
d’Anne Peyroche, il apparaît que des méconduites sérieuses ont été commises
dans la composition des figures incriminées de 3 des 5 articles analysés, ceux
de 2003, 2007 et 2009. La pleine responsabilité de AP apparaît clairement, même
si on peut se demander comment des premiers auteurs ou des auteurs
correspondants aient pu avoir un regard aussi furtif sur des publications dans
lesquelles ils avaient une responsabilité majeure. »
[note : le passage :
« Il faut mentionner que
nous n'avons pas pu écouter la version de A. Peyroche, ce qui pourrait laisser
des doutes sur la véracité des déclarations des coauteurs.
Le problème est de savoir si
certains de ces éléments doivent faire l'objet d'un erratum ou d'une
rétractation. C'est, de l'avis de la formation d'instruction, le cas des
articles de 2003, 2007 et 2009. »
A été transformé, après audition
d’Anne Peyroche, en :
« A la fois dans le texte
soumis au comité par AP avant son audition et lors de son audition, AP a
confirmé sa responsabilité complète dans la préparation des figures et dans les
éventuelles méconduites incriminées. »]
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.