Les critiques de Jessus méfiants, le réactionnaire raté et poulet de la Légion du Déshonneur
Traduit
en français depuis le site de Leonid Schneider
Alors que Le Monde révélait
publiquement l'affaire Catherine Jessus avec sa manipulation de données
blanchie et la protestation académique croissante, une contre-révolution est
entrée dans la danse. Une liste de signatures dans la pire tradition
stalinienne a été publiée, organisée par l'élite même du monde universitaire français
(majoritairement membres de l'Académie de Sciences), et signée par des
centaines de chercheurs, majoritairement des professeurs et directeurs de
recherche au CNRS, dont un ancien président du CNRS. Leurs revendications,
entérinées dans un communiqué de presse secret par l'actuel président du CNRS
et président de l’Université de la Sorbonne : punir les 10 auteurs anonymes du
contre-rapport Jessus et un journaliste du Monde.
La révolution scientifique
française est en cours et les élites corrompues ont peur. Alors que le
quotidien Le Monde commençait à faire connaître au public l'affaire Catherine Jessus
avec sa manipulation de données blanchies et la protestation académique
croissante contre une telle approbation institutionnelle de la mauvaise
conduite en recherche, une contre-révolution est entrée dans la danse. Une pétition
dans la pire tradition stalinienne a été publiée, organisée par l'élite même du
monde universitaire français (majoritairement des membres de l'Académie de Sciences), et
signée par des centaines de chercheurs, pour la plupart des professeurs et directeurs
de recherche du CNRS, dont l'ancien président du CNRS Alain Fuchs, celui qui a
supervisé en 2015 l'enquête secrète sur Olivier Voinnet. Les staliniens exigent
de découvrir l'identité des 10 auteurs anonymes du contre-rapport, qui a révélé
la corruption et l'incompétence de l'enquête Jessus par l'Université de la
Sorbonne, et de les faire punir eux ainsi que le journaliste du Monde David
Larousserie. Ces revendications ont été entérinées dans un communiqué de presse
secret (sic!) du président du CNRS Antoine
Petit et du président de l'Université de la Sorbonne Jean
Chambaz.
D'autres journaux auraient pu
être intimidés par une telle répression massive et organisée des élites de la
société. Mais la dénonciation Pravda-esque des traîtres et des ennemis du
peuple est peu susceptible de conduire à une purge telle qu’elle était prévue. Elle
semble s'être déjà retourné contre eux-mêmes et les staliniens qui l'ont signée
ont déjà commencé à le regretter. En effet, de nombreux noms ont été supprimés,
et la liste a été fermée aux nouveaux signataires, abandonnée avec 503
signatures de flagorneurs honteux. Un autre grand quotidien français, Le Figaro,
a apporté son propre article critique sur Jessus, tandis que Le Monde a tapé le
CNRS et l'Université de la Sorbonne là où ça fait mal. Le journal a révélé
l'énorme conflit d'intérêts derrière l'enquête Jessus et a précisé qui était et
est toujours l'homme derrière cette farce de blanchiment : le professeur de
biochimie et de biologie cellulaire de la Sorbonne, Francis-André Wollman,
membre de l'Académie de sciences et chevalier de la Légion d'honneur. Wollman
défendait Jessus et attaquait ses détracteurs bien avant qu'il ne soit chargé
d'enquêter sur elle, et comme Le Monde l'a indiqué, le rapport d'enquête a été
rédigé par ou du moins avec Jessus elle-même. Enfin, Le Monde a rapporté que la
collection de signatures staliniennes avait été publiée sur une plateforme web
hébergée par Wollman et Chambaz. D'une autre source, nous avons appris que le
rapport d'enquête mentait en disant que les revues impliquées acceptaient les
explications et avaient décidé de ne rien faire : les rédacteurs en chef des revues
réfléchissent encore à ce qu'il faut faire des manipulations de données dans
les articles de Jessus.
Je publie ici la version anglaise
du contre-rapport
(original
en français ici), ainsi qu'une déclaration
qui m'a été transmise par ses 10 auteurs, afin que la communauté internationale
puisse également voir quel acte peu recommandable Wollmann et son Politburo du
CNRS ont réussi et défendent maintenant bec et ongle.
Wollman, ce poulet de la légion du déshonneur, a toujours peur d'admettre son rôle d'enquêteur sur Jessus et prétend être victime de persécution par ses 10 pairs anonymes. Chambaz a été élu président de la Ligue des universités européennes de recherche (LERU), vous pouvez donc imaginer quelles politiques nous pouvons attendre de sa part à ce poste. Le président du CNRS, Petit, a simplement peur de ses camarades du Politburo et fait ce qu'on lui dit. Il a récemment ouvert une conférence à Montpellier avec Jessus, pour montrer sa loyauté.
Ce que nous avons ici, c'est une
leçon sur la façon dont la science est totalement incapable de s'auto-corriger
et sur l'importance du journalisme d'investigation pour le fonctionnement de la
science. Sans Le Monde, la contre-révolution aurait été un horrible succès. Le
Politburo de Jessus, Wollman, Petit, Chambaz et Fuchs aurait répondu aux
protestations anonymes par une purge. Non seulement les jeunes chercheurs du
CNRS auraient été interrogés au sujet de leur loyauté politique et limogés si
des activités dissidentes étaient soupçonnées, mais des hauts responsables du
CNRS en auraient aussi subi de graves conséquences. Les collègues se seraient
balancés mutuellement pour faire avancer leur propre carrière. La manipulation
des données deviendrait une pratique scientifique acceptée dans la science
française (du moins pour les fidèles du Politburo), et en effet, certains des
personnages qui ont signé cet étron stalinien de lettre ouverte avaient leurs
propres articles signalés pour pratiques suspectes sur PubPeer.
Chronique de la Révolution
jusqu'ici, assistée
par la chronique publiée par Le Monde.
5 septembre 2017. J'ai publié un
article sur
mon site répertoriant des preuves de manipulations de données dans des
articles co-rédigés par Catherine Jessus, il a été mis à jour avec des preuves
supplémentaires provenant de mes lecteurs. Le même jour, j'ai partagé les
preuves sur PubPeer, en
faisant un lien vers mon article. Les hyperliens et les crédits à mes lecteurs
non nommés ont été supprimés par la modération PubPeer, seules les images non
commentées ont été laissées en place.
13 septembre 2017. Le Monde interviewait Jessus au sujet de mon article et des preuves de PubPeer. Wollman s'est dépêché de quitter son bureau pour apprendre aux journalistes à bien penser : les accusations sont « complètement stupides » et « la rigueur et l'intégrité de Catherine Jessus ont impressionné toute la communauté ».
28 novembre 2017. Jessus a
annoncé avoir été blanchie des soupçons de faute par une enquête à l'Université
de la Sorbonne (alors UPMC / Paris VI), selon un tweet du directeur de
recherche CNRS basé à Londres Philippe Froguel (mon article est visible sur sa
diapositive) :
Catherine Jessus explains to CNRS units directors that she has been cleared from misconduct by Paris 6 university pic.twitter.com/cxDb2kBIyE
— Philippe Froguel (@philippefroguel) November 28, 2017
18 janvier 2018. La présidente
par intérim du CNRS, Anne
Peyroche, a été destituée après que des manipulations de données dans ses papiers
aient été rapportées par mes lecteurs sur PubPeer (malgré une modération
particulièrement lourde) puis sur
mon site en novembre 2017. Peyroche fait désormais face à des enquêtes à
grande échelle, selon les règles de l’art, et un éventuel renvoi, bien que les
deux articles centraux de Molecular Cell avec les preuves les plus inquiétantes
présentent tous deux le même auteur employé par le CNRS, Benoit Le
Tallec. Antoine Petit a
pris la présidence du CNRS.
What, may be you do not know. V.Berger, in the video below, was announced in the corridors to be the next CNRS president. Suddenly, he announced in AEF that he was not interested by the position (while we do know that he dreams of this position).https://t.co/w6UR0DkN5b
— Groupe J.-P. Vernant (@Gjpvernant) March 2, 2018
21 janvier 2018. Selon Le Monde,
Jessus a écrit au rédacteur en chef de Developmental Biology pour négocier une
décision éditoriale favorable. Elle a déclaré que l’enquête de la Sorbonne
s’était déroulée « de septembre à novembre » 2017. Le Monde écrit également que
les explications en anglais de Jessus sur les conclusions du comité d’enquête «
correspondent mot pour mot à la traduction du rapport d’expertise ». A-t-elle
réellement enquêté sur elle-même ?
20 février 2018. J'ai publié un
article rapportant des corrections récentes sur papier de Jessus, parus
respectivement dans Cell Cycle le 27 janvier et dans Journal of Cell Science le
1er février, et j'ai mis en évidence les irrégularités de ces corrections.
21 février 2018. Le CNRS a publié
un communiqué de
presse m'accusant personnellement de diffamation et de mensonge et publie
le rapport d'enquête complet de l'Université de la Sorbonne, daté du 16
février. L'enquête aurait eu lieu du 18 octobre 2017 au 15 février 2018. Les
auteurs du rapport ne sont pas nommés, les manipulations de données ont été
soit déclarées comme étant de bonnes pratiques scientifiques, soit défendues
comme inexistantes, malgré l'absence de données originales. Lisez mon
article pour plus de détails. Le Monde l’a
rapporté (de façon très critique) le 26 février. Petit a profité de
l'occasion pour qualifier les commentateurs de PubPeer de « connards ».
Nouveau scandale scientifique en perspective: Catherine Jessus a signé des articles avec bidonnage Photoshop.https://t.co/fKOyQ0o6Sb pic.twitter.com/XELww3iXFQ
— Groupe J.-P. Vernant (@Gjpvernant) October 29, 2017
15 mars 2018. Sur la base des
informations des lanceurs d'alerte, je révèle dans
mon article l'identité présumée de l'auteur du rapport Sorbonne. C'est le
biologiste cellulaire et professeur de la Sorbonne Francis-André Wollman,
et en fait Le Monde confirmera plus tard que le rapport est signé avec les
mêmes initiales « FAW » que Wollman utilise pour ses documents publics, et que
son identité nous a été « confirmée par plusieurs sources indépendantes, mais
pas formellement par la personne concernée ». Dans une interview à la radio,
Petit menace d'utiliser des outils de surveillance Internet pour dénoncer les
commentateurs anonymes de PubPeer, dont il a décrit les activités comme
similaires à de la calomnie de pédophilie.
16 mai 2018. Un contre-rapport
est publié sur le site Web Sauvons
l’Université !, Rédigé par 10 biologistes français anonymes. Il
explique ce qu'est un western blot, démantèle les arguments du rapport de la
Sorbonne un par un, explique pourquoi copier-coller des images de bandes de gel
n'est pas une pratique acceptable en sciences, pourquoi les données originales
et surtout leur non-existence sont importantes, et déclare que la commission est
au mieux incompétent. Voir mon
article ici.
22 mai 2018. Le Monde publie
l'article « Intégrité
scientifique à géométrie variable » décrivant le contre-rapport. Les
journalistes soutiennent les critiques contre l'enquête de la Sorbonne avec des
déclarations et des retours de nombreux autres scientifiques anonymes et un
nommé : le biologiste des plantes basé à Barcelone et membre du conseil
scientifique du CNRS Pere
Puigdomènech.
[ITW] : Jean Chambaz présente la stratégie de développement de @Sorbonne_Univ_ dans les années à venir (International, révolutions scientifiques et visions intégrées de la recherche..) https://t.co/exrCRt4cjs pic.twitter.com/lFrW4lFl8D
— Laurent Ong (@Laurent_Ong) May 23, 2018
23 mai 2018. Le journaliste du
Monde David Larousserie publie
un blog détaillant l'attitude effrayante à l'égard de l'intégrité de la
recherche chez les scientifiques français de haut niveau : « ce sont des
atteintes à l'intégrité scientifique, mais cela n'affecte pas l'intégrité des
auteurs », « Personne n'est parfaitement propre dans la recherche », « En gros,
tout le monde est un peu pareil dans les laboratoires » et « Personne n'a été
tué ». Wollman lui-même n'est pas nommé mais est évidemment cité avec « Je
ne vois pas où se situe le conflit d'intérêts, qui est un concept plutôt
anglo-saxon. Ce n’est même pas dans nos mœurs françaises. Il faut faire
confiance aux experts ».
27 mai 2018. Un site Web est mis
en place, https://scienceactive.net/, hébergeant
une lettre ouverte stalinienne façon Pravda « Ethique Scientifique, Ethique
Journalistique ». Les auteurs (plusieurs membres de l'Académie de Sciences, et
un membre du comité
d'éthique de l'INSERM) se rallient au rapport de la Sorbonne non signé,
qu'ils déclarent avoir été rédigé sans aucun conflit d'intérêts. Jessus est
défendu comme victime de calomnies, y compris en citant l'argument
manifestement faux selon lequel ce type de manipulation de données était une
pratique scientifique acceptable il y a 15 ans. Les auteurs dénoncent comme une
« chasse aux sorcières » le contre-rapport de 10 pairs anonymes (« experts
autoproclamés ») et attaquent les reportages critiques du Monde. Le journaliste
Larousserie est explicitement accusé pour subir une punition. Les signatures
prennent rapidement de la vitesse (ici sauvegarde
le 29 mai), mais les chiffres montent et descendent à mesure que certains
noms sont supprimés. Même la liste de tous les courriels des signataires a été
accidentellement rendue publique. La campagne se termine finalement à 503
signatures, aucun autre nom ne peut être ajouté. Quelques jours après la
fermeture, une annonce post-hoc est ajoutée au site Web comme si elle avait
toujours été là :
« L'inscription sur la liste des
signataires est clôturée après plus de 500 signatures ».
Lieux où la lettre stalinienne a été signée, fait à partir d’une liste de diffusion révélée involontairement
28 mai 2018. Petit et Chambaz
publient leur propre communiqué de presse (secret, sic!), Transmis
exclusivement à l'agence de presse française AEF, au service des académies, qui
l'a diffusé aux destinataires abonnés par e-mail uniquement (lire
en entier ici). Les deux camarades du Politburo déclarent « réfuter les
accusations de la récente lettre ouverte anonyme publiée sur le site Sauvons
l’université ». Insistant sur le fait qu'il est immoral de se cacher derrière
l'anonymat lors de la remise en cause de rapports anonymes, Chambaz et Petit « n'acceptent
pas cette remise en cause anonyme de l'intégrité des membres de la commission
mise en place pour faire face aux soupçons de faute scientifique contre
Catherine Jessus et ses coauteurs ». Le communiqué
de presse secret ajoute que
Un article de Frochot
et al 2012 co-écrit par Chambaz s'est avéré avoir des traces suggérant une
manipulation de données, comme l'ont repéré mes lecteurs. PubPeer a édité mon
commentaire pour supprimer ma
déclaration selon laquelle Chambaz était président de l'Université de la
Sorbonne et du LERU. Mais une réponse anonyme ci-dessous a réussi à passer à
travers la modération.
.@PubPeer jumps to defence: "This is just another smearing campaign by a pseudo journalist several times indicted by libel (equivalent to scientific misconduct) in Germany and with several problems in his own papers and PhD dissertation" https://t.co/5sLnX2RiOI pic.twitter.com/1Dt62Qe3LT
— Leonid Schneider (visit my site for Covid19 cures) (@schneiderleonid) May 29, 2018
29 mai 2018. Dans l'article
du Figaro, qui porte également un regard critique du CNRS et de la Sorbonne
sur l'affaire Jessus, Petit invite les 10 auteurs du contre-rapport à le
contacter de manière confidentielle sans anonymat. Considérant les autres
déclarations publiques de Petit, c’est essentiellement une invitation au
suicide. Petit admet également dans le journal que lors de sa nomination à la
présidence
« Le CNRS ne disposait pas d'un
outil permanent, clair et partagé, pour traiter les cas de suspicion de fraude
scientifique ».
Une réaction personnelle à la pétition https://t.co/bVJfNmRhF2 dirigée contre l'article de David Larousserie dans @lemonde_science. pic.twitter.com/eZxiKw1Rvs
— Patrick Lemaire (@patrlemaire) May 30, 2018
30 mai-1er juin 2018. Deux
chercheurs seniors du CNRS, Patrick
Lemaire et Alain
Trautman font circuler des courriels protestant contre l'action de
signature de leurs pairs (cités en français ici
et ici).
Apparemment, avec l'attaque contre la presse libre et la demande de limoger
Larousserie, ces 503 staliniens sont allés trop loin. Lemaire est membre du
comité de rédaction de la revue Development. Il déclare :
« L'une des affirmations les plus
problématiques de ce rapport, et répétée dans le texte de la pétition, est que
des corrections dans certaines revues (Development, Journal of Cell Science)
ont été acceptées. Elles ne le sont toujours pas, plus de 3 mois après la
publication du rapport ».
5 juin 2018 Le Monde publie l'article « Comment nous avons enquêté sur une affaire d'intégrité scientifique » où l'on apprend, entre autres, que le site scienceactive.net est hébergé par l'association Citoyenseneurope.org dont le vice-président est Wollman (apparemment Fuchs, l'ancien président du CNRS, était aussi impliqué, c’est également un des signataires).
Affaire Jessus.
— Groupe J.-P. Vernant (@Gjpvernant) June 5, 2018
Réponse du Monde à la pétition demandant la tête d'un journaliste scientifique.https://t.co/Uip6snSEFK
Alors, qui a signé cette lettre
stalinienne ? Naturellement, la plupart des directeurs de recherche de
l’institut INSB-CNRS de Jessus à Paris ont signé. Sinon, ce sont surtout des
chercheurs du CNRS qui tentent de prouver leur fidélité au régime avant le
début de la purge. Certains avaient probablement des raisons plus personnelles
de signer contre l'intégrité de la recherche : plusieurs signataires avaient
leurs propres articles signalés sur PubPeer. Martin Crespi
a même figuré dans l'un
de mes articles, d'autres sont Guido
Kroemer (avec une liste assez longue de réalisations discutables sur PubPeer), Arndt Benecke
(un article intéressant ici)
et le collaborateur d'Olivier Voinnet Monsef Benkirane
(2 articles ici). Ce
dernier a également organisé une conférence
à Montpellier, qui a été ouverte le 8 juin 2018 par Petit, Jessus et le
président de l'ERC Jean-Pierre Bourguignon, comme si de rien n'était. Deux des
conférenciers invités étaient Geneviève
Almouzni, membre de l'Académie de Sciences et membre du comité d'éthique de
l'INSERM et le professeur de la Sorbonne Hervé
Chneiweiss, tous deux ont organisé cette collecte de signatures
staliniennes. Le directeur de l'ISFH, Benkirane, a-t-il signé stratégiquement
pour que tous ces éminents orateurs amis de Jessus viennent à sa conférence ?
Souvenez-vous de Voinnet
Comme déjà mentionné, le nom le
plus évident est celui de l'ancien président du CNRS, Alain Fuchs. Ce vieux
bureaucrate, avec la biologiste en chef du CNRS Jessus, dirigeait l'enquête sur
le plus grand scandale (jusqu'à récemment) de la recherche biologique française
: celui d'Olivier
Voinnet, à l'origine directeur de recherche dans un institut de sciences
végétales du CNRS IBMP à Strasbourg. Au fur et à mesure que les preuves sur PubPeer
grandissaient, mes reportages (à l'époque pour un magazine allemand) ont
déclenché une avalanche en janvier 2015, finalement Le Monde en
a parlé et l'affaire s’est bien déclenchée.
« Considérant que ces
manquements sont d’autant plus graves que M. D appartient au corps le plus
élevé des chercheurs ;
Considérant qu’en outre, ces
manquements ont porté atteinte à l’image du CNRS et à la communauté scientifique
dans son ensemble dès lors que la presse nationale s’est fait l’écho des
manquements reprochés à M. D ;
Considérant que les éléments
précités justifient légalement qu’une sanction disciplinaire soit prononcée à
l’égard de M. D ;
D E C I D E
Article 1 : M. D, directeur de
recherche de 2ème classe, est exclu pour une durée d’un an, assortie d’un
sursis de onze mois, à compter de la notification de la présente décision ;
Article 2 : La présente sanction
fera l’objet d’une publication au bulletin officiel du CNRS. »
La décision a donc été de
suspendre Dunoyer de son emploi au CNRS pendant 1 an (dont 11 mois ont ensuite
été graciés, mais au début de l'année 2018, Dunoyer a choisi de fermer
boutique et de quitter la France), tandis que Voinnet a été suspendu
pendant 2 ans, ce qui a essentiellement laissé ce directeur de recherche de
première classe bloqué là où il était délégué à l’origine en tant que
professeur : à l'ETH Zürich en Suisse. Qui n'a absolument pas l'intention de se
débarrasser de son invité français infidèle, d'autant plus qu'il a repris la
publication à un niveau plutôt décent.
Juste avant que la décision du
CNRS sur Voinnet ne soit rendue publique à l'été 2015, Fuchs a rapidement
redéfini ce qu'est la fraude dans la recherche, ou plutôt ce qu'elle n'est
pas : à savoir que la manipulation de données n'est pas une fraude. Ce que
Voinnet a fait, a été défini par Fuchs comme une mauvaise conduite de la
recherche au deuxième degré, étant donné que le laboratoire Voinnet a fait
quelques expériences après tout et que les bandes de gel n'ont pas été
dessinées avec un crayon. Avec l'affaire Jessus, à peine moins de 3 ans plus
tard, même la manipulation numérique d'images de gels et le copier-coller de
bande ont été supprimés de la définition de la faute en recherche, par le Politburo
de Fuchs, Wollman, Chambaz, son nouveau membre Petit, et apparemment aussi
Jessus, qui, semble-t-il d'après le rapport Le Monde, enquêtait sur elle-même.
Beaucoup se sont
demandé pourquoi Voinnet était autorisé à rester membre de l'Académie de
Sciences. Maintenant on le sait : voici les organisateurs de la lettre de
dénonciation stalinienne. Beaucoup sont membres de l'Académie de Sciences, tout
comme Wollman
Voinnet a été puni fondamentalement
pour les mêmes choses que Jessus avait fait « correctement » :
copier-coller des images de bandes de gel entre des images de gels.
Qualitativement, ce que nous trouvons dans les articles Jessus et Voinnet est
très similaire et tout aussi peu recommandable. Il n'y a que la différence de
quantité, car avec Voinnet, presque chacun de ses nombreux papiers s'est avéré
manipulé dans une certaine mesure, de nouvelles preuves étant trouvées chaque
fois que quelqu'un prend la peine de regarder. En fait, voici
un autre dossier de certaines manipulations de données Voinnet connues et
inconnues jusqu'à présent que j'ai reçues, traitant de l'article de Dunoyer et al Nature Genetics
2006.
Ainsi, la dialectique soviétique
caricaturale du CNRS et des élites scientifiques françaises est entrée dans une
phase de « coucou ». Comment le même type de manipulation de données
peut-il être une méconduite en recherche dans un cas et une bonne pratique
scientifique dans un autre ? À quel point faut-il être loyal envers le Parti
pour croire que Voinnet est coupable et que Jessus est victime d'une chasse aux
sorcières, s'ils ont tous les deux des bandes de gel en double dans leurs
papiers ? Comment Wollman peut-il être considéré comme un enquêteur
indépendant, impartial et sans conflit d'intérêts alors qu'il déclare lui-même « oui,
j'ai qualifié la preuve de « débile » dès le premier jour, oui j'ai laissé mon
amie Catherine m'aider à rédiger le rapport sur elle-même, et alors ? »
Pour Wollman, le concept de conflit d'intérêts n'existe pas en France, alors
que ce pompeux poulet pelucheux de la Légion du Déshonneur établit
sournoisement des listes de signatures appelant à couper la tête de ses
critiques anonymes, mais a peur d’avoir honte et d'admettre ce que tout le
monde sait déjà de toute façon.
L'@IGH_MTP fête ses #20ans ! Ouverture de la 2e journée avec Antoine Petit PDG @CNRS, Catherine Jessus Directrice de l’Institut des Sciences Biologiques @insb_cnrs et Philippe Augé Président @umontpellier @CNRSenLR @IsiteMUSE pic.twitter.com/QN8uezif4t
— Université de Montpellier (@umontpellier) June 8, 2018
La révolution s'internationalise
Le contre-rapport de 48 pages des
10 auteurs anonymes, rédigé à l'origine en français, a été discuté dans mon article
précédent. Maintenant, ces courageux scientifiques ont préparé une version
en anglais pour la communauté scientifique internationale, veuillez la trouver
ici :
12 juin 2018
Traduction améliorée du document
original publié le 11 mai 2018, intitulé :
Les 10 auteurs m'ont également
fourni une déclaration en anglais, un document de 3 pages que je
partage ici. Cette déclaration et la version anglaise du rapport de 48
pages ont également été publiées sur Sauvons
l’Université !. Quelques extraits suivent.
« Nous, généticiennes,
généticiens, biochimistes, biologistes cellulaires et moléculaires, avons lu ce
rapport, l’avons analysé, critiqué point par point et pouvons conclure que tous
les arguments de la commission d’enquête vont à l’encontre de toutes les règles
communes de bonnes pratiques scientifiques et d’interprétation des résultats
qui constituent le fondement de l’intégrité en recherche. Pire encore, et c’est
la raison qui nous a poussé à réagir (voir notre lettre ouverte), il encourage
les manipulations d’images qui sont pourtant reconnues comme des fabrications
et des falsifications de résultats.
Nous sommes ici face à un
paradoxe : bien que tout soit mis en place pour lutter contre la fraude
scientifique au CNRS et à SU, il semblerait que la dissimulation de la fraude,
grâce à un rapport trompeur, mensonger, ait été néanmoins la solution choisie
et assumée (puisque rendue publique) par les deux institutions.
L’imposture vient-elle des
institutions qui mettent l’accent sur la communication sur l’intégrité
scientifique sans en assurer les moyens effectifs en nommant une commission
incompétente ? Des membres de la commission qui auraient un quelconque intérêt
à être indulgents avec la fraude de leurs collègues ? pour dissimuler la leur ?
»
Sur les manipulations de données
rapportées dans 11 publications co-rédigées par Jessus :
« En septembre 2017, ces deux
institutions ont dû faire face à plusieurs allégations de fraude publiées sur
le site PubPeer concernant des manipulations d’images sur 21 figures publiées
dans 11 articles dont Madame Catherine Jessus (directrice de recherche au CNRS,
ancienne directrice de l’UMR SU-CNRS 7622, ancienne directrice de l’Institut de
Biologie Paris Seine (IBPS) et actuelle directrice de l’institut national des
sciences biologique du CNRS (INSB)) est coauteur. »
Sur l'affaire Anne Peyroche, la
présidente décédée du CNRS et ancienne membre du comité d'éthique CNRS COMETS :
« Cette dernière hypothèse fait
écho à une autre affaire de fraude concernant le même type de modification
d’image révélé par PubPeer et concernant le laboratoire de la biologiste Anne
Peyroche. Anne Peyroche était en effet membre du COMETS, avant sa nomination le
24 octobre 2017 à la présidence du CNRS par intérim puis son remplacement
anticipé par Antoine Petit le 18 janvier suite aux soupçons de fraude révélés
par PubPeer. Aurait-elle contribué à dissimuler, en tant que membre du COMETS
puis présidente du CNRS, les fraudes réalisées dans le laboratoire de Catherine
Jessus pour minimiser celles réalisées dans le sien ? La fraude est-elle si
largement répandue pour que deux personnes à la tête du CNRS soient incriminées
? Ou bien la fraude est-elle le moyen d’accéder aux postes de responsabilité au
CNRS ? »
Sur la lettre de signature
stalinienne :
« Le CNRS et la Sorbonne
Université ont néanmoins obtenu le soutien de 503 scientifiques français en bonne
place pour défendre un rapport d'enquête scientifiquement infondé qui disculpe
et encourage la fraude scientifique. En outre, ils prétendent comme
justification que « les pratiques entourant la publication d'images
scientifiques ont considérablement évolué au cours des 15 dernières années » et
que « les revues scientifiques où ces travaux ont été publiés ont accepté les
corrections proposées par les auteurs ». Cependant, ces deux arguments sont
incorrects. Premièrement, les bonnes ou mauvaises pratiques scientifiques sont
indépendantes de l'année de publication ; la copie et le recyclage des images
est tout simplement une fraude. En effet, il est devenu nécessaire au cours des
quinze dernières années pour les éditeurs scientifiques de rédiger des instructions
de plus en plus détaillées sur les bonnes pratiques scientifiques, dans le but
de réduire les cas de fraude de plus en plus fréquents. Deuxièmement, un seul
des articles incriminés (n ° 10, Daldello et al.) A été accepté pour correction
par le Journal of Cell Science ».
Les pétitionnaires sont en plein #EffetStreisand…
Catherine #Jessus
n'avait pas besoin de soutiens comme ça!
Et bravo à @lemonde_science
de montrer qu'il reste qq journalistes compétents dans ce canard. C'est d'un
tout autre niveau que les publireportages des pages Campus! https://t.co/8J0owFYWSw
— Doktor M. (Jean-Louis Bothurel)
(@Doktor_M_) June
5, 2018
Toute cette parodie stalinienne façon
Pravda aurait n’a rien apporté, excepté un embarras majeur pour ses
signataires. Comme je l’ai appris, le mandat de Jessus en tant que directrice
de la section biologie du CNRS expire fin 2018. Il est peu probable qu’elle se
présente à nouveau. Mais ces 503 signataires réactionnaires du rallye
pro-Jessus ont déjà choisi de se lever et d'être comptés en suivant la
contorsion mentale de 2 + 2 = 5 ordonnée par le Politburo du CNRS. Désormais,
leurs noms resteront dans le domaine public, en guise d'avertissement aux
futurs doctorants et ouverts au ridicule des pairs et des médias. La
suppression de la page Web de signature n'aidera pas. Nous avons tous fait des sauvegardes.
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