dimanche 25 octobre 2020

13 Juin 2018 : Les critiques de Jessus méfiants, le réactionnaire raté et poulet de la Légion du Déshonneur

 Les critiques de Jessus méfiants, le réactionnaire raté et poulet de la Légion du Déshonneur

Traduit en français depuis le site de Leonid Schneider

Alors que Le Monde révélait publiquement l'affaire Catherine Jessus avec sa manipulation de données blanchie et la protestation académique croissante, une contre-révolution est entrée dans la danse. Une liste de signatures dans la pire tradition stalinienne a été publiée, organisée par l'élite même du monde universitaire français (majoritairement membres de l'Académie de Sciences), et signée par des centaines de chercheurs, majoritairement des professeurs et directeurs de recherche au CNRS, dont un ancien président du CNRS. Leurs revendications, entérinées dans un communiqué de presse secret par l'actuel président du CNRS et président de l’Université de la Sorbonne : punir les 10 auteurs anonymes du contre-rapport Jessus et un journaliste du Monde.

La révolution scientifique française est en cours et les élites corrompues ont peur. Alors que le quotidien Le Monde commençait à faire connaître au public l'affaire Catherine Jessus avec sa manipulation de données blanchies et la protestation académique croissante contre une telle approbation institutionnelle de la mauvaise conduite en recherche, une contre-révolution est entrée dans la danse. Une pétition dans la pire tradition stalinienne a été publiée, organisée par l'élite même du monde universitaire français (majoritairement des membres de l'Académie de Sciences), et signée par des centaines de chercheurs, pour la plupart des professeurs et directeurs de recherche du CNRS, dont l'ancien président du CNRS Alain Fuchs, celui qui a supervisé en 2015 l'enquête secrète sur Olivier Voinnet. Les staliniens exigent de découvrir l'identité des 10 auteurs anonymes du contre-rapport, qui a révélé la corruption et l'incompétence de l'enquête Jessus par l'Université de la Sorbonne, et de les faire punir eux ainsi que le journaliste du Monde David Larousserie. Ces revendications ont été entérinées dans un communiqué de presse secret (sic!) du président du CNRS Antoine Petit et du président de l'Université de la Sorbonne Jean Chambaz.

D'autres journaux auraient pu être intimidés par une telle répression massive et organisée des élites de la société. Mais la dénonciation Pravda-esque des traîtres et des ennemis du peuple est peu susceptible de conduire à une purge telle qu’elle était prévue. Elle semble s'être déjà retourné contre eux-mêmes et les staliniens qui l'ont signée ont déjà commencé à le regretter. En effet, de nombreux noms ont été supprimés, et la liste a été fermée aux nouveaux signataires, abandonnée avec 503 signatures de flagorneurs honteux. Un autre grand quotidien français, Le Figaro, a apporté son propre article critique sur Jessus, tandis que Le Monde a tapé le CNRS et l'Université de la Sorbonne là où ça fait mal. Le journal a révélé l'énorme conflit d'intérêts derrière l'enquête Jessus et a précisé qui était et est toujours l'homme derrière cette farce de blanchiment : le professeur de biochimie et de biologie cellulaire de la Sorbonne, Francis-André Wollman, membre de l'Académie de sciences et chevalier de la Légion d'honneur. Wollman défendait Jessus et attaquait ses détracteurs bien avant qu'il ne soit chargé d'enquêter sur elle, et comme Le Monde l'a indiqué, le rapport d'enquête a été rédigé par ou du moins avec Jessus elle-même. Enfin, Le Monde a rapporté que la collection de signatures staliniennes avait été publiée sur une plateforme web hébergée par Wollman et Chambaz. D'une autre source, nous avons appris que le rapport d'enquête mentait en disant que les revues impliquées acceptaient les explications et avaient décidé de ne rien faire : les rédacteurs en chef des revues réfléchissent encore à ce qu'il faut faire des manipulations de données dans les articles de Jessus.

Je publie ici la version anglaise du contre-rapport (original en français ici), ainsi qu'une déclaration qui m'a été transmise par ses 10 auteurs, afin que la communauté internationale puisse également voir quel acte peu recommandable Wollmann et son Politburo du CNRS ont réussi et défendent maintenant bec et ongle.

Wollman, ce poulet de la légion du déshonneur, a toujours peur d'admettre son rôle d'enquêteur sur Jessus et prétend être victime de persécution par ses 10 pairs anonymes. Chambaz a été élu président de la Ligue des universités européennes de recherche (LERU), vous pouvez donc imaginer quelles politiques nous pouvons attendre de sa part à ce poste. Le président du CNRS, Petit, a simplement peur de ses camarades du Politburo et fait ce qu'on lui dit. Il a récemment ouvert une conférence à Montpellier avec Jessus, pour montrer sa loyauté.

Ce que nous avons ici, c'est une leçon sur la façon dont la science est totalement incapable de s'auto-corriger et sur l'importance du journalisme d'investigation pour le fonctionnement de la science. Sans Le Monde, la contre-révolution aurait été un horrible succès. Le Politburo de Jessus, Wollman, Petit, Chambaz et Fuchs aurait répondu aux protestations anonymes par une purge. Non seulement les jeunes chercheurs du CNRS auraient été interrogés au sujet de leur loyauté politique et limogés si des activités dissidentes étaient soupçonnées, mais des hauts responsables du CNRS en auraient aussi subi de graves conséquences. Les collègues se seraient balancés mutuellement pour faire avancer leur propre carrière. La manipulation des données deviendrait une pratique scientifique acceptée dans la science française (du moins pour les fidèles du Politburo), et en effet, certains des personnages qui ont signé cet étron stalinien de lettre ouverte avaient leurs propres articles signalés pour pratiques suspectes sur PubPeer.

Chronique de la Révolution jusqu'ici, assistée par la chronique publiée par Le Monde.

5 septembre 2017. J'ai publié un article sur mon site répertoriant des preuves de manipulations de données dans des articles co-rédigés par Catherine Jessus, il a été mis à jour avec des preuves supplémentaires provenant de mes lecteurs. Le même jour, j'ai partagé les preuves sur PubPeer, en faisant un lien vers mon article. Les hyperliens et les crédits à mes lecteurs non nommés ont été supprimés par la modération PubPeer, seules les images non commentées ont été laissées en place.

13 septembre 2017. Le Monde interviewait Jessus au sujet de mon article et des preuves de PubPeer. Wollman s'est dépêché de quitter son bureau pour apprendre aux journalistes à bien penser : les accusations sont « complètement stupides » et « la rigueur et l'intégrité de Catherine Jessus ont impressionné toute la communauté ».

28 novembre 2017. Jessus a annoncé avoir été blanchie des soupçons de faute par une enquête à l'Université de la Sorbonne (alors UPMC / Paris VI), selon un tweet du directeur de recherche CNRS basé à Londres Philippe Froguel (mon article est visible sur sa diapositive) :

18 janvier 2018. La présidente par intérim du CNRS, Anne Peyroche, a été destituée après que des manipulations de données dans ses papiers aient été rapportées par mes lecteurs sur PubPeer (malgré une modération particulièrement lourde) puis sur mon site en novembre 2017. Peyroche fait désormais face à des enquêtes à grande échelle, selon les règles de l’art, et un éventuel renvoi, bien que les deux articles centraux de Molecular Cell avec les preuves les plus inquiétantes présentent tous deux le même auteur employé par le CNRS, Benoit Le Tallec. Antoine Petit a pris la présidence du CNRS.

21 janvier 2018. Selon Le Monde, Jessus a écrit au rédacteur en chef de Developmental Biology pour négocier une décision éditoriale favorable. Elle a déclaré que l’enquête de la Sorbonne s’était déroulée « de septembre à novembre » 2017. Le Monde écrit également que les explications en anglais de Jessus sur les conclusions du comité d’enquête « correspondent mot pour mot à la traduction du rapport d’expertise ». A-t-elle réellement enquêté sur elle-même ?

20 février 2018. J'ai publié un article rapportant des corrections récentes sur papier de Jessus, parus respectivement dans Cell Cycle le 27 janvier et dans Journal of Cell Science le 1er février, et j'ai mis en évidence les irrégularités de ces corrections.

21 février 2018. Le CNRS a publié un communiqué de presse m'accusant personnellement de diffamation et de mensonge et publie le rapport d'enquête complet de l'Université de la Sorbonne, daté du 16 février. L'enquête aurait eu lieu du 18 octobre 2017 au 15 février 2018. Les auteurs du rapport ne sont pas nommés, les manipulations de données ont été soit déclarées comme étant de bonnes pratiques scientifiques, soit défendues comme inexistantes, malgré l'absence de données originales. Lisez mon article pour plus de détails. Le Monde l’a rapporté (de façon très critique) le 26 février. Petit a profité de l'occasion pour qualifier les commentateurs de PubPeer de « connards ».

15 mars 2018. Sur la base des informations des lanceurs d'alerte, je révèle dans mon article l'identité présumée de l'auteur du rapport Sorbonne. C'est le biologiste cellulaire et professeur de la Sorbonne Francis-André Wollman, et en fait Le Monde confirmera plus tard que le rapport est signé avec les mêmes initiales « FAW » que Wollman utilise pour ses documents publics, et que son identité nous a été « confirmée par plusieurs sources indépendantes, mais pas formellement par la personne concernée ». Dans une interview à la radio, Petit menace d'utiliser des outils de surveillance Internet pour dénoncer les commentateurs anonymes de PubPeer, dont il a décrit les activités comme similaires à de la calomnie de pédophilie.

16 mai 2018. Un contre-rapport est publié sur le site Web Sauvons l’Université !, Rédigé par 10 biologistes français anonymes. Il explique ce qu'est un western blot, démantèle les arguments du rapport de la Sorbonne un par un, explique pourquoi copier-coller des images de bandes de gel n'est pas une pratique acceptable en sciences, pourquoi les données originales et surtout leur non-existence sont importantes, et déclare que la commission est au mieux incompétent. Voir mon article ici.

22 mai 2018. Le Monde publie l'article « Intégrité scientifique à géométrie variable » décrivant le contre-rapport. Les journalistes soutiennent les critiques contre l'enquête de la Sorbonne avec des déclarations et des retours de nombreux autres scientifiques anonymes et un nommé : le biologiste des plantes basé à Barcelone et membre du conseil scientifique du CNRS Pere Puigdomènech.

23 mai 2018. Le journaliste du Monde David Larousserie publie un blog détaillant l'attitude effrayante à l'égard de l'intégrité de la recherche chez les scientifiques français de haut niveau : « ce sont des atteintes à l'intégrité scientifique, mais cela n'affecte pas l'intégrité des auteurs », « Personne n'est parfaitement propre dans la recherche », « En gros, tout le monde est un peu pareil dans les laboratoires » et « Personne n'a été tué ». Wollman lui-même n'est pas nommé mais est évidemment cité avec « Je ne vois pas où se situe le conflit d'intérêts, qui est un concept plutôt anglo-saxon. Ce n’est même pas dans nos mœurs françaises. Il faut faire confiance aux experts ».

27 mai 2018. Un site Web est mis en place, https://scienceactive.net/, hébergeant une lettre ouverte stalinienne façon Pravda « Ethique Scientifique, Ethique Journalistique ». Les auteurs (plusieurs membres de l'Académie de Sciences, et un membre du comité d'éthique de l'INSERM) se rallient au rapport de la Sorbonne non signé, qu'ils déclarent avoir été rédigé sans aucun conflit d'intérêts. Jessus est défendu comme victime de calomnies, y compris en citant l'argument manifestement faux selon lequel ce type de manipulation de données était une pratique scientifique acceptable il y a 15 ans. Les auteurs dénoncent comme une « chasse aux sorcières » le contre-rapport de 10 pairs anonymes (« experts autoproclamés ») et attaquent les reportages critiques du Monde. Le journaliste Larousserie est explicitement accusé pour subir une punition. Les signatures prennent rapidement de la vitesse (ici sauvegarde le 29 mai), mais les chiffres montent et descendent à mesure que certains noms sont supprimés. Même la liste de tous les courriels des signataires a été accidentellement rendue publique. La campagne se termine finalement à 503 signatures, aucun autre nom ne peut être ajouté. Quelques jours après la fermeture, une annonce post-hoc est ajoutée au site Web comme si elle avait toujours été là :

« L'inscription sur la liste des signataires est clôturée après plus de 500 signatures ».

Lieux où la lettre stalinienne a été signée, fait à partir d’une liste de diffusion révélée involontairement

28 mai 2018. Petit et Chambaz publient leur propre communiqué de presse (secret, sic!), Transmis exclusivement à l'agence de presse française AEF, au service des académies, qui l'a diffusé aux destinataires abonnés par e-mail uniquement (lire en entier ici). Les deux camarades du Politburo déclarent « réfuter les accusations de la récente lettre ouverte anonyme publiée sur le site Sauvons l’université ». Insistant sur le fait qu'il est immoral de se cacher derrière l'anonymat lors de la remise en cause de rapports anonymes, Chambaz et Petit « n'acceptent pas cette remise en cause anonyme de l'intégrité des membres de la commission mise en place pour faire face aux soupçons de faute scientifique contre Catherine Jessus et ses coauteurs ». Le communiqué de presse secret ajoute que

 « L'Université de la Sorbonne et le CNRS se portent garants de la réputation scientifique des experts choisis et de l'absence de tout conflit d'intérêts. Ils acceptent le choix de ne pas avoir divulgué leur identité, précisément pour les protéger de ce type d'attaques ».

Un article de Frochot et al 2012 co-écrit par Chambaz s'est avéré avoir des traces suggérant une manipulation de données, comme l'ont repéré mes lecteurs. PubPeer a édité mon commentaire pour supprimer ma déclaration selon laquelle Chambaz était président de l'Université de la Sorbonne et du LERU. Mais une réponse anonyme ci-dessous a réussi à passer à travers la modération.

29 mai 2018. Dans l'article du Figaro, qui porte également un regard critique du CNRS et de la Sorbonne sur l'affaire Jessus, Petit invite les 10 auteurs du contre-rapport à le contacter de manière confidentielle sans anonymat. Considérant les autres déclarations publiques de Petit, c’est essentiellement une invitation au suicide. Petit admet également dans le journal que lors de sa nomination à la présidence

« Le CNRS ne disposait pas d'un outil permanent, clair et partagé, pour traiter les cas de suspicion de fraude scientifique ».

30 mai-1er juin 2018. Deux chercheurs seniors du CNRS, Patrick Lemaire et Alain Trautman font circuler des courriels protestant contre l'action de signature de leurs pairs (cités en français ici et ici). Apparemment, avec l'attaque contre la presse libre et la demande de limoger Larousserie, ces 503 staliniens sont allés trop loin. Lemaire est membre du comité de rédaction de la revue Development. Il déclare :

« L'une des affirmations les plus problématiques de ce rapport, et répétée dans le texte de la pétition, est que des corrections dans certaines revues (Development, Journal of Cell Science) ont été acceptées. Elles ne le sont toujours pas, plus de 3 mois après la publication du rapport ».

5 juin 2018 Le Monde publie l'article « Comment nous avons enquêté sur une affaire d'intégrité scientifique » où l'on apprend, entre autres, que le site scienceactive.net est hébergé par l'association Citoyenseneurope.org dont le vice-président est Wollman (apparemment Fuchs, l'ancien président du CNRS, était aussi impliqué, c’est également un des signataires).

Alors, qui a signé cette lettre stalinienne ? Naturellement, la plupart des directeurs de recherche de l’institut INSB-CNRS de Jessus à Paris ont signé. Sinon, ce sont surtout des chercheurs du CNRS qui tentent de prouver leur fidélité au régime avant le début de la purge. Certains avaient probablement des raisons plus personnelles de signer contre l'intégrité de la recherche : plusieurs signataires avaient leurs propres articles signalés sur PubPeer. Martin Crespi a même figuré dans l'un de mes articles, d'autres sont Guido Kroemer (avec une liste assez longue de réalisations discutables sur PubPeer), Arndt Benecke (un article intéressant ici) et le collaborateur d'Olivier Voinnet Monsef Benkirane (2 articles ici). Ce dernier a également organisé une conférence à Montpellier, qui a été ouverte le 8 juin 2018 par Petit, Jessus et le président de l'ERC Jean-Pierre Bourguignon, comme si de rien n'était. Deux des conférenciers invités étaient Geneviève Almouzni, membre de l'Académie de Sciences et membre du comité d'éthique de l'INSERM et le professeur de la Sorbonne Hervé Chneiweiss, tous deux ont organisé cette collecte de signatures staliniennes. Le directeur de l'ISFH, Benkirane, a-t-il signé stratégiquement pour que tous ces éminents orateurs amis de Jessus viennent à sa conférence ?


Souvenez-vous de Voinnet

Comme déjà mentionné, le nom le plus évident est celui de l'ancien président du CNRS, Alain Fuchs. Ce vieux bureaucrate, avec la biologiste en chef du CNRS Jessus, dirigeait l'enquête sur le plus grand scandale (jusqu'à récemment) de la recherche biologique française : celui d'Olivier Voinnet, à l'origine directeur de recherche dans un institut de sciences végétales du CNRS IBMP à Strasbourg. Au fur et à mesure que les preuves sur PubPeer grandissaient, mes reportages (à l'époque pour un magazine allemand) ont déclenché une avalanche en janvier 2015, finalement Le Monde en a parlé et l'affaire s’est bien déclenchée.

 Comme une source m'en a informé, un comité d'enquête interne a été mis en place la dernière semaine de janvier 2015 à l'IBMP, et a entendu à la fois Voinnet et son bras droit Patrice Dunoyer. Le cas des 13 papiers Voinnet manipulés (il y en avait en fait beaucoup plus répertoriés sur PubPeer) a ensuite été transmis au CNRS à Paris, à une « commission d'enquête administrative », qui a tiré ses conclusions, puis il a été discuté dans la « commission administrative paritaire » qui a également tiré ses conclusions. Tout cela est secret et n'a jamais été publié. Nous ne savons pas qui étaient les membres du comité, mais que se passerait-il si Wollman était l'un d'entre eux ? En tout état de cause, les délibérations ont été très brèves et se sont terminées le 4 février 2015 par une décision, Fuchs et Jessus ont alors prononcé des sanctions. Voici les décisions publiées du CNRS concernant Voinnet et Dunoyer, respectivement appelés MV et MD. À propos de Voinnet :

« Considérant que ces manquements sont d’autant plus graves que M. D appartient au corps le plus élevé des chercheurs ;

Considérant qu’en outre, ces manquements ont porté atteinte à l’image du CNRS et à la communauté scientifique dans son ensemble dès lors que la presse nationale s’est fait l’écho des manquements reprochés à M. D ;

Considérant que les éléments précités justifient légalement qu’une sanction disciplinaire soit prononcée à l’égard de M. D ;

D E C I D E

Article 1 : M. D, directeur de recherche de 2ème classe, est exclu pour une durée d’un an, assortie d’un sursis de onze mois, à compter de la notification de la présente décision ;

Article 2 : La présente sanction fera l’objet d’une publication au bulletin officiel du CNRS. »

La décision a donc été de suspendre Dunoyer de son emploi au CNRS pendant 1 an (dont 11 mois ont ensuite été graciés, mais au début de l'année 2018, Dunoyer a choisi de fermer boutique et de quitter la France), tandis que Voinnet a été suspendu pendant 2 ans, ce qui a essentiellement laissé ce directeur de recherche de première classe bloqué là où il était délégué à l’origine en tant que professeur : à l'ETH Zürich en Suisse. Qui n'a absolument pas l'intention de se débarrasser de son invité français infidèle, d'autant plus qu'il a repris la publication à un niveau plutôt décent.

Juste avant que la décision du CNRS sur Voinnet ne soit rendue publique à l'été 2015, Fuchs a rapidement redéfini ce qu'est la fraude dans la recherche, ou plutôt ce qu'elle n'est pas : à savoir que la manipulation de données n'est pas une fraude. Ce que Voinnet a fait, a été défini par Fuchs comme une mauvaise conduite de la recherche au deuxième degré, étant donné que le laboratoire Voinnet a fait quelques expériences après tout et que les bandes de gel n'ont pas été dessinées avec un crayon. Avec l'affaire Jessus, à peine moins de 3 ans plus tard, même la manipulation numérique d'images de gels et le copier-coller de bande ont été supprimés de la définition de la faute en recherche, par le Politburo de Fuchs, Wollman, Chambaz, son nouveau membre Petit, et apparemment aussi Jessus, qui, semble-t-il d'après le rapport Le Monde, enquêtait sur elle-même.


Beaucoup se sont demandé pourquoi Voinnet était autorisé à rester membre de l'Académie de Sciences. Maintenant on le sait : voici les organisateurs de la lettre de dénonciation stalinienne. Beaucoup sont membres de l'Académie de Sciences, tout comme Wollman

Voinnet a été puni fondamentalement pour les mêmes choses que Jessus avait fait « correctement » : copier-coller des images de bandes de gel entre des images de gels. Qualitativement, ce que nous trouvons dans les articles Jessus et Voinnet est très similaire et tout aussi peu recommandable. Il n'y a que la différence de quantité, car avec Voinnet, presque chacun de ses nombreux papiers s'est avéré manipulé dans une certaine mesure, de nouvelles preuves étant trouvées chaque fois que quelqu'un prend la peine de regarder. En fait, voici un autre dossier de certaines manipulations de données Voinnet connues et inconnues jusqu'à présent que j'ai reçues, traitant de l'article de Dunoyer et al Nature Genetics 2006.

Ainsi, la dialectique soviétique caricaturale du CNRS et des élites scientifiques françaises est entrée dans une phase de « coucou ». Comment le même type de manipulation de données peut-il être une méconduite en recherche dans un cas et une bonne pratique scientifique dans un autre ? À quel point faut-il être loyal envers le Parti pour croire que Voinnet est coupable et que Jessus est victime d'une chasse aux sorcières, s'ils ont tous les deux des bandes de gel en double dans leurs papiers ? Comment Wollman peut-il être considéré comme un enquêteur indépendant, impartial et sans conflit d'intérêts alors qu'il déclare lui-même « oui, j'ai qualifié la preuve de « débile » dès le premier jour, oui j'ai laissé mon amie Catherine m'aider à rédiger le rapport sur elle-même, et alors ? » Pour Wollman, le concept de conflit d'intérêts n'existe pas en France, alors que ce pompeux poulet pelucheux de la Légion du Déshonneur établit sournoisement des listes de signatures appelant à couper la tête de ses critiques anonymes, mais a peur d’avoir honte et d'admettre ce que tout le monde sait déjà de toute façon.

La révolution s'internationalise

Le contre-rapport de 48 pages des 10 auteurs anonymes, rédigé à l'origine en français, a été discuté dans mon article précédent. Maintenant, ces courageux scientifiques ont préparé une version en anglais pour la communauté scientifique internationale, veuillez la trouver ici :

Lettre ouverte d'un groupe anonyme d'experts en réponse au rapport anonyme de la commission d'enquête sur les publications du laboratoire de Catherine Jessus

12 juin 2018

Traduction améliorée du document original publié le 11 mai 2018, intitulé :

« Lettre ouverte d’un groupe d’experts anonyme concernant le rapport de la commission anonyme ayant enquêté sur les publications dont Mme Jessus est co-auteur »

Les 10 auteurs m'ont également fourni une déclaration en anglais, un document de 3 pages que je partage ici. Cette déclaration et la version anglaise du rapport de 48 pages ont également été publiées sur Sauvons l’Université !. Quelques extraits suivent.

« Nous, généticiennes, généticiens, biochimistes, biologistes cellulaires et moléculaires, avons lu ce rapport, l’avons analysé, critiqué point par point et pouvons conclure que tous les arguments de la commission d’enquête vont à l’encontre de toutes les règles communes de bonnes pratiques scientifiques et d’interprétation des résultats qui constituent le fondement de l’intégrité en recherche. Pire encore, et c’est la raison qui nous a poussé à réagir (voir notre lettre ouverte), il encourage les manipulations d’images qui sont pourtant reconnues comme des fabrications et des falsifications de résultats.

Nous sommes ici face à un paradoxe : bien que tout soit mis en place pour lutter contre la fraude scientifique au CNRS et à SU, il semblerait que la dissimulation de la fraude, grâce à un rapport trompeur, mensonger, ait été néanmoins la solution choisie et assumée (puisque rendue publique) par les deux institutions.

L’imposture vient-elle des institutions qui mettent l’accent sur la communication sur l’intégrité scientifique sans en assurer les moyens effectifs en nommant une commission incompétente ? Des membres de la commission qui auraient un quelconque intérêt à être indulgents avec la fraude de leurs collègues ? pour dissimuler la leur ? »

Sur les manipulations de données rapportées dans 11 publications co-rédigées par Jessus :

« En septembre 2017, ces deux institutions ont dû faire face à plusieurs allégations de fraude publiées sur le site PubPeer concernant des manipulations d’images sur 21 figures publiées dans 11 articles dont Madame Catherine Jessus (directrice de recherche au CNRS, ancienne directrice de l’UMR SU-CNRS 7622, ancienne directrice de l’Institut de Biologie Paris Seine (IBPS) et actuelle directrice de l’institut national des sciences biologique du CNRS (INSB)) est coauteur. »

Sur l'affaire Anne Peyroche, la présidente décédée du CNRS et ancienne membre du comité d'éthique CNRS COMETS :

« Cette dernière hypothèse fait écho à une autre affaire de fraude concernant le même type de modification d’image révélé par PubPeer et concernant le laboratoire de la biologiste Anne Peyroche. Anne Peyroche était en effet membre du COMETS, avant sa nomination le 24 octobre 2017 à la présidence du CNRS par intérim puis son remplacement anticipé par Antoine Petit le 18 janvier suite aux soupçons de fraude révélés par PubPeer. Aurait-elle contribué à dissimuler, en tant que membre du COMETS puis présidente du CNRS, les fraudes réalisées dans le laboratoire de Catherine Jessus pour minimiser celles réalisées dans le sien ? La fraude est-elle si largement répandue pour que deux personnes à la tête du CNRS soient incriminées ? Ou bien la fraude est-elle le moyen d’accéder aux postes de responsabilité au CNRS ? »

Sur la lettre de signature stalinienne :

« Le CNRS et la Sorbonne Université ont néanmoins obtenu le soutien de 503 scientifiques français en bonne place pour défendre un rapport d'enquête scientifiquement infondé qui disculpe et encourage la fraude scientifique. En outre, ils prétendent comme justification que « les pratiques entourant la publication d'images scientifiques ont considérablement évolué au cours des 15 dernières années » et que « les revues scientifiques où ces travaux ont été publiés ont accepté les corrections proposées par les auteurs ». Cependant, ces deux arguments sont incorrects. Premièrement, les bonnes ou mauvaises pratiques scientifiques sont indépendantes de l'année de publication ; la copie et le recyclage des images est tout simplement une fraude. En effet, il est devenu nécessaire au cours des quinze dernières années pour les éditeurs scientifiques de rédiger des instructions de plus en plus détaillées sur les bonnes pratiques scientifiques, dans le but de réduire les cas de fraude de plus en plus fréquents. Deuxièmement, un seul des articles incriminés (n ° 10, Daldello et al.) A été accepté pour correction par le Journal of Cell Science ».

Les pétitionnaires sont en plein #EffetStreisand… Catherine #Jessus n'avait pas besoin de soutiens comme ça!

Et bravo à @lemonde_science de montrer qu'il reste qq journalistes compétents dans ce canard. C'est d'un tout autre niveau que les publireportages des pages Campus! https://t.co/8J0owFYWSw

— Doktor M. (Jean-Louis Bothurel) (@Doktor_M_) June 5, 2018

Toute cette parodie stalinienne façon Pravda aurait n’a rien apporté, excepté un embarras majeur pour ses signataires. Comme je l’ai appris, le mandat de Jessus en tant que directrice de la section biologie du CNRS expire fin 2018. Il est peu probable qu’elle se présente à nouveau. Mais ces 503 signataires réactionnaires du rallye pro-Jessus ont déjà choisi de se lever et d'être comptés en suivant la contorsion mentale de 2 + 2 = 5 ordonnée par le Politburo du CNRS. Désormais, leurs noms resteront dans le domaine public, en guise d'avertissement aux futurs doctorants et ouverts au ridicule des pairs et des médias. La suppression de la page Web de signature n'aidera pas. Nous avons tous fait des sauvegardes.

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