lundi 23 septembre 2024

Liberté, Égalité, Fraternité - seulement pour Raoult et les élites françaises

Traduction française de l'article paru dans For Better Science


"Didier Raoult, la fondation Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection (IHU) et Eric Chabrière ont tous décidé de poursuivre Leonid Schneider pour diffamation et insultes, qu'ils prétendent être présentes dans cet article. Ils m'ont également poursuivi, parce que je l'ai traduit en français et mis sur mon blog" - Alexander Samuel

Ceci est un billet d'invité par Alexander Samuel, un activiste français d'origine allemande qui a été poursuivi par Didier Raoult. Le crime d'Alex a été de republier mon article en traduction française, et en fait, Raoult m'a également poursuivi en justice. Les poursuites à mon encontre ont été abandonnées parce que j'ai refusé d'apprendre le français et de déménager en France. Mais malgré cela, Raoult et son IHU Méditerranée Infection à Marseille étaient déterminés à briser Alex et à le faire payer, au sens propre comme au sens figuré. Ils ont perdu.

L'histoire principale n'est cependant pas celle d'un méchant agresseur revanchard, parodie de scientifique, escroc menteur sans morale ni éthique mais atteint d'un complexe pathologique de Napoléon. Il s'agit du système politique, judiciaire et universitaire français qui a non seulement conféré à Raoult un immense pouvoir et un soutien politique jusqu'au président Macron, mais l'a également placé au-dessus de toutes les lois et réglementations françaises. Raoult a également reçu d'énormes quantités d'argent public pour la recherche afin de poursuivre tous ceux qu'il voulait, tandis que lui et ses larbins, comme le troll Eric Chabrière, étaient soutenus par des tribunaux locaux serviles déterminés à punir leurs détracteurs. Y compris la propre fille de Raoult.

Personnellement, je pense qu'Alex Samuel était une sorte d'otage pour faire supprimer mes articles sur For Better Science. Raoult, Chabrière et l'IHU savaient qu'ils ne pouvaient pas m'obliger à me conformer à la loi allemande ou française. Je pense que leurs poursuites apparemment désordonnées contre un tiers étaient destinées à exercer une sorte de chantage. Faire souffrir l'otage, l'obliger à supplier Schneider de supprimer tous les articles sur Raoult, afin que ses bourreaux le relâchent. Et en effet, l'avocat de Raoult a admis devant le tribunal qu'ils avaient poursuivi Alex pour la seule raison de m'atteindre.

Il s'agissait d'une procédure bâillon classique, où l'objectif principal n'est pas de gagner, mais de ruiner financièrement et de réduire au silence l'adversaire. La farce ne s'est arrêtée que parce que l'IHU a fini par cesser de payer pour les poursuites de Raoult. Et ce riche tyran a toujours été trop avare pour investir son propre argent dans des procédures bâillon.

Il n'y a pas que la démocratie française, avec ses valeurs de liberté et d'égalité, qui fasse ici figure de triste plaisanterie. N'oublions pas non plus toutes les victimes en France et dans le monde qui sont mortes pendant la pandémie de COVID-19 à cause de l'antivaxxerie de Raoult et de sa désinformation sur la chloroquine et l'ivermectine, alors qu'il n'a souffert d'aucune conséquence pour tous ses méfaits. Malgré toutes les enquêtes criminelles qui ont été ouvertes contre lui en 2022-2023 et qui n'ont manifestement mené à rien.

Pour rappel, la « punition » de Raoult a été sa mise à la retraite forcée avec pension et avantages complets en tant que directeur de l'IHU et professeur à l'université d'Aix-Marseille en 2022, à l'âge de 70 ans.

Raoult compte actuellement 16 rétractations (la base de données de Retraction Watch en recense 15). Aucune d'entre elles ne concerne des essais dangereux et illégaux sur la COVID-19, mais ses études microbiologiques plus anciennes qui n'ont pas été approuvées sur le plan éthique. Même dans ce cas, le nombre de rétractations aurait dû être beaucoup plus élevé : Raoult a continué à recycler le même numéro d'accord éthique inadéquat pour des centaines d'études cliniques pendant de nombreuses années, parce que son université d'Aix-Marseille n'y voyait pas d'inconvénient. Aucun responsable ne s'en est jamais soucié. C'est ainsi que fonctionne la France.

Alex Samuel va maintenant vous parler des procès intentés par Raoult contre lui et d'autres personnes.

La France fonctionne-t-elle vraiment comme ça ?

Par Alexander Samuel

Alors que l'Italie a interdit For Better Science à cause de gastro-entérologues malhonnêtes, une autre affaire impliquant ce même site web a été portée devant les tribunaux français, plus précisément à Marseille, en France. Il s'agit d'un article publié en mars 2021, sur le génie français de l'hydroxychloroquine Didier Raoult.

Didier Raoult, l'IHU et Eric Chabrière ont décidé de poursuivre Leonid Schneider pour diffamation et injures, qu'ils prétendent avoir repérées dans cet article. Ils m'ont également poursuivi parce que j'ai traduit cet article en français et que je l'ai mis sur mon blog

Les lecteurs ne me connaissent peut-être pas car j'écris principalement en français, et certains éléments que je publie sont bien trop locaux et spécifiques, parfois uniquement sur les réseaux sociaux, comme celui du chercheur d'Aix-Marseille Université et du CNRS, Jean-Marc Sabatier (voir les tweets ici et ici). Ce rédacteur en chef de trois revues Bentham a récemment publié un livre antivax (qu'il défend ici) suggérant que les vaccins COVID-19 sont en fait une conspiration visant à dépeupler la planète en tuant le plus grand nombre possible...

Je travaille souvent avec des détectives comme Lonni Besancon et Fabrice Frank, et je coécris parfois des articles répondant à des questions amusantes comme « Pourquoi l'article qui a conduit à l'utilisation généralisée de l'hydroxychloroquine dans le COVID-19 devrait être rétracté ». 

Ce billet est une bonne occasion de retracer mon travail sur l'affaire IHU / Raoult. Lorsque la pandémie a commencé, j'étais déjà un militant, et j'avais un réseau d'amis parmi le mouvement des gilets jaunes en France. Je travaillais sur les gaz lacrymogènes et je me suis fait des amis lors des manifestations contre la loi sur l'extradition de 2019 à Hong Kong. Ils m'ont aussi parlé des journalistes chinois qui ont disparu au début de la pandémie. On m'a demandé d'aider à diffuser les bons messages de santé publique, notamment en étant "plus optimiste", car les gens voulaient guérir. J'avais entendu parler de la magie de la chloroquine sur les réseaux sociaux, et d'ailleurs, Gautret et al. 2020 venait d'être publié. Au début, j'étais optimiste, mais le journaliste français Florian Gouthière a écrit un billet de blog à propos de cet article scientifique, le qualifiant de « fragile ». En tant que biologiste moléculaire, j'ai commencé à disséquer les données qPCR dans le tableau supplémentaire et j'ai remarqué que le seuil qPCR était apparemment différent entre les groupes de contrôle et de traitement. C'est devenu une évidence en regardant la dynamique du nombre de cycles au fil des jours. Mais c'était trop technique pour être expliqué aux journalistes, les rédacteurs en chef ne s'intéressaient pas à mon histoire, ils ont plutôt invité Perronne et Raoult, tous les médias étaient autour d'eux. J'ai donc commencé par l'expliquer à mes amis sur les chaînes youtube des gilets jaunes. Finalement, ce trucage du nombre de cycles de PCR a été confirmée par les techniciens de l'IHU un an plus tard.

Une grande partie de mon activité consistait à contrer la désinformation et à expliquer la fraude scientifique au grand public, en citant d'excellents travaux - souvent trouvés sur For Better Science - de diverses personnes comme Smut Clyde (David Bimler), Alexander Magazinov ou Elisabeth Bik. Je dois admettre que j'ai fait une grosse erreur dans un fil de discussion sur Twitter où je voulais détailler ces questions de qPCR : trop concentré sur l'explication, j'ai omis de citer le travail original d'Elisabeth Bik comme ma source pour les duplications d'images que je présentais pour donner du contexte en introduction, montrant comment les papiers signés par Didier Raoult avaient souvent des problèmes. C'est donc une bonne occasion de rappeler qu'il n'y a pas grand-chose à gagner en luttant contre la méconduite scientifique, et qu'il est donc important de toujours citer la personne qui a fait le travail et qui a repéré une fraude potentielle en premier. 

Leonid et moi avons obtenu gain de cause, de sorte que tout le monde peut lire et partager l'article, qui ne sera pas supprimé comme Didier Raoult l'avait demandé. Mais comment nous en sommes arrivés là et à quel prix est un point intéressant pour comprendre « comment fonctionne la France ».

Les questions de procédure

Sachez, en préambule, que je ne suis pas un spécialiste du droit, il s'agit simplement de mon compte rendu de ce que j'ai compris auprès d'experts, donc libre à vous de commenter et de corriger toute erreur ou mauvaise interprétation de ma part.

En France, les affaires de diffamation et d'injure relèvent du droit pénal et non du droit civil. Toute personne est libre de considérer un contenu comme une diffamation et peut poursuivre la personne qui a tenu ces propos. Après avoir déposé une plainte, le plaignant est censé payer une consignation pour éviter les procédures abusives. Si cette consignation n'est pas versée à temps, l'affaire est censée être abandonnée. Le plaignant récupère son argent si l'affaire aboutit. La mise en examen est presque automatiquement la conséquence d'une plainte, qu'elle soit valable ou non.

Dans notre cas, Eric Chabrière n'a pas payé sa consignation de 3000 € et le juge a classé sa plainte. Mais après 2 mois, Didier Raoult et l'IHU n'ont pas non plus payé leurs consignations respectives de 3000 € et 6000 €. L'affaire aurait dû être abandonnée à ce stade. Mais elle s'est poursuivie malgré tout et ils ont payé les consignations plus tard. Dans de tels cas, l'accusé a le droit de s'opposer, pendant l'enquête préliminaire. Ma mise en examen a débuté le 18 juillet 2022, mais je n'ai pas pu m'y opposer parce que le juge a ouvert et clôturé l'enquête pendant les deux semaines où mon avocat était en vacances d'été. Après cela, il était trop tard pour qu'une opposition puisse être prise en considération. 

Une première enquête pour identifier les auteurs a abouti à des questions posées à Leonid et à moi-même. J'ai répondu en disant que je venais de traduire l'article de Leonid sur mon propre blog. Leonid n'a pas répondu. J'ai été mis en examen, mais il a été décidé de ne pas mettre en examen Leonid, peut-être parce qu'il vit à l'étranger.

La plainte et la mise en examen ont été utilisées par des groupes de harcèlement en ligne contre moi et Leonid, et même citées comme preuve que nous étions des harceleurs en ligne. Il y a eu des articles dans des blogs conspirationnistes très visités qui ont suscité beaucoup d'engagement, et ici quelques trolls liés à l'IHU sur Twitter :

Voir les sources : 1, 2, 3, 4




Mon avocat, maître Mokhtar Abdennouri, a fait un travail fantastique malgré ces obstacles et bien d'autres. Il a parcouru les documents administratifs et a remarqué que la personne qui représentait légalement l'IHU, à savoir sa présidente Yolande Obadia, n'était en fait pas habilitée à le faire. Pour l'anecdote, elle a par la suite plaidé coupable de « prise illégale d'intérêt » car l'institut IRD dirigé par son mari Jean-Paul Moatti a versé 300 000 euros à l'IHU qu'elle dirigeait. Obadia est également l'une des plus proches amies de Didier Raoult (selon Ariane Chemin). Mon avocat a envoyé ses conclusions et le lendemain, l'IHU a abandonné ses poursuites contre moi.

En octobre 2023, Victor Garcia en parle dans L'Express et interroge l'institut. Leur réponse a été encore plus ferme : l'IHU ne soutiendrait plus aucune action en justice concernant Raoult, considérant qu'il s'agissait d'une affaire privée. À mon avis, cela arrange bien l'institut, après tout ce qui s'est passé pendant la pandémie. Je savais que le harcèlement allait se poursuivre en ligne contre moi et que j'aurais encore plus de frais juridiques à payer pour ma défense contre Didier Raoult.

Au tribunal, son avocat Brice Grazzini a demandé un report de l'audience pour lui donner plus de temps pour se préparer, et le juge a accordé une année entière malgré nos protestations. 

Procédures bâillon

Didier Raoult a annoncé publiquement, lors d'une conférence de presse, qu'il avait obtenu 95 400 euros de l'IHU pour engager des actions en justice contre ses détracteurs. En effet, il existe une protection juridique pour les employés en ce qui concerne les frais de justice pour défendre des affaires liées à leur travail. En général, cette protection est utilisée à des fins défensives. Mais le financement par l'IHU des poursuites privées de M. Raoult n'était pas légal. 

Tout d'abord, dès 2015, un rapport de l'IGAS a déclaré que la situation de Didier Raoult en tant que directeur de l'IHU et en même temps membre du conseil d'administration était illégale. M. Raoult a fait appel à des avocats pour faire valoir que ce n'était pas un problème : puisqu'il n'était pas rémunéré pour siéger au conseil d'administration, il ne pouvait pas être accusé d'exercer deux fonctions en même temps. Le salaire n'est évidemment pas la raison principale qui rend la situation problématique : en tant que membre du conseil d'administration, on vote l'allocation du budget (à soi-même), on nomme le directeur (à soi-même), etc...

Or, la première vague de procès de Raoult a été financée sans même demander l'avis du conseil d'administration, et décidée par son amie Yolande Obadia, seule. La situation a été corrigée par la suite par le recteur de l'académie de Marseille, chargé de vérifier la régularité des décisions du conseil d'administration de l'IHU (le contrôle du recteur était déjà recommandé dans le rapport de 2015). Un vote a eu lieu le 23 novembre 2021 et il a été décidé d'accorder à Raoult 80 000 € supplémentaires, le conseil d'administration ayant voté en faveur de cette décision par 13 voix contre 5. Cela signifierait que Raoult lui-même a participé à ce vote puisqu'il n'y a que 18 membres au conseil d'administration, lui compris. Enfin, dans le rapport 2022 de l'IGAS, il est indiqué que la nomination de membres du conseil d'administration comme Raoult ou Georges Leonetti, alors doyen de la faculté de médecine d'Aix Marseille Université, n'était pas conforme aux statuts de l'IHU. 

Armé de ces énormes sommes d'argent public qui lui permettent de poursuivre en privé qui bon lui semble, Didier Raoult a entamé de multiples actions contre :

  • Karim Ibazateme, directeur de la transparence clinique et de la divulgation des données chez Arcus Bio. C'est Karim Ibazateme lui-même qui a d'abord poursuivi Raoult au sujet des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine. Après avoir reçu cette plainte, le tribunal de Marseille a décidé de la classer sans suite, au motif que les enfants n'étaient inscrits que dans le groupe placebo. Cependant, la conférence nationale des comités de protection des personnes a communiqué sur cette décision de justice en pointant des contradictions. D'autres spécialistes ont également noté que Didier Raoult avait d'abord demandé une autorisation, puis publié une "étude observationnelle" après un refus, comme l'a raconté Florian Gouthière dans un article de presse. Quoi qu'il en soit, Didier Raoult a poursuivi Ibazateme en retour. Il existe une discussion plus longue de cette affaire par Guillaume Limousin sur X/twitter. 
  • Martin Hirsch, directeur des hôpitaux de l'APHP Paris. Juste après la première vague de COVID-19, les responsables politiques français ont lancé une enquête parlementaire en juin 2020. M. Raoult a bien entendu été invité. Initialement, une audition contradictoire avec d'autres experts était prévue, mais Raoult a refusé et a obligé le parlement à l'a interroger seul. Raoult affirma malhonnêtement qu'il n'avait jamais recommandé l'hydroxychloroquine, tandis que de nombreux politiciens exprimèrent leur soutien à Raoult avant de lui poser des questions flatteuses. Raoult a affirmé que Marseille (16% de mortalité chez les patients hospitalisés) faisait beaucoup mieux que Paris (43% de mortalité chez les patients hospitalisés), ce qui a incité Martin Hirsch à envoyer une lettre au président du Parlement pour contester ces chiffres. C'est pourquoi Raoult l'a poursuivi en justice.
  • Karine Lacombe, professeur de maladies infectieuses à l'APHP Paris. Un procès que Raoult a perdu, mais dont il a fait appel : une affaire liée à celle de Hirsch, car Lacombe a affirmé que Raoult avait menti devant la commission. L'article de Marine Delrue dans Libération explique que Raoult a faussement prétendu sur Twitter que Lacombe a été reconnue coupable au tribunal mais qu'elle a été acquittée parce qu'elle était de bonne foi. En réalité, les propos de Lacombe reposaient sur une base factuelle suffisante : la "bonne foi" juridique exige cela et ne peut être confondue avec le sens courant de "bonne foi".
  • Jean-Paul Stahl, professeur d'infectiologie à l'université de Grenoble. Raoult a poursuivi Stahl pour diffamation car il l'avait accusé d'avoir trafiqué ses résultats sur l'hydroxychloroquine et d'avoir raconté des "fadaises". Raoult a perdu le procès et a été condamné à verser 1000 € à Stahl.
  • Patrick Bouet, alors président de l'Ordre des médecins, qui a d'abord poursuivi Raoult. Raoult l'a ensuite poursuivi pour harcèlement.
  • Dominique Martin et l'ANSM (Agence nationale de sécurité du méciament et des produits de santé, dont Martin était le directeur général) pour « mise en danger de la vie d'autrui » et « prise illégale d'intérêts », en rapport avec les décisions de l'ANSM concernant les prescriptions d'hydroxcychloroquine et de Remdesivir.
  • François Crémieux, directeur des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), d'autres membres de l'AP-HM ainsi que Mediapart.
  • Elisabeth Bik et Boris Barbour (de PubPeer) pour des faits présumés de harcèlement et de chantage relatés dans ce billet. Ces affaires ont été classées.
  • Guillaume Limousin pour diffamation, parce qu'il a dit, en tant que professeur de mathématiques, que Didier Raoult faisait des erreurs de mathématiques de niveau collège. Didier Raoult a perdu ce procès mais a fait appel.
Une fois qu'une telle procédure est entamée, l'enquête démarre lentement, ce qui demande beaucoup de temps et d'énergie, quelle que soit l'issue, pour l'accusé. Les accusés doivent faire appel à un avocat, ce qui est préférable même s'ils peuvent essayer de se défendre seuls. Le remboursement de tous ces frais n'est pas garanti. Dans la plupart des cas, ils ne sont que partiellement remboursés, voire pas du tout. Il s'agit là d'une faille du système judiciaire français : quelqu'un qui n'est pas limité par l'argent peut simplement entamer des poursuites et faire payer à ses cibles des frais coûteux, les noyer financièrement et les réduire au silence par la suite. C'est ce qu'on appelle en France une « procédure bâillon ». Les lanceurs d'alerte n'ont souvent aucune protection contre de telles actions de la justice, malgré quelques lois protectrices récentes qui sont encore difficiles à appliquer. J'ai essayé d'obtenir le statut de lanceur d'alerte, mais le « défenseur des droits », la seule personne capable d'accorder ce statut, a refusé de me voir ou de m'entendre. 

Raoult m'a demandé de payer 20 000 euros pour le préjudice et 10 000 euros pour les frais de justice, et de me condamner à payer 1000 euros par jour si je ne retire pas l'article de mon blog.

Un jour avant le procès, Didier Raoult s'est désisté de sa plainte. Cela rend juridiquement encore plus difficile ma demande d'indemnisation pour mes frais de justice. Le tribunal statuera et publiera son verdict le 18 octobre 2024. J'ai peut-être perdu 5400 €. Mais ce n'est que de l'argent. Les personnes qui sont mortes pendant la pandémie à cause de la désinformation, de la fraude scientifique et d'autres formes d'exploitation de la pandémie ne reviendront pas.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait abandonné l'affaire, l'avocat de Didier Raoult a expliqué qu'il ne s'en prenait pas à moi, mais à Leonid. Mon avocat a répliqué en disant "pourquoi continuer à poursuivre Alexander Samuel en 2022 alors que Leonid Schneider n'était plus dans l'affaire ?" Olivier Hertel a également couvert l'affaire, concluant qu'on ne peut pas qualifier des phrases comme celles-ci de diffamatoires : « Raoult a organisé un essai clinique illégal avec de vrais patients pour prouver que la chloroquine était efficace ». 

Voyons quelques faits qui n'ont pas été discutés au tribunal.

Auteur ou pas ?

Sur l'article de mon blog, qui utilise la plateforme « Blogger », il y a une mention « écrit par », insérée automatiquement lorsqu'on publie un texte. Grazzini a prétendu que j'étais « l'auteur direct », ou que je « m'approprierais » le texte écrit par Leonid. En fait, j'ai demandé à Leonid si je pouvais traduire et publier son article, avec ses mots.

Mais les tribunaux français prennent parfois des décisions étranges. J'ai rencontré Magali Carcopino, la fille de Didier Raoult, et elle a accepté de m'aider à rédiger un article sur For Better Science. Plus tard, elle a accusé Eric Chabrière, déjà signalé comme « libre de harceler les critiques de HCQ » par Times Higher Education, de la harceler en ligne avec un compte anonyme appelé « Le professionnel ». Après avoir démontré au tribunal que le numéro de téléphone utilisé pour créer ce compte était bien celui de Chabrière, le juge a décidé que, puisque le numéro de téléphone de Chabrière se trouvait également sur un pdf public dans un sous-domaine du site web de l'IHU, n'importe qui aurait pu utiliser ce numéro pour créer ce compte, et qu'il ne s'agissait pas d'une preuve que Chabrière lui-même l'avait fait (lire également les shorts de janvier 2021 et de mai 2023). Manifestement, le fait que l'on reçoive un code de confirmation sur son téléphone pour enregistrer un compte sur Twitter n'a pas vraiment été pris en compte. Finalement, Magali a été condamnée à verser 2000€ à Chabrière à titre de dédommagement (et son mari, qui était également plaignant, a également dû payer 2000€).

Base factuelle

Je ne reproduirai pas l'intégralité de l'article accusé d'être diffamatoire, les lecteurs peuvent consulter l'article original pour se faire leur propre opinion.

Le 2 mars 2012, Didier Raoult est au centre de l'attention du magazine Science. On y apprend que Raoult a été interdit de publication dans les revues de l'ASM pour fausse déclaration de données. Elisabeth Bik a également trouvé des duplications d'images dans les articles de Raoult. Les journalistes ont également souligné que cette faute était bien connue de la communauté scientifique, rappelant des rapports et une tribune publique. Pierre Ouzoulias, sénateur français, a même déclaré que les nouvelles lois contre la fraude scientifique ont été adoptées à cause de Raoult, qu'il a qualifié de tricheur. Peut-on, sur une telle base, parler de « données faussées » ?

Le 28 octobre 2021, un article de presse parlant d'essais sur la tuberculose indiquait que des essais illégaux avaient causé de graves complications et que ces prescriptions se poursuivaient à l'IHU. Ces essais ont débuté en 2017 et ont même provoqué des complications rénales et une hématurie chez un patient tchétchène de 17 ans. Mais intéressons-nous aussi à la pandémie de covidie. Même si le nom de Didier Raoult n'est jamais cité dans une communication de l'Agence de régulation du médicament (ANSM), intitulée « Protocoles de recherche clinique illégaux, prescriptions hors AMM injustifiées », la dérive de certains médecins (non nommés) y est décrite. Un rapport de l'ANSM datant de 2022 signale que l'agence a reçu de faux documents pour justifier les essais cliniques. Une enquête a été ouverte pour « faux documents », « usage de faux documents » et « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle ». Mais pire, depuis 1993, 30 ans d'expérimentations sauvages sur l'être humain, en particulier sur des personnes vulnérables comme des SDF, ont été décrits dans un article du point.

La discussion autour de l'étude observationnelle sur l'hydroxychloroquine, qui avait demandé un accord éthique qu'elle n'a pas obtenu, mérite également d'être mentionnée ici. Mais je pense que le document le plus frappant est l'évaluation de l'IHU par l'IGAS en 2022 (dont un résumé existe en anglais ici) : à propos des prescriptions COVID-19 d'hydroxychloroquine/azithromycine/zinc et d'ivermectine, ou de certaines études à l'IHU, « ces faits sont de nature à être considérés comme des infractions pénales ». Peut-on parler d'« essais cliniques illégaux » dans un tel cas ?

Ce même rapport explique que les données de Nice ont été utilisées comme contrôle dans l'étude de Gautret et al 2020 : 34 patients avaient un résultat de PCR, mais seulement 6 ont été utilisés. La légende du tableau indique que les résultats de PCR avec un Ct égal ou supérieur à 35 sont négatifs. Or, des résultats avec des Ct de 38 ou 40 ont été transcrits comme positifs sur les données de l'IHU. Confronté à cette information lors d'une émission télévisée, le vice-président de l'IHU, Louis Schweitzer, a répondu « oui, sans aucun doute » lorsqu'on lui a demandé s'il s'agissait d'une fraude. Des incohérences ont également été constatées et décrites dans un article relu par des pairs entre la première publication de ces résultats en 2020 et une mise à jour en 2021. Peut-on parler d'« essais cliniques falsifiés » lorsque cela se produit ?

Certains « vieux rapports » sur l'IHU ont fait surface pendant la pandémie. Mais le plus emblématique n'a pas été rendu public. Ce rapport de 2017 fait état de « données falsifiées », de « harcèlement sexuel et moral » dû au « management autocratique ». 8 personnes ont reçu ce rapport à cette époque, dont Frédérique Vidal, ministre de la recherche (et de la duplication de gel), Yvon Berland, président d'Aix Marseille Université, et Jean-Olivier Arnaud, directeur de l'AP-HM. Rien n'a été fait.

Une lettre anonyme s'est également plainte de harcèlement, et une visite du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a confirmé le cas de harcèlement sexuel, ce qui a ensuite conduit à la condamnation d'Eric Ghigo (lire ici et ici). Ces éléments ont tous été confirmés dans le rapport 2022 de l'IGAS. Didier Raoult a été informé en 2015 mais n'a rien fait malgré les lois françaises l'obligeant à agir (article 40). Il a même plaisanté à ce sujet en 2018, en disant “Je vous remercie d’avoir décrit ce lieu comme un lupanar. J’ai fait installer un distributeur de capotes anglaises”. Lors d'une émission télévisée d'investigation française, les commentaires de Raoult sur la victime ont également été cités : « La timidité n'était pas son trait de caractère le plus remarquable », “professionnellement parlant, elle avait la réputation de passer sa journée au café”, “scientifiquement, ce n'est pas une star”, et lorsqu'on lui demande si les victimes auraient pu mentir, sa réponse est “je pense que oui pour Mme X”. Qu'en est-il du fait de parler d'intimidation et de couverture de harcèlement sexuel au regard de ces faits : peut-on parler de diffamation si c'est le cas ?

L'article incriminé portait principalement sur les révélations de Christian Lehmann. Elles sont détaillées dans le post original, mais rappelons les faits. Tout d'abord, le 23 mars 2020, une loi française a été votée pour réserver l'hydroxychloroquine aux patients hospitalisés et éviter les prescriptions massives. A l'IHU, les patients sont alors hospitalisés pour une journée (« hospitalisation de jour »), et plus de 40% des hospitalisations de jour en France se font dans les Hôpitaux de Marseille en 2020 (1% des hospitalisations de jour s'y faisaient l'année précédente).

Selon Ariane Chemin, cela s'est fait avec la complicité du président français Emmanuel Macron et d'Olivier Véran, ministre de la santé à l'époque, qui a rassuré Didier Raoult sur le fait qu'il n'y aurait pas de contrôle à l'IHU. Anne Jouan a interrogé des sources anonymes à l'ANSM dans son livre, elle a également rapporté que le président et le ministre de la santé ont interféré pour arrêter des enquêtes qui auraient pu être faites début 2020 à l'IHU. Ces hospitalisations ont coûté très cher (plus de 1200 € selon Lehmann). Malheureusement, ce n'est qu'en juin 2023 que l'IHU a été perquisitionné par les autorités pour une enquête sur le « plus grand essai sauvage de l'Histoire » selon les sociétés scientifiques et médicales françaises qui ont cosigné une tribune (lire aussi Shorts de septembre 2022). A mon avis, la définition d'une « gigantesque escroquerie criminelle » est très proche de celle du « plus grand essai clinique illégal de l'Histoire ». 

Concentrons-nous sur les études de Didier Raoult sur l'hydroxychloroquine, étant donné qu'une nouvelle a été publiée récemment dans une revue prédatrice. Ces études affirment systématiquement que l'hydroxychloroquine est efficace, sur la base de résultats obtenus auprès de patients de l'IHU. Il est intéressant de noter que le fait que les patients présentant des symptômes légers aient été comptabilisés comme hospitalisés permet de prétendre que les résultats sont meilleurs que dans le reste du monde. De nombreux biais ont été décrits dans chaque étude publiée sur ce sujet par Raoult et ses coauteurs. Dans cette dernière, un commentaire intéressant de Thomas Kesteman sur PubPeer suggère que les résultats sont en fait non significatifs.

Je ne comprends toujours pas, avec toutes ces preuves, comment Didier Raoult a pu imaginer qu'il pourrait gagner un procès contre moi. Pourtant, je crains qu'il n'entame à nouveau une action en justice contre moi, et qu'il ne l'abandonne à nouveau à la dernière minute. C'est ainsi que l'on peut intimider et faire taire les critiques en France.

L'affaire Lega

Didier Raoult ne s'est pas présenté au tribunal pour m'attaquer. Mais deux jours plus tôt, il avait eu le temps d'aller sur le média conspirationniste français « France Soir ». Ce journal français, autrefois célèbre, a été racheté par Xavier Azalbert, qui en a fait un blog conspirationniste. Ce même Azalbert fait partie d'un groupe qui harcèle un professeur de médecine à Lyon, Jean-Christophe Lega.

Lega a publié un article au début de cette année, estimant le nombre de personnes décédées à la suite de prescriptions d'hydroxychloroquine dans les hôpitaux au cours de la première vague dans 6 pays pour lesquels des données sont disponibles (entre 3 000 et 30 000 décès). Raoult a attaqué l'article de Lega lors d'une émission de télévision française critiquée pour sa promotion de l'idéologie d'extrême droite et des théories conspirationnistes (y compris les absurdités de l'adrénochrome). Une campagne de harcèlement a été lancée contre Lega, avec des menaces juridiques contre le rédacteur en chef du journal et des manifestations devant l'hôpital de Lega, tandis que France Soir d'Azalbert comparait Lega à des nazis. Le harcèlement s'est poursuivi avec des attaques contre Mathieu Molimard qui a défendu la publication de Lega publiquement : il a reçu de nombreuses lettres de menaces et messages de haine, et s'est plaint de n'avoir pratiquement aucun soutien institutionnel.

La pression s'est même internationalisée sur l'étude de la Lega, avec l'envoi de lettres à l'éditeur en provenance de différents pays. Il est intéressant de noter qu'au Brésil, une vaste enquête criminelle a eu lieu, impliquant le président Jair Bolsonaro, dans laquelle Didier Raoult est mentionné. Une entreprise privée du secteur de la santé, « Prevent Senior », a mené de vastes essais cliniques clandestins, basés sur le protocole de Didier Raoult. L'hydroxychloroquine a également été utilisée par des réseaux d'extrême droite qui ont gagné des millions grâce à ses ventes illégales. Tous ces acteurs s'exposeraient à de lourdes conséquences et de nombreux médecins dans le monde ont tout intérêt à bloquer tout article estimant le nombre de décès que l'hydroxychloroquine aurait pu causer.

L'article de la Lega a finalement été rétracté, mais l'avis a soulevé de nombreuses questions : il semble qu'il ait été retiré sous la pression et sans avoir fait l'objet d'une procédure régulière de publication de lettres à l'éditeur et des réponses.

Ceci n'est pas sans rappeler la première publication de Raoult, Gautret et al 2020. En fait, Didier Raoult a proféré des menaces juridiques à l'encontre de l'éditeur Elsevier pour empêcher la rétractation de son étude, qu'Elsevier avait prévue sur la base du rapport de Fritz Rosendaal. La preuve en a été divulguée dans un épisode de l'émission d'investigation « Enquête Exclusive ». Aucune autorité française ne s'est souciée de la lettre ouverte signée par des centaines de scientifiques qui s'inquiétaient de ces menaces juridiques.

Ecoutons Didier Raoult ?

Il est toujours possible que Didier Raoult ait raison sur certains points. Il ne peut pas toujours se tromper. Je pense qu'il y a des éléments assez intelligents dans ses propos, notamment lorsqu'il critique l'étude de Lega qui n'attribuerait que 17 000 décès à l'hydroxychloroquine en moyenne, sous-estimant largement le « succès » de Raoult. Raoult dit d'ailleurs que John Ioannidis est le numéro un mondial car il publie beaucoup, son indice H est supérieur à 200, on peut lui faire confiance. 

Écoutons donc Ioannidis et faisons-lui confiance comme le fait Raoult :

« Il y a probablement un effet de cohorte et un effet de ce que nous avons fait de manière erronée pendant la première vague. Nous avons publié un article dans Nature Communications, qui est une méta-analyse internationale des essais sur l'hydroxychloroquine. Nous montrons une augmentation significative de la mortalité, nous avons probablement tué une centaine de milliers de personnes avec l'hydroxychloroquine, en tant que traitement, au niveau mondial ».

Cet article est celui que le professeur Lega a utilisé pour estimer la mortalité due au traitement à l'hydroxychloroquine chez les patients hospitalisés au cours de la première vague. Il s'agit d'une surmortalité de 11 % (OR 1.11, 95% CI : 1.02, 1.20 ; I² = 0% ; 26 essais ; 10.012 patients). 

Raoult a également déclaré dans une prépublication hébergée par l'IHU que grâce à son article de 2020, celui pour lequel il a menacé Elsevier afin qu'il ne soit pas rétracté, la moitié du monde prenait de l'hydroxychloroquine :

« Il convient de noter que cet article est aujourd'hui de loin le plus cité dans la littérature sur le traitement du COVID-19, dépassant les 1600 citations dans Google Scholar. Grâce à cet article, la moitié de la population mondiale bénéficie désormais d'une recommandation d'hydroxychloroquine avec ou sans azithromycine, ce qui concerne actuellement plus de 4,5 milliards de personnes ».

Je comprends que Didier Raoult ne soit pas d'accord avec le professeur Lega. Il veut être crédité du traitement à l'hydroxychloroquine dans le monde entier. Il dit également que nous devrions faire confiance à Ioannidis. Ioannidis nous a dit que l'hydroxychloroquine entraînait une surmortalité de 11 %. Si l'on prend les décès estimés à ce jour dans le cadre du COVID-19, soit environ 7 millions de personnes, cela représente 770 000 décès. C'est un score bien plus élevé que 17 000.

Malheureusement, il semble que le système judiciaire français ne progresse pas rapidement dans l'affaire de l'IHU. Les tribunaux sont-ils submergés de procédures bâillons ?

La politique peut jouer un rôle. Le 21 septembre 2024, le nouveau Premier ministre français Michel Barnier a annoncé son nouveau cabinet. Patrick Hetzel sera le nouveau ministre de la recherche. Il est intéressant de noter qu'il a été l'un des premiers soutiens de Didier Raoult, envoyant une lettre ouverte au président Macron, lui demandant d'autoriser et de soutenir l'hydroxychloroquine, l'azithromycine et le zinc en tant que traitement du COVID-19. Il a même partagé en ligne une pétition lancée par l'ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, avec Christian Perronne (maître du protocole de la maladie de Lyme à base de chloroquine) et Martine Wonner (une conspirationniste française connue).

Douste-Blazy regrette aujourd'hui sa pétition, mais Hetzel ne semble pas avoir encore émis de critiques. Il a préféré critiquer la campagne de vaccination française de juillet 2021 car les vaccins étaient encore en phase 3 d'essai clinique à cette époque.

Essais cliniques illégaux ?

Un jour avant mon audience au tribunal, lorsque Didier Raoult a abandonné le procès qu'il avait intenté il y a 3 ans contre moi, son bon ami et successeur Pierre-Edouard Fournier (lire à son sujet dans Shorts de juillet 2022) a fait une drôle d'action. Il dirigeait le comité d'éthique ad hoc selon le rapport IGAS 2022. Il était également rédacteur en chef d'une revue favorable à Raoult. C'est le même accord du comité d'éthique qui est énoncé dans 249 publications comme décrit dans l'article de Fabrice Frank que j'ai eu l'honneur de co-écrire, intitulé « Raising concerned on questionable ethical approvals - a case study of 456 trial from the Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection ».

Mais soudain, Fournier est devenu un lanceur d'alerte au sein des hôpitaux de Marseille (AP-HM), rapportant aux autorités sanitaires françaises les dernières recherches jugées illégales de Didier Raoult. Je pense qu'il s'agit là de la meilleure illusion à la française. 

Je me demande s'il y aura des comptes à rendre à un moment ou à un autre dans cette histoire. L'homme politique Christian Estrosi, qui s'est donné en spectacle pour soutenir l'hydroxychloroquine tout en se vantant que Didier Raoult était son ami, a été promu officier de la Légion d'honneur au début de l'année 2021. Hervé Cael, qui a créé un site internet intitulé « in chloroquine we trust » et soutenu Didier Raoult, a été nommé président de l'ordre des médecins de la région Provence Alpes Côte-d'Azur (où se trouve Marseille) en février 2022. Renaud Muselier, président de la région, est également membre du conseil d'administration qui a voté les fonds pour le procès de Didier Raoult. Il a déclaré que Didier Raoult avait sauvé sa mère pendant la pandémie. Il est également un ami très proche de Raoult, une amitié qui a débuté alors qu'ils étaient tous deux étudiants en médecine.

Eric Berton, président de l'université d'Aix-Marseille (AMU), a également déclaré qu'il n'était pas responsable lorsqu'il a été accusé d'inaction. En fait, il n'était pas si inactif que cela : il semble avoir transmis des courriels de lanceurs d'alerte à Eric Chabrière, qui les a utilisés en ligne pour exposer les dénonciateurs au harcèlement et aux menaces. Autre fait amusant concernant le coordinateur du comité d'éthique d'AMU : Audrey Zeitoun-Calvo semble utiliser la déclaration d'Helsinki comme un moyen d'émettre des menaces juridiques pour défendre les scientifiques qui ont publié de fausses données scientifiques. 

Tant de personnes auraient pu faire quelque chose pour arrêter les essais cliniques à l'IHU, pour empêcher la propagation de toutes ces absurdités. Jacques Robert a écrit la « trahison des tutelles ». A mon avis, c'est très juste comme titre. 

Ce qui me fait peur, c'est que des médecins charlatans, des groupes antivax et d'autres théoriciens du complot ont gagné beaucoup d'argent grâce à des dons et utilisent maintenant ce crowdfunding pour entamer des procédures judiciaires contre des médecins respectables. Jerôme Marty et Jerôme Barrière ont dû faire face à ce type d'action. 

Nous n'avons pas beaucoup entendu parler des enquêtes ouvertes sur l'IHU (accusations d'utilisation de documents falsifiés pour justifier des essais cliniques illégaux il y a deux ans, mentionnées plus haut dans cet article, par exemple). Les seuls procès qui ont eu lieu jusqu'à présent sont des procédures qui ont fait perdre du temps, de l'argent et de l'énergie à de véritables lanceurs d'alerte.

Karine Lacombe, Dominique Costagliola, Elisabeth Bik, Guillaume Limousin, Damien Barraud, Lonni Besancon, Nathan Peiffer-Smadja, Thibault Fiolet, Fabrice Frank ont tous été harcelés en ligne. Certains ont même été harcelés juridiquement. 

Je suis fier d'être en leur compagnie. Et j'espère toujours que la France fonctionnera différemment un jour ou l'autre.



jeudi 15 septembre 2022

Désinformation du réseau Réinfocovid/CSI

 Résumé :


Dans l’actualité récente, La Dépêche a révélé que la DGSI surveillait de près Réinfocovid, un mouvement à dérive sectaire à l’origine de publicités mensongères antivax sur des panneaux à Toulouse. Au sein de ce collectif officient Olivier Soulier et Louis Fouché. En Octobre 2021, le journal Le Monde alertait déjà sur les pratiques inquiétantes ayant cours (dérives sectaires, montages financiers, déscolarisation, “communauté” autarcique dans un domaine isolé de l’Aveyron, pseudo-médecines…), donnant la parole à des victimes ayant réussi à sortir de ce milieu. 


Pourtant, en février dernier, la sénatrice Muller-Bronn a invité Louis Fouché et ses proches dans un hôtel de luxe pour donner une conférence en conviant les autres sénateurs à l’écouter. Son discours ? Il annonce un nouveau “procès de Nuremberg”, pointant des “scientifiques corrompus et pervers”. Pourquoi ? Car des gens “qui pouvaient se remettre [du covid19]” ont été euthanasiés au Rivotril” selon ses termes. Il désigne donc un ennemi, l’ensemble du corps médical ayant subi la première vague covid, et la traite de “khmers blancs technosanitaires totalitaristes”. 


Élargissant ses cibles dans un complotisme de plus en plus assumé, il analyse le confinement : "ça peut être un grand plan fait par les banques du monde pour essayer de nous mettre dans le rouge, prendre le pouvoir". Selon lui, "les médecins prennent le pouvoir sur vous, bientôt ils auront le droit de cuissage". Comment se défendre ? "Si c’est un complot mondial, ben ceux-là il faut qu’on les pende". Et, sur Radio Courtoisie : "une fois qu'ils seront repus de sang au milieu de leur festin, de leurs orgies ténébreuses, enfin ils pourront être abattus".


De tels propos pourraient prêter à sourire s’ils n’avaient pas une répercussion et une visibilité aussi massive. Car Reinfocovid a une taille et un fonctionnement “industriels”, possède de nombreux relais dans l’extrême-droite et les journaux et l’internet complotistes, s’est structuré en plusieurs associations, a monté un syndicat, a construit des montages financiers élaborés, et diffuse puissamment des messages anti-sciences et dangereux pour la santé publique.


Une des cibles favorites de Louis Fouché est le vaccin : "Le vaccin, il ne marchera jamais, c’est une arnaque, c'est un hold up parce que les sous qu’on met dans le vaccin c’est énorme". Il déforme la science et la littérature scientifique, prétendant que "les articles scientifiques pleuvent pour dire que la vaccination c’est une énorme connerie, que c’est toxique". De ce fait, il considère que "vacciner les personnes âgées en EHPAD, vous êtes fous ou quoi ? C’est un génocide !". Il élargit sa critique à tous les vaccins d’ailleurs : "moi je pense qu’il ne faut pas vacciner votre petite maman contre la grippe cette année".


Mais Réinfocovid ne s’arrête pas à un petit collectif antivax. En se développant, tous les champs de la société sont insidieusement investis (médecins, pharmaciens, chercheurs, enseignants du secondaire, professeurs des universités, avocats…, plusieurs étant d’ailleurs déjà poursuivis, voire déjà condamnés en justice pénale ou ordinale) et un véritable séparatisme commence à être mis en place. Cela peut très bien s’illustrer par le rapport à l’école où pour contester les mesures sanitaires il recommande : "allez-y à 25 y compris d’écoles différentes, et montrez que vous vous faites la bise et que vous rigolez". Organisant la sortie du système scolaire, du système de santé, du système de retraites, ce collectif représente un réel danger pour ses adhérents en les isolant


Voici un dossier précisément sourcé sur Réinfocovid et les collectifs et associations associés.





En août 2020, apparaît sur internet le site web du collectif “Réinfocovid”. C’est autour de la personnalité de Louis Fouché, que vont se fédérer plusieurs centaines de militants au sein de multiples structures connexes : “Conseil Scientifique Indépendant”, “Réinfosanté”, “Réinfolibertés”, le collectif de santé pédiatrique, le collectif “la jeunesse de la liberté”, ou encore le “Syndicat Liberté Santé”. Toutes ces structures sont plus ou moins opaques : par exemple, Reinfocovid est informel et n’a pas de statuts, mais semble financé par Reinfolibertés qui est une association loi 1901. Ou encore le “Syndicat Santé Liberté”, structure censée aider les soignants non-vaccinés suspendus, mais au financement obscur, avec des dons venant de l’avocat de Didier Raoult, Me Fabrice Di Vizio, lui-même poursuivi par l’Ordre des Avocats du barreau de Paris. Aujourd’hui le collectif Reinfocovid revendique 80 000 membres, réunis dans plus de 150 collectifs locaux affiliés, sans qu’il soit possible de le vérifier. Mais des enquêtes ont montré que d’autres collectifs très proches annonçaient des nombres d’adhérents fantaisistes (cf. infra).


Ces collectifs informels ou associations loi 1901 entretiennent dès leur création une forte proximité avec l’extrême droite la plus radicale, entre complotisme, séparatisme et dérive sectaires. La sphère Réinfocovid a été une des principales sources de désinformation francophone durant la pandémie de Covid-19 :  promotion de traitements non éprouvés (dits précoces), défiance vaccinale et négation de la gravité de la pandémie. Si certains membres du « cercle cœur » (l’instance dirigeante du collectif) ont été affectés par les mesures d’exclusion des soignants refusant la vaccination, leurs activités parallèles liées (conférences, livres, films, nombreux appels aux dons, “cagnottes” en ligne, réseau de soins, stages santé, etc) laissent penser que l’enrichissement personnel peut être une des pistes concernant leurs motivations. Cependant, Réinfocovid s’est d’abord structuré autour de revendications d’ordre politique. Dans cette optique, le collectif dépose des listes aux élections régionales de 2021 et soutient des candidats aux législatives 2022 en lien avec des réseaux survivalistes à tendance sectaires : les Réseaux de Solidarité Active et Solaris.


1) Les origines


À la fin de l’été 2020, Louis Fouché, médecin anesthésiste-réanimateur, jusque-là inconnu du grand public, lance un appel aux soignants relayé par France Soir : “il s’agit d’ouvrir le débat pour une politique sanitaire juste et proportionnée”. Un discours volontairement très rassuriste, reprenant les propos de Didier Raoult — il participera d’ailleurs à une conférence à l’IHU, où travaille sa femme Carole Cassagne — il nie la possibilité d’une seconde vague épidémique et assimile toutes mesures de prévention sanitaires à une répression gouvernementale. “L’ambassadeur” du collectif multiplie les passages médiatiques (Cnews et Sud Radio notamment) au cours desquels, il contrevient à de nombreux points du code de la santé publique. Dans son discours, on trouve pêle-mêle des affirmations minimisant l’impact du virus (il n’y aurait pas eu de surmortalité), la négation de la capacité des enfants à contaminer, la promotion de traitements non éprouvés comme l’hydroxychloroquine. Il  soutient Christian Perronne, Jean-François Toussaint, la députée Martine Wonner, affirme que les vaccins ont une balance bénéfice risque négative et affirme que les vaccins contiennent une puce RFID… Il accuse ses confrères d’être des “khmers blancs” complices d’un assassinat de masse au Rivotril et de l’instauration d’une dictature techno-sanitaire, allant jusqu’à appeler à les pendre. Plus globalement, il reprend à son compte les thèses exposées dans la Great Barrington Declaration. Ce texte élaboré par l’American Institute for Economic Research — think tank libertarien américain dont les activités jusqu’ici consistait à un lobbying climato-négationniste auprès des instances régulatrices US — fait la promotion de l’immunité collective par infection de masse. Il s’agit d’une stratégie consistant à maximiser la circulation virale dans les populations considérées comme non à risque, afin de créer une immunité collective qui permettrait de mettre fin à l’épidémie. Une conception de la santé publique jugée extrêmement dangereuse et éthiquement eugéniste. 


Formé à l’hypnose dans le cadre de son travail de médecin anesthésiste-réanimateur, Louis Fouché va alors multiplier les vidéos virales sur le thème de la manipulation des foules par des médias “aux ordres”. Il dénonce la terreur instillée lors du premier confinement et conteste la réalité d’une pandémie construite médiatiquement qui n’a pas laissé de “morts sur les trottoirs” ni de “bûchers aux coins des rues”. Avec un discours plus nuancé et intellectuel que celui de l’extrême-droite complotiste, il va contribuer à attirer un nouveau public dans les  réseaux de l’extrême droite complotiste qui lui ouvre largement ses portes (E&R, planete360, Radio Courtoisie, TVLibertés, France Soir, le média en 442…). Une extrême droite qui en retour va s’emparer du personnage pour en faire une des figures tutélaires du mouvement antivax. 

Si dès sa conception, Réinfocovid cultive des liens rapprochés avec l’ultradroite et les intégristes religieux (Henrion-Caude, Di vizio, C.N.T, Eric Fiorile), c’est à partir de l’automne 2020  que le discours va se radicaliser. Louis Fouché va alors publiquement s'afficher avec les réseaux de la sphère antisémite de la Dissidence (Krusi, Bugault, Frammery, Slobodan Despot, Marc Gabriel Draghi, Casanovas, Salim Laïbi…). Ce rapprochement avec les réseaux de l’ultradroite va rapidement entraîner Louis Fouché dans une spirale d’engagement vers des théories conspirationnistes toujours plus élaborées et radicales. Dans un premier temps, il dénonce une collusion d’intérêts capitalistiques et politiques entre groupes pharmaceutiques et gouvernements qui tireraient parti de la pandémie. Pour les uns, il s’agirait de maximiser leurs profits et, pour les autres, de produire des politiques répressives, dans le but d’imposer un nouvel ordre mondial transhumaniste et un Great Reset économique.


Louis Fouché n’hésite pas à aller jusqu’à promouvoir le documenteur complotiste “Hold-Up”, s’appuyant sur ce dernier pour justifier son propos - il interviendra d’ailleurs dans la version étendue de ce documentaire mensonger complotiste, Hold-Up+.


2) Le conseil scientifique indépendant (CSI)


C’est une émanation de la Coordination Santé Libre, un inter-collectif regroupant les associations AIMSIB, Bon Sens (Trotta, Brusa), Laissons les Médecins Prescrire (Martine Wonner, Alain Houpert…), la fondation Catherine Kousmine et des collectifs antivax de Guadeloupe, Martinique et La Réunion. Le CSI se réunit hebdomadairement pour une émission en direct diffusée sur de nombreuses plateformes de streaming. Loin de sa revendication scientifique, il s’agit d’une des principales plateformes de relais de théories du complot et de désinformation scientifique. Ses intervenants réguliers sont liés à des pratiques médicales charlatanesques, dont notamment la Médecine Nouvelle Germanique du Dr Hammer. 


A) Collectifs et associations associés à ce “Conseil Scientifique Indépendant”


L’AIMSIB :
(Association internationale pour une médecine scientifique et indépendante) est une association historique antivax fondée en 2016 autour de Michel de Lorgeril (qui conteste le danger du cholestérol) et comptant parmi ses membres Augustin de Livois, Déborah Donnier, Eric Menat, Pascal Sacré… tout en entretenant des liens avec Nicole Délépine ou encore l’IPSN (comptant Henri Joyeux dans son comité scientifique). Cette association antivax relaie le documentaire complotiste mensonger “Effets secondaires : la face cachée des vaccins” où apparaissent Christine Cotton (cf. infra), Michèle Rivasi (cf. infra), Laurent Mucchielli (cf. infra) et l’avocat des gourous et des antivax Jean-Pierre Joseph.


L’association Bon-Sens :
Elle a pour président Xavier Azalbert (patron du blog complotiste France Soir, déjà plusieurs fois condamné : aux prud’hommes, ainsi qu’au pénal par le Pr Caumes) et qui a publié une tribune appelant à la décapitation de plusieurs médecins et chercheurs, ce qui a conduit à une conférence de presse le 7 septembre 2021 appelant les pouvoirs publics à agir et le Conseil de l’Ordre à se saisir de la question), pour vice-président le Pr Christian Perronne (professeur des universités, déchu de sa fonction de chef de service par l’AP-HP), et pour trésorier Silvano Trotta (businessman et complotiste notoire, propageant par exemple l’affirmation que la lune est creuse et créée par l’Homme, mais aussi des informations bien plus dangereuses pour la santé), et enfin pour secrétaire Jean-Yves Capo (chef d’entreprise, multirécidiviste de tentatives de divulgations d’éléments de vie privée de ses contradicteurs sur Twitter, et qui vise souvent d’ailleurs par erreur les mauvaises personnes). Ce bureau est complété par Corinne Reverbel (chef d’entreprise et propagatrice de thèses complotistes), Jean-François Lesgards (chef d’entreprise qui profite de la crise covid pour promouvoir les produits charlatanesques qu’il vend sur internet et prétend ainsi guérir les patients atteints de la covid), Mounir Aberkane, dit biomoon (professeur de biologie en lycée qui s’adonne à relayer des thèses complotistes sur la covid et insulte copieusement sur Twitter), le Dr Alexis Lacout (médecin radiologue dans le Cantal, grand défenseur du Pr Perronne et “lyme doctor”, ayant fait l’objet d’un signalement au CNOM le 7 mars 2021 car il aurait prescrit de l’ivermectine contre la covid à une patiente qu’il n’aurait jamais vue : information sous toute réserve, mais signalement suivi par le CNOM), Gérard Guillaume et Laurent Pele. Cette association a collaboré avec l’avocat de l’association complotiste Reaction 19, Carlo Alberto Brusa, dans le cadre de divers recours. Plusieurs membres de cette association, dont son président, Xavier Azalbert, ont mis en place un groupe privé Twitter qui planifiait et organisait la désinformation ainsi que les atteintes à la vie privée et le cyber-harcèlement, y compris contre des médecins.


Laissons Les Médecins Prescrire :
C’est un collectif de médecins dont deux membres fondateurs sont eux-mêmes médecins et parlementaires : Martine Wonner (députée au moment de la création), et Alain Houpert (sénateur), tous deux poursuivis par l’Ordre des Médecins pour leurs propos désinformateurs dans la presse et sur les réseaux sociaux, notamment sur les vaccins, la promotion de traitements non-éprouvés voire clairement dangereux, et pour non-confraternité, allant jusqu’à accuser les médecins de génocide ou d’euthanasie. Tous deux ont participé au film complotiste “Hold up” qui a fait l’objet d’un communiqué commun d’indignation de l’Académie Nationale de Médecine, de l’Académie de Pharmacie, de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Technologie, et dont le réalisateur est poursuivi en justice par l’Institut Pasteur et par d’autres médecins et chercheurs visés dans ce documentaire mensonger (mais dans la deuxième version de ce documentaire, Alain Houpert a été flouté). Puisque la liste des membres de ce Collectif a été laissée publique par ce collectif lui-même, une enquête a montré qu’en réalité, le nombre de médecins adhérents est très surestimé (d’un facteur 20), et par ailleurs, beaucoup ne sont pas médecins, beaucoup sont médecins en retraite et nombreux ont été radiés. Ce collectif a été recadré publiquement par la LICRA, après avoir publié un tweet faisant l’apologie du médecin bourreau nazi Mengele, qui a même demandé à l’Ordre des Médecins de se positionner contre cette dérive.


La Fondation Catherine Kousmine :
Elle porte le nom de cette médecin suisse d’origine russe, ayant inventé le concept pseudo-scientifique de “médecine orthomoléculaire” et prétendant soigner des pathologies graves par l’alimentation (exemple : la crème Budwig contre le cancer). Le Dr Eric Menat s’en revendique.  


B) Intervenants du “Conseil Scientifique Indépendant” : 


Dr Olivier Soulier 

Ce médecin homéopathe diffuse la théorie que Georges Soros dirige le monde et qu’on ment sur les chiffres des suspendus sur France Soir. Il est retrouvé à l’INREES, parmi les intervenants de la conversation papillon et il a collaboré avec Jean-Yves Bilien. Il fait partie des dirigeants de Reinfocovid et participe largement à son développement, et organise des collectes de fonds pour le financement du domaine dont il a l’usufruit et qu’il développe dans l’Aveyron et qui accueille les adeptes de Louis Fouché, soupçonné de dérives sectaires. Il a aussi monté, avec Louis Fouché, le “Syndicat Liberté Santé” (censé aider les soignants suspendus, mais dont le financement est obscur (cf. supra).


Dr Eric Menat

Médecin Généraliste, naturopathe et homéopathe, auteur de nombreux livres à destination du grand public et membre très actif du collectif “Laissons-les prescrire” qui préconise la prescription de vitamine D, de Zinc, d’azythromincine, d’Ivermectine ou d’hydroxychloroquine contre la covid. Il fait ces recommandations dans le documentaire mensonger “Mal Traités. Il a notamment prétendu que le vaccin à ARN messager pourrait être dangereux pour les personnes âgées. Il est un antivax historique, membre de l’AIMSIB. Il est proche de l’Action Française et auteur chez biosanté, magazine de médecine alternative et antivax, les revues Santé Corps Esprit et Guérir et Bien Vieillir éditées par biosanté (galaxie Laarman, éditant aussi la revue médecines extraordinaires). Il intervient au congrès de l’IPSN (Augustin De Livois, biosanté, aux pages connexes intéressantes) et au colloque de l’institut supérieur de naturopathie aux côtés de Cyril Dion, un des fondateurs du mouvement des colibris. Il a été président d’une antenne locale de l’association santé environnement France, dont le fondateur est Pierre Souvet (édité chez Tredaniel comme Louis Fouché ou Xavier Bazin, que l’on retrouve dans “les sacrifiés des ondes” de Jean-Yves Bilien, réalisateur de documentaires avec Olivier Soulier, Henri Joyeux et Pierre Rabhi, et Maxence Layet, enquêteur et journaliste scientifique intervenant à l’INREES et édité chez Trédaniel).


Vincent Pavan

Enseignant chercheur en mathématiques à l’Université d’Aix-Marseille, il a été mis à pied pour avoir refusé de porter le masque et avoir incité ses élèves à faire de même. Il conteste les mesures prises pour freiner l’épidémie comme le confinement et continue de semer le doute sur les effets secondaires des vaccins jusqu’au sénat où il a été auditionné par l'OPECST. Il a été invité à donner une conférence lors de l’«International Covid Summit» organisé à l’IHU Marseille.


Dr Claude Escarguel

Président de la startup Gene&Greentech d’Eric Chabrière, c’est un médecin très proche de Didier Raoult. Il a fait la promotion de l’utilisation précoce d’azithromycine, entraînant des résistances aux antibiotiques. Il a évidemment rejoint le collectif Laissons-les Prescrire et a soutenu la prescription d’hydroxychloroquine.


Dr Gérard Maudrux

Grand promoteur de la prise d’azithromycine précoce (ce qui a entraîné une augmentation des résistances sans grande utilité), puis de la prise d’ivermectine contre toute évidence, il a fait l’objet d’une plainte par son conseil départemental de l’ordre des médecins.


Dr Amine Umlil

Ce pharmacien à Cholet, candidat pour Debout La France aux législatives 2022, est devenu une référence des antivax. Ses positions lui ont valu un conflit avec l’hôpital de Cholet, notamment parce qu’il utilisait le blog du CTIAP qui entretient la confusion avec le CH de Cholet. Il a déjà été condamné pour injures publiques et, sur son blog, indique être à nouveau poursuivi par l’organe disciplinaire des pharmaciens hospitaliers.


Pr Christian Perronne
Médecin décrié qui soutient la thèse du lyme chronique issue de tiques trafiquées par les nazis. A participé au documentaire complotiste “hold up”. En 2020, il est démis de ses fonctions au sein de l’AP-HP. Il fait l’objet d’une procédure du CNOM suite à la publication de son livre sur la gestion de la crise sanitaire (https://www.decision-sante.com/archives/le-pr-christian-perronne-mis-en-cause-par-le-conseil-de-lordre-des-medecins) et l’audience de jugement sur le fond aura lieu le 13 septembre 2022.


Laurent Mucchielli
Sociologue, très proche de Didier Raoult, ayant tenu un “blog mediapart” très controversé tout au long de la pandémie, en y prenant des positions antivax avec des articles faisant intervenir en grande partie les membres du CSI. Il a publié un ouvrage en deux tomes reprenant les allégations complotistes de son blog, “la doxa du covid”. Il est membre du “comité scientifique” de la fédération de parents d’élèves FCPE, dont d’autres membres s’en sont de ce fait désolidarisés, en démissionnant ou n’y participant plus, suite au fait qu’il a été recadré et désavoué publiquement par son organisme de recherche de tutelle, le CNRS.


René Chiche

Professeur de philosophie, membre du conseil supérieur de l’éducation, il dit avoir changé de discipline et être professeur de complotisme lors de son intervention au CSI. René Chiche fait l’objet d’une plainte de parlementaires suite à la réitération de ses accusations de collaborationnisme et sa banalisation de la Shoah sur Twitter envers les personnes prônant le pass vaccinal.


Jean-Marc Sabatier

Directeur de recherches au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie.
Promoteur de la vitamine D en traitement et prévention de la Covid-19, il donne des interviews dans des médias complotistes d’extrême-droite comme Breizh-info ou FranceSoiril s’oppose à la vaccination. Il s’exprime aux côtés de Jacques Fantini dans Infodujour pour créer des peurs irrationnelles contre les vaccins (notamment le risque d’ADE) basées sur la mauvaise science de Jacques Fantini, Professeur à l’université d’Aix-Marseille.

 

Michèle Rivasi

Députée européenne EELV (de profession : professeure de biologie et formatrice à l’Académie de Grenoble), antivax de longue date qui n’hésite pas à propager de fausses informations, elle a notamment tenté de diffuser au parlement européen en 2017 le film Vaxxed d’Andrew Wakefield, médecin américain radié pour fraude. Contre le calendrier vaccinal obligatoire, elle est également pro homéopathie, pro médecine anthroposophique et propage les fakenews sur le linky ou la 5G. Le Journal International de Médecine lui a consacré un article, la qualifiant de Reine de l’Alterscience. Elle a participé à la Conservation Papillon, comme Olivier Soulier, Pierre Rabhi, Augustin de Livois (IPSN, Laarman), Déborah Donnier (qui a fait une interview d'Astrid Stuckelberger dans le cadre du congrès IPSN), Tal Schaller (promoteur de l’urinothérapie), Jean Yves Bilien etc…


Christine Cotton

C’est une ancienne chef d’entreprise de sous-traitances en biostatistiques. Déjà condamnée pour harcèlement auprès de ses employées. Entendue par l’OPECST pour détailler son “rapport” concernant l’essai clinique pfizer. Rapport comportant de très nombreuses erreurs.


Dr Philippe de Chazournes

Médecin généraliste et homéopathe, antivax (il remet notamment en cause la vaccination anti HPV aux garçons via son association Med’Ocean) et pro traitements non éprouvés. Il a écopé d’une interdiction d’exercice d’un mois prononcée par l’ordre des médecins suite à une plainte de l’ARS.


Dr Gérard Guillaume

C’est un médecin et entrepreneur qui prône, contre le covid, le “protocole Raoult” additionné de zinc, l’ivermectine, le bleu de méthylène, les anti dépresseurs, des huiles essentielles, l’homéopathie.


Dr Hervé Seligmann

Ce médecin de l’université d’Aix Marseille diffuse sur france soir la désinformation selon laquelle le vaccin augmenterait la mortalité en général, et notamment chez les plus jeunes.


Marie-Estelle Dupont

Compagne du Dr Martin Blachier, cette psychologue clinicienne - également chroniqueuse dans l’émission complotiste “l’heure des pros” de Pascal Praud - s’est rapprochée du mouvement des “Mamans Louves” (mouvement complotiste de parents d’élèves qui appelle à la violence et appelle ouvertement à menacer les directeurs d’école : cf. infra), relayant l’union des collectifs (dont font partie les Mamans Louves) sur son compte twitter, union des collectifs qui la cite également sur son site web.


Jérémie Mercier

Il est “coach de santé naturelle”. Il avait créé une entreprise de lavements du colon avant de partir en Estonie à cause des mesures sanitaires. Il anime l’“émission” “science en conscience” où il parle de l’“arnaque vaccinale” et développe les théories d’Antoine Béchamp. Il propage l’idée que les maladies infectieuses n’existent pas


Jean-Dominique Michel

Il est un expert auto-proclamé en anthropologie médicale, secrétaire général de l’association Pro Mente Sana, fondateur d’un institut de neuro-coaching et auteur d’un livre sur les médecins alternatives. Il a également écrit un livre sur l’épidémie de Covid-19 censé démystifier le discours “officiel”. Il est un des soutiens de l’Institut de Recherches sur les Expériences Extraordinaires. Cet institut est fondé par Stéphane Allix, mari de Natacha Calestrémé qui aurait dû intervenir dans une émission de France 2 finalement annulée, au cours de laquelle elle tenait des propos particulièrement choquants sur l’endométriose.


Christian Vélot

Il est maître de conférences en génétique moléculaire à l’Université Paris-Saclay. Il a défendu l’idée que les vaccins contre la Covid-19 mis au point par génie génétique devaient être soumis à la réglementation sur les OGM (relatifs aux effets éventuels sur l'environnement) et qu’il y avait un risque de modification du génome humain. En décembre 2020, il apparaît dans une vidéo où il renouvelle ces propos sur un site se faisant passer pour “ViteMaDose”, le site de réservation d’un créneau de vaccination de Guillaume Rozier. Sa désinformation a été largement “débunkée” par le collectif “Les Vaxxeuses”.


Michel Maffesoli

C’est un sociologue. Il a dirigé la thèse controversée sur la perception de l’astrologie par Elizabeth Teissier. Sa rigueur scientifique a été mise en doute notamment à l’occasion d’un piège qui lui a été tendu avec un faux article scientifique qu’il a validé. Outre ses interventions pour le CSI, il collabore avec le collectif “Bas les Masques” pour y défendre l’idée que les mesures sanitaires servent à asservir la population.


Dr Hélène Banoun 

C’est une ancienne pharmacienne et antivax historique célèbre sous le pseudonyme Emma Kahn à l’AIMSIB, où elle rédigeait notamment des lettres.


Laurent Toubiana

Il est directeur de l’IRSAN qu’il a fondé. Rassuriste, voire négationniste de l’épidémie, il a participé au film complotiste “Hold-up où il se targue d'avoir "pu donner le moment où l'épidémie allait atteindre son pic" et "la fin de l'épidémie", en accord avec son étude où il annonçait qu' "il est très possible d’espérer que l’épidémie atteigne son pic en Europe avant la fin mars et avec une fin de l’épidémie vers la fin avril 2020." Il affirme le 18 septembre 2020, sur Radio Classique, que "l'épidémie est derrière nous" et que "le virus ne circule pas" et qu'"il n'y a pas de deuxième vague en termes de mortalité actuellement".


Emmanuelle Darles 

Cette enseignante chercheuse en informatique a été reçue à l’OPECST pour son rapport sur les effets indésirables des vaccins. Diffuse la théorie selon laquelle les vaccins donnent une identité bluetooth aux vaccinés.  


Dr Pierre Kory

Ce médecin américain, proche de Jane Orient de l’AAPS, groupe de pression libertarien raciste aux Etats-Unis, a créé le FLCCC pour promouvoir la prise d’ivermectine contre toute évidence scientifique, contribuant à l’enrichissement d’un réseau d’extrême droite durant la pandémie. Le FLCC est fortement soupçonné d’être l’auteur anonyme des sites de désinformation scientifique du groupe “covidanalysis” (c19study, hcqmeta…).


Dr Erik Loridan

Chirurgien suspendu pour absence de vaccination contre Sars-Cov-2 après avoir déjà été pointé sur les masques, membre du collectif “les Essentiels”, il défend l’idée que la vaccination occasionne de nombreux effets secondaires graves, ou que nous vivons dans une “dictature sanitaire”.


Dr Jérôme Sainton

Ce médecin généraliste compare une immunité “naturelle” à une efficacité qu’il nomme “artificielle” (celle du vaccin) pour dire que l’immunité naturelle serait plus efficace. Il y minimise grandement les effets du virus pour émettre un message très contraire aux recommandations de santé publique, qu’il soutient aussi sur le réseau Researchgate.

 

Pierre Chaillot

Il est le créateur de la chaîne YouTube “décoder l’éco”. Il a fait plusieurs tribunes avec Laurent Mucchielli. Il diffuse l’infox selon laquelle les tests PCR ne veulent rien dire et prétend que les hôpitaux étaient vides en mars 2020. Il attribue la surmortalité à la pyramide des âges et à des effets moisson, ses affirmations ayant fait l’objet de nombreux “débunks” dans la presse ou sur les réseaux sociaux… Il prétend également que le rivotril a servi à euthanasier les personnes âgées…


Caroline Vandermeeren

Elle est intervenue dans le documentaire complotiste “Ceci n’est pas un complot” de Bernard Crutzen où elle dénonce de soi-disant manipulations des chiffres. Ce documentaire mensonger et complotiste a fait l’objet de nombreux “débunks” dans la presse et les réseaux sociaux


Dr Frédéric Badel

Ce psychiatre de Bordeaux a dénoncé le confinement dans le média complotiste France Soir


David Guyon

Cet avocat conteste le pass sanitaire et la suspension des professionnels non vaccinés. Il s’agit d’un avocat proche de Séverine Manna, ancienne collaboratrice du très controversé cabinet Leguevaques, avec laquelle il a organisé des procédures pour le voyage des personnes non vaccinées…


Ludovic Heringuez

Il s’agit d’un avocat au barreau de Marseille, qui s’est associé à Me Séverine Manna, une ancienne collaboratrice du très controversé cabinet Leguevaques pour attaquer en justice le conseil scientifique pour s’appuyer sur une publication scientifique en preprint (Bosetti et al.). Il est intéressant de noter qu’en début de pandémie, ladite Séverine Manna passait de façon hebdomadaire chez le complotiste Silvano Trotta pour le suivi d’actions collectives en justice rattachées au cabinet Leguevaques.


Carine Montaner Raynaud

Députée de la principauté d’Andorre et professeure à l’université d’Andorre, elle a soutenu le traitement à l’hydroxychloroquine de Didier Raoult, ses principaux relais étant des sites d’extrême-droite comme “Le Libre Penseur” ou “Marcel en 442. Elle dit avoir été en contact avec la complotiste Astrid Stuckelberger pour inviter à la réunion publique l’avocate complotiste De Araujo-Vecchia, ainsi que Bernard La Scola de l’IHU par l’entremise de Louis Fouché, Emmanuelle Darles et Carole Cassagne, lors  son intervention au CSI


Patrice Gibertie

Professeur d’histoire à la retraite et blogueur, il intervient chez FranceSoir. Il soutient que la vaccination provoque des fausses couches et que des traitements à base d’ivermectine, zinc et vitamines sont efficaces.


Martin Zizi

Ce complotiste notoire est habitué de France Soir, ayant fait la promotion de nombreux traitements non éprouvés comme l’ivermectine, la colchicine, la vitamine C


Dominique Labbé
Enseignant-chercheur en Sciences Politiques à l'Université Grenoble-Alpes, il a rédigé des articles avec une apparence scientifique s’appuyant sur des fausses informations, publiées sur le blog de Laurent Mucchielli avec Dominique Andolfatto. Ces articles ont fait l’objet de débunks détaillés mais tendaient à minimiser l’impact de la pandémie.


Dr Vincent Reliquet 

Ce médecin généraliste prescrit de l’eau de Quinton (eau de mer), thérapie qui n’a jamais fait preuve de la moindre efficacité dans une quelconque pathologie, co-fondateur de l’AIMSIB dont il se sert pour relayer le CSI


Dr Pascal Mensah

Médecin généraliste, phytothérapeute et micronutritioniste, formateur en micro-immunothéraphie (dérivé de l’homéopathie). Il a défendu l’idée que Sars-Cov-2 n’était pas aéroporté.


Marc Girardot

Conseiller d’une start-up en immuno-oncologie, ayant travaillé avec le prix Nobel Michael Levitt (celui qui intervient dans Hold-Up), il rejoint l’association Panda (Pandemics Data and Analytics) avec Robert Malone, un désinformateur antivax très connu, le désinformateur antivax Steve Kirsch et Peter McCullough, un autre antivax pointé pour sa désinformation, ayant même co-publié un article prétendant que les vaccins entraînent le cancer.


Damien Jeanne 

Ce docteur en histoire de l’université de Caen n’a pas hésité à comparer Didier Raoult à Louis Pasteur, le présentant comme un bouc-émissaire dans son intervention au CSI.


Surya Arby

Cet informaticien est membre de l’AIMSIB. Très relayé dans les réseaux d’extrême-droite comme “Le média en 442”, surtout après avoir donné une interview à radio courtoisie, il conteste la validité des essais cliniques sur les vaccins. Il a publié un simple commentaire dans le BMJ, reprenant la désinformation de Peter Doshi à propos des vaccins contre sars-cov-2. Cependant, il est habitué puisqu’il avait déjà commenté pour le Gardasil et la sclérose en plaques, thématique déjà longtemps poussée en avant par des antivax. Il ne s’agit pas de publications revues par les pairs.


Pr Patrick Meyer

Ce professeur de l’université de Liège, dans le domaine de l’intelligence artificielle, prétend que les vaccins seraient à l’origine d’une surmortalité chez les moins de 44 ans. Il a ainsi entraîné une vive réaction des spécialistes du domaine de cette même université, et fait l’objet d’une instruction suite à plusieurs plaintes déposées


Michel Cucchi

Se présentant comme directeur adjoint du CHU de Lille mais ne figurant pas dans l’organigramme, il défend les pires groupes de désinformation antivax comme le Children’s Health Defense de Robert F. Kennedy Jr. La branche européenne compte dans ses rangs Nicole et Gérard Délépine, Alexandra Henrion-Caude et Liz Evans, membre de HART. Ce n’est pas étonnant qu’il propage donc le discours complotiste selon lequel le rivotril aurait servi à euthanasier des patients. Il rejoint l’AIMSIB en 2022.


Jean-Christophe de Mestral

Ce physicien est aussi élu local en Suisse, mais il ne s’est pas particulièrement illustré pour l’instant, son intervention unique au CSI traite uniquement de statistiques. Il réclame l’arrêt de la vaccination et ne semble pas contester les propos complotistes sur Bill Gates que ses interlocuteurs tiennent…


Pr Jean-Paul Bourdineaud

Ce professeur de biochimie et toxicologie environnementale à l'Université de Bordeaux est également membre du Criigen comme Christian Vélot. Il s’en est pris à un journaliste de Charlie Hebdo dans un document rempli de fausses informations (“le risque de mort par vaccination est supérieur à celui du Covid chez les jeunes de moins de 30 ans”) publié par le Criigen, auquel Antonio Fischetti répondra avec brio. 


Anne-Lise Bocquet

Ayant obtenu un doctorat en immunologie, elle a tenu de nombreuses fausses affirmations sur les vaccins et le système immunitaire devenues virales sur les réseaux sociaux.


Ariane Bilheran 

Cette psychologue clinicienne est présente dans le documentaire mensonger “Hold up”. Elle est l’inspiration de la notion de “déferlement totalitaire” de Louis Fouché, qui l’amène à chercher une forme de séparatisme.


Pierre Sonigo

Ce biologiste est une des références d’Hélène Banoun, il est à l’origine d’un texte niant l’intérêt de la vaccination et même la présence du virus, suivant le narratif complotiste selon lequel il n’y aurait pas une pandémie de covid19, mais uniquement de tests PCR faux-positifs…


3) Les liens avec la frange complotiste et antisémite de l’extrême droite


Reinfocovid a souvent été pointé comme en lien étroit avec l’extrême droite. En effet, il a été remarqué que les contenus du collectif étaient souvent relayés par TV libertés, le média en 442, le libre penseur, égalité et réconciliation (Alain Soral), radio courtoisie (interview de Pierre Chaillot), François Asselineau (interview de Louis Fouché), Yannick Lescure (cuisinier et youtuber ouvertement néonazi interviewant Louis Fouché) et autres médias d’extrême droite bien identifiés. 


Une cartographie réalisée par l’extracteur résume bien ces liens :




Mais au-delà du simple relais, voire de la présence dans ces médias, le porte-parole de Reinfocovid a pris des positions classiques pour ce bord politique : contre l’IVG, les mouvements féministes (ils seraient arrivés à une aporie en réclamant que l’on quantifie le travail invisible des femmes), mais également les mouvements antifascistes, tout en faisant la promotion du réseau animap, créé par un militant d’extrême droite Suisse.


Hayssam Hoballah est un animateur récurrent des contenus produits par Réinfocovid. Il y invite des personnalités d’extrême droite. C’est un ancien membre du CNT d’Eric Fioril, qui projetait un coup d’Etat pour prendre le pouvoir tout en tenant des propos très complotistes. Il s’implique dans la diffusion de la théorie du complot selon laquelle Brigitte Macron Trogneux serait un homme.


Fabien Moine est retrouvé sur un éditeur d’extrême droite (Cultures et Racines) et soutient Francis Cousin, qui tient une chaîne youtube d’extrême-droite. 


4) Le complotisme :


Outre le documenteur Hold-Up, Louis Fouché a participé à un documentaire complotiste et mensonger en anglais, Planet Lockdown, faisant intervenir des figures du complotisme et du mouvement Qanon. Les liens avec le mouvement Qanon sont d’ailleurs multiples, que ce soit par le biais d’Ema Krusi, Qanon à laquelle Louis Fouché a donné une interview, ou encore Astrid Stuckelberger qui apparaît comme membre du conseil scientifique indépendant sur le site de la Coordination Santé Libre.

Le discours des membres de Reinfocovid s’articule autour de divers axes, dont la croyance en un complot contre Didier Raoult, le déferlement totalitaire instrumentalisant le vaccin pour soumettre ou décimer la population etc… Le champ lexical est d’ailleurs modifié, puisque le mot vaccin est évité au profit de “injection expérimentale à visée immunogène”. Les intervenants sont également presque tous passés chez France Soir, le blog complotiste de Xavier Azalbert. 


Dans une vidéo, Louis Fouché parle d’OVNIs aux côtés d’Etienne Chouard et de Philippe Guillemant. Ce dernier est un des soutiens de l’INREES, présent à la Conversation Papillon


5) Le séparatisme, l’appel à la déscolarisation, les dérives sectaires


Dès ses premières apparitions, notamment auprès du collectif “Bas les Masques”, Louis Fouché parle d’écarter les enfants du système scolaire. A travers les mamans louves, très liées à Reinfocovid, ces incitations vont prendre effet avec des incitations à la violence et des menaces envers les directeurs d’écoles


En automne 2021, un groupe de militantes anti mesures sanitaires gravitant autour de Louis Fouché (Roxanne Chafei et Cyprine Lavaud, s’étant également affichées avec le néonazi Lescure) et issues du Collectif enfance et libertés montent un groupe de pression pour rendre visibles leur actions et faire du lobbying auprès d'élus : les “Mamans louves”. Elles sont relayées par toute l'extrême droite confuse et montent une émission hebdomadaire "les enfants au coeur" où elles diffusent en boucle des éléments de désinformation appuyés notamment par des organismes pseudo professionnels auto-proclamés d'orthophonistes. Cette émission était tenue par le collectif reinfor’monts (Collectif Libertad) du lyonnais du pompier suspendu et désinformateur Pierrick Thévenon.


Les mamans louves ont organisé les manifestations en noir à Opéra (Paris), envoyé des brochures de presse aux élus municipaux, interpellé le ministre Blanquer pendant la campagne des législatives et récolté des dons grâce à la vente de casquettes et une cagnotte leetchi.


Un autre collectif a été créé, toujours en lien avec Reinfocovid : les papas loups. Leur porte-parole, François Champart a été récemment condamné par la justice pour des menaces et harcèlement de l'institutrice de son fils à Olargues.


Dans les discussions qui ont lieu publiquement au sein de ces groupes, un projet pour la rentrée scolaire 2022 émerge. Il est inter-collectif et vise à la mise en place d’un “plan blanc”, avec harcèlement des écoles, des élus locaux, des médias et la consitution d’une force d’intervention rapide en cas d’arrestation.


Globalement, les appels à la déscolarisation des enfants se multiplient, avec la promotion de l’instruction en famille ou de l’école à la maison qu’ils tentent d’instrumentaliser. Des réseaux visant à former des sortes d’écoles clandestines sont promus, comme “redécol”. Ceci ne rentre plus dans le cadre de l’instruction en famille.


Un autre type de séparatisme concerne les retraites. Louis Fouché souhaite sortir du système de retraites et faire son système parallèle. Lors d’une réunion de l’AIMSIB en direct sur les réseaux sociaux, il présente un système d’assurance maladie et de santé parallèle, tel qu’il se l’imagine. Ce projet donnera naissance à deux plateformes : Reinfosanté et covisoins. L’idée générale est de donner du poids à des pseudo médecines, ce qui intéresse tout particulièrement les nombreux homéopathes et naturopathes (Fabien Moine, Jérémie Mercier, Eric Menat…) gravitant autour de Réinfocovid.


Louis Fouché a donc ouvertement pour but de créer des petites communautés avec un système scolaire parallèle et un système de santé parallèle qui allie médecine et naturopathie. Ces communautés seraient autonomes par la permaculture (Louis Fouché étant resté deux ans chez les colibris, la secte de Pierre Rhabi, il s’inspire de leurs méthodes), complètement en marge de la société et fermées, avec également un système de maison de retraite à part.


En pratique, cela se décline en réseaux de solidarité active (RSA) organisés par département et par secteur intérêt/métiers et en un réseau SOLARIS de Frédéric Vidal (soutenu par Louis Fouché) qui fonctionne par cercles géographiques et thématiques, à la manière de l'organisation grand public mais lié à l'anthroposophie et aux colibris, aux nombreuses dérives sectaires et complotistes


6) Intérêts et montages financiers


Le réseau Réinfocovid a trouvé de nombreuses sources de financement, fonctionnant beaucoup par des systèmes de cagnottes en ligne et de dons. Les acteurs impliqués dans ce réseau ont également des intérêts financiers plus personnels.


La vente de produits culturels comme les films/documentaires (comme “Suspendus” chez Exuvie, ou “Après la pluie” chez “le ciel a tout filmé”, “Monde à l’envers” de Roxane Chaféi) et les livres (Louis Fouché : “Tous résistants dans l’âme”, Christian Perronne “Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ?” et “Décidément, ils n’ont toujours rien compris”, Emmanuelle Darles “Ne touchez pas à nos enfants”, Amine Umlil “L’impossible consentement”, Vincent Pavan “Le débat interdit”, Laurent Mucchielli “La doxa du covid”...). Le choix des éditeurs est intéressant : Louis Fouché chez Trédaniel déjà repéré comme éditeur lié à de possibles dérives sectaires, édition à compte d'auteur pour Darles et Umlil, auto-édition très confidentielle pour Pavan, Mucchielli chez éoliennes (qui éditent aussi les écrits du mystique gourou Gurdjieff - loin des presses universitaires pour un chercheur avec un tel C.V.)... Fabien Moine a sa propre maison d’édition, exuvie, avec un mélange de genres (stages et autres).


Expertises et conférences peuvent également permettre d’encaisser un peu d’argent à certains de ces acteurs. Les artistes utilisent davantage les concerts et représentations (Jean-Dominique Michel, Skar Baroux…).


Enfin les avocats sont habitués des procédures collectives, certains proposant même des formules assez peu orthodoxes avec des abonnements mensuels comme ce fut le cas du cabinet Leguevaques (associé à Silvano Trotta, suivi par Séverine Manna).


Il est à noter que la famille de Louis Fouché possède une entreprise, “tisanes fouché”, vendant la vitamine D dont ce dernier vante l’efficacité contre le coronavirus… l’entreprise ayant eu une forte croissance dans son chiffre d’affaires en 2020.